Rencontrer un loup est pour beaucoup de randonneurs une expérience ultime et inoubliable ! Cette expérience, Cécile (membre du forum Sunset), l’a faite lors de son récent périple au parc national de Yellowstone. Un moment de grâce si singulier et émouvant que nous avons demandé à Cécile de le raconter sur ce blog…
[Cécile] Je voulais écrire un article sur la Femelle Alpha de la Meute du Canyon de Yellowstone. Elle est facile à reconnaître. Elle est l’un des trois seuls loups blancs du Yellowstone. J’ai eu la chance de la rencontrer lors d’une expédition dans ce parc national, il y a exactement deux mois. Cette rencontre n’avait duré que quelques minutes, mais elle m’a profondément émue et bouleversée.Ce matin, j’étais donc en train de faire des recherches sur internet concernant son âge, sa vie, son œuvre, quand j’ai appris la bien triste nouvelle : des randonneurs l’ont trouvée mourante. Elle vient d’être euthanasiée par les rangers zoologistes du parc. Ils sont à la recherche d’informations concernant les circonstances encore inexpliquées de sa mort. Aujourd’hui, j’ai décidé de leur écrire…
En février, il y a tout juste deux mois, je visitais le parc national de Yellowstone avec l’espoir secret de pouvoir observer un loup sauvage dans son habitat naturel.
Les conditions météorologiques n’étaient pas les meilleures. Neige, vent, froid ne m’ont pourtant pas gâché le plaisir de la découverte de ce parc national.
C’est à pied, à skis, en raquettes, en snow-coach que j’ai sillonné ce paysage blanc, ces forêts et ces zones géothermiques, à la recherche de geysers, sources bouillonnantes, bassins de boues, fumerolles et animaux sauvages.
Les bisons, harassés par l’hiver, fouillaient la neige à la recherche de leur nourriture…
Les coyotes festoyaient sur les carcasses des plus faibles…
Les aigles dégustaient leurs premières truites arc-en-ciel…
Les oies sauvages passaient par-dessus l’étang, les élans descendus dans les vallées moins enneigées jouaient à cache-cache dans les bois.
Il nous aura fallu attendre quinze jours pour observer tous ces animaux mais à peine une demi-heure pour rencontrer nos deux loups.
Elle a surgi sur la piste, vers les Gibbon Meadows, souveraine, blanche sur la neige blanche, elle a marché lentement droit sur notre snow-coach, nous a d’abord superbement ignorés, puis nous a fixés, le regard calme, avant de s’éloigner vers la rivière en s’arrêtant de temps en temps pour hurler.
C’est « the Alpha female of the Canyon pack », elle est entièrement blanche, magnifique ! … et blessée à l’arrière-train ou à une patte, elle boite. Elle est assez âgée (12 ans), et a été chassée de la meute du Canyon.
Ses hurlements, nous ne nous en doutons pas encore, sont des appels à son compagnon que nous rencontrerons quelques minutes plus tard : l’ex-mâle Alpha de la meute du Canyon.
Lui est encore plus grand, énorme, gris, presque noir et surtout beaucoup plus farouche : il a vite traversé la rivière devant nous avant de se cacher dans le couvert de la forêt.
Je me demandais avant de partir comment différencier un loup d’un coyote : maintenant, je n’ai plus aucun doute ! Le loup est grand, noble, d’un port altier, blanc, gris ou noir, il garde la tête haute ; le coyote, plus petit, la tête plus basse, la queue relevée, de couleur plus chaude, orangée, se rapproche beaucoup plus de nos chiens. Surtout, on ne ressent pas les mêmes émotions quand on le croise.
Cette louve blanche était blessée mais non diminuée, majestueuse, impériale. Elle nous défiait en s’approchant si près de nous, insignifiants humains, étrangers qui avions osé faire intrusion sur son territoire. La rencontre avec elle a été LE moment fort de notre voyage.
Ses yeux jaunes d’or qui nous fixaient sans ciller, ses hurlements répétés, son pas dansant malgré sa blessure, son pelage blanc sur la neige fraîche, tout cela participait à la magie de la rencontre.
Comment alors ne pas fantasmer la vie sauvage de cet animal, de ce territoire sur lequel elle avait régné pendant douze ans ?
Aujourd’hui, elle ne vit plus que dans les souvenirs et les témoignages de ceux qui auront eu le privilège de croiser sa route…
Si vous aimez les histoires de loups, je vous conseille chaudement le roman de Nicholas Evans : Le Cercle des Loups (The Loop en V.O.), qui permet d’avoir tous les points de vue sur le sujet, celui des éleveurs, des chasseurs, des scientifiques zoologues et même du loup.
Merci Cécile pour ce très beau témoignage… et pour suivre l’ensemble de ton périple à Yellowstone, c’est par ICI !
4 Commentaires. En écrire un nouveau
Très bel article, très émouvant, merci pour ce récit.
Très beau récit et témoignage.
Une triste fin pour cette louve.
Merci beaucoup pour ces magnifiques photos.Quelle rencontre inoubliable ,et quelle chance vous avez eu ,je vous envie .Les loups sont ma passion depuis que je suis gamine et j’espère que je j’aurai le bonheur de pouvoir en apercevoir pendant mon prochain voyage au parc du Yellowstone en septembre prochain.J’en avais les larmes aux yeux d’apprendre la mort de cette magnifique louve.
L homme que j aime le plus au monde a dit qu il m aimait parceque j étais une louve blanche mais après avoir lu ce récit je trouve que c est un grand privilège venant de sa part cela me rend heureuse