Samedi 27 avril 2013 : la vallée du feu
Nous ne sommes pas pressés ce matin : aucune envie d’affronter trop tôt les températures caniculaires de Valley of Fire; on a donc tout le temps de petit déjeuner. Le buffet du Best Western est, au vu des avis lus sur internet, extrêmement prometteur. On va voir ça…
Accueil « parisien » par une serveuse qui fait la gueule, nous demande combien nous sommes (euuuuuuuuh y’a personne derrière nous pourtant

) puis se casse. Elle repasse devant nous 5 bonnes minutes plus tard et part dans la direction opposée pour nous « trouver une table » (beeeeeeeeen y’en a plein devant nous ?

), nous repasse devant, repart, met autant de temps à nous dégotter des couverts (faut reconnaitre que ce n’est pas évident :P ) puis finit (à court de mauvaises excuses ?

) par nous guider en grommelant vers un emplacement (libre depuis notre arrivée

).
La salle par contre est très agréable : grande, de belles baies vitrées donnant sur un paysage de roches rouges, une dominante de bois…
Nous avons droit à de vrais couverts, de vraies serviettes (ni plastique ni papier, nous en restons comme deux ronds de flan) et surtout…
…le buffet…WAOUUUUUUUUUUUUU !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Il y a TOUT !!!(ou presque) : céréales, bagels, pains, toasts, gaufres, pancakes, muffins, pommes de terre, fromages, bacon, saucisses, champignons, gigantesque choix de fruits coupés, confitures, philadelphia, crème fouettée…et le must de tout : le stand d’omelettes !!!!! Le cuistot prépare à la demande l’omelette rêvée du client : au choix, 10 garnitures parmi lesquelles chacun peut trouver son bonheur. Devant moi, une dame végétarienne se fait préparer des œufs pochés. Pendant qu’ils cuisent, le chef met en route sur la poêle voisine mon omelette bacon/jambon/fromage puis demande à mon voisin quelle garniture il souhaite. Ce dernier inspecte la liste des 10 ingrédients disponibles. Ça prend un certain temps. Après mûre réflexion, il se lance :
Le cuistot et moi nous écrions en cœur « just tell what ingredient you don’t want, it will be easier » il rigole et nous l’indique : les oignons. C’est vrai que ça aurait été too much, faudrait pas que ça devienne un truc indigeste…
Le chef s’empare du bidon contenant le liquide jaune à base d’œufs, s’apprête à le verser dans une poêle, se ravise et y met au préalable une belle rasade d’huile. Il a du mal à faire tenir la totalité des ingrédients…je papote avec mon affamé de voisin, originaire du New Jersey, qui m’explique se préparer une telle omelette tous les matins en guise de petit déjeuner. Son argumentation me laisse perplexe…
Quelques unes de nos assiettes...
Bien calés, nous rangeons notre barda dans le coffre de Taléklé. Direction : Valley of Fire ! La route n’a pas grand intérêt. Nous sommes ralentis par un accident et avançons au pas, ce qui nous laisse le temps d’admirer de près les nombreux pneus éclatés sur le bord de la route, une constante du paysage depuis Phoenix.
Nous arrivons au parc vers 12h30 et sommes immédiatement écrasés par la chaleur. Au Visitor Center, nous découvrons avec joie un robinet délivrant une eau délicieusement fraîche…pas de doute, on repassera par ici !
Après avoir récupéré une carte des lieux (et, soyons honnêtes, trainaillé au frais), nous prenons la direction d’Elephant Rock puis nous arrêtons aux Seven Sisters où nous repérons des tables de pique-nique à l’ombre, le top !
Nous sommes quasiment harcelés par les rongeurs du coin, visiblement si habitués à être nourris par les visiteurs qu’ils considèrent cela comme un dû. M Pizza, attendri par les grands yeux mouillés de l’un d’entre eux, est sur le point de céder quand je lui rappelle que l’estomac de ces bestioles n’est pas adapté à notre alimentation. Il se ravise et je l’en félicite. 5 minutes plus tard, une famille s’installe à une table adjacente…et semble confondre les rongeurs avec leur poubelle, leur jetant tous leurs restes…super.
L’un de ces joyeux animaux (les rongeurs, pas les voisins) gambade gaiment sur un rocher non loin de nous. Il passe et repasse à côté d’un trou dans la roche, sans jamais s’y engager. Ça m’énerve. J’aimerais qu’il y passe, moi ! Je l’exhorte, tout d’abord mentalement, puis à voix haute, finissant par me lever de mon banc pour me planter face au rocher et fixer la bête dans les yeux, devant un M Pizza hilare. Mes efforts se révèlent payants, le rongeur s’engage enfin dans le trou et j’immortalise joyeusement cet instant. Chacun son truc…
Recule...alleeeez recule...mais recuuuuule donc!!!!
Ouiiiiiiiiiiii!
Nous nous rendons sur le site des petrified logs, d’imposants rondins de bois pétrifié. Je suis fascinée par un beau spécimen strié de jaune vif auquel mes photos ne rendent absolument pas hommage. Un panneau me laisse perplexe. Sur un grillage barrant l’accès aux troncs, on peut en effet lire : « do not disturb petrified wood ». Si le sens est clair, la formulation m’évoque moins le classique « ne pas toucher » que les panonceaux accrochés aux portes d’hôtel pour éviter un réveil trop matinal par les femmes de ménage…je joue donc le jeu et m’emploie à marcher sur la pointe des pieds en chuchotant. Ne réveillons pas le bois qui dort !
Le retour de la grande actrice (non, personne n'a eu la présence d'esprit de la pousser d'Angel's Landing)
Nous nous engageons sur la Loop road, petite boucle bien sympathique où nous croisons de nombreuses formations plus rouges les unes que les autres.
Surprenant piano de pierre...
Ben...t'es où???
Le coin regorge de curiosités, des blocs rocheux à l’allure surprenante aux petites cavités qui transforment notre visite en véritable chasse au trésor. Nous nous amusons particulièrement à chercher la célèbre Windstone Arch, bien cachée au cœur d’un rocher. Je me contorsionne dans un trou pour accéder à cette petite merveille, qui doit être incroyable dans la lumière matinale.
Alors que nous regagnons Taléklé, assommés par la chaleur, voilà que passent devant nous deux vélos lourdement chargés. Leurs conducteurs, un jeune couple, tractent un bébé en plus de leurs nombreuses sacoches…j’ai si chaud que leur simple vue me coupe les jambes ! Spontanément, nous les applaudissons pour leur performance : ils nous remercient d’un sourire entre deux halètements.
Et si nous repassions au Visitor Center ? Ben oui, il y avait une exposition sur la vie dans le désert…un beau tronc pétrifié dans l’entrée que nous n’avons pas vraiment pris le temps de regarder…une boutique de souvenirs vendant un kit « faites pousser vos propres cristaux »…et accessoirement il y faisait plutôt bon, non ??? :P
Nous profitons longuement de la fraicheur de lieux (tout en visitant l’exposition mentionnée ci-dessus quand même), refaisons le plein d’eau et partons à la découverte du nord du parc via la scenic drive. A quoi ressemble Valley of Fire derrière cette colline ?
Eh bien…
À
ça :
La claque.
Il y a quelques heures de cela, nous cheminions dans un univers aride, gris et marron pâle ; nous étions passés au rouge flamboyant mais uniforme des roches en entrant dans Valley of Fire. Désormais sous nos yeux, c’est une féerie colorée qui explose. Rainbow Vista porte bien son nom ! Du jaune, du rose, du blanc, de l’orange…nous restons béats devant une telle palette de couleurs.
Joli cercle de pierres
Nous déambulons un peu dans le sable, fascinés par la richesse des lieux, mais bien vite je n’y tiens plus : le temps nous étant compté (nous avons quelque peu trainé dans un certain Visitor Center…), je presse M Pizza de reprendre le volant pour continuer notre découverte de la scenic drive.
J’avais découvert peu avant le départ de magnifiques photos des environs de White Domes, et m’étais empressée de noter les coordonnées GPS des différents lieux.
Sauf que…
N’étant pas (et c’est un euphémisme

) une pro du maniement de la bête, je ne m’en sors pas avec le GPS tout neuf, M Pizza non plus, bref on laisse tomber le parcours initial pour déambuler plus ou moins au hasard dans le coin.
Nous trouvons quand même au passage un beau lot de roches bizarroïdes et de trous mystérieux. Nous marchons dans le sable ou sur la roche, parfois de couleur unie, souvent multicolore, striée, tachée, bariolée…parfois une fine crête de roche forme comme des ailerons de dentelle sur le sol, que nous contournons soigneusement pour éviter de détruire d’un malheureux coup de semelle ces fragiles œuvres d’art.
Même la végétation rosit délicatement pour se fondre dans les teintes pastel des roches:
IL est déjà 17h30 quand nous regagnons la voiture, mais il fait encore très chaud…trop chaud pour M Pizza, rouge comme une pivoine, qui jette l’éponge et s’abandonne au confort de la climatisation de Taléklé. Il est selon lui temps de rejoindre Las Vegas où nous devons rendre ce soir la voiture.
Quoi ? Partir sans avoir contemplé la merveille des lieux, la belle qui, selon le légende courant sur internet, s’enflamme au coucher du soleil ? Partir sans avoir vu la vague de feu après avoir raté le tirage au sort de la Vague-tout-court?
Hors de question.
Après une brève concertation, M Pizza accepte de rester au frais le temps que je réalise un aller-retour express à Fire Wave. Les conditions : je ne me fais
pas bouffer en chemin (on ne sait jamais, si un serpent avait un GROS creux) et je reviens
VITE, on a une voiture à rendre.
C’est donc en courant quasiment en continu que je parcours le chemin (ultra balisé) qui me sépare de la Vague. Je traumatise au passage une famille qui avançait tranquillement ; me voyant foncer, la mère de famille, qui fermait la marche, doit se mettre en tête que je suis poursuivie : elle ouvre de grands yeux et se met à gesticuler, intimant aux autres de se jeter hors de mon passage, et je les vois sauter hors du chemin!

Je les remercie en leur passant en trombe sous le nez, honteuse de les avoir fait paniquer.
Bientôt j’arrive à l’endroit tant attendu, en même temps que la lumière dorée de la fin du jour : juste parfait.
Sans crier gare, voilà qu’apparait dans toute sa splendeur cette étrange roche que j’attendais tant, mon lot de consolation après l’échec du tirage au sort à The Wave. Elle est à la hauteur de mes espérances : les stries rouges et blanches sur fond de roche rose forment des lignes pures et fluides, reproduisant réellement le mouvement d’une vague…le beauté des lieux est sublimée par la lumière rasante.
Autour de moi, quelques photographes sont postés. Je prends en photo une famille. Je leur proposerais bien de prendre des poses de surfeurs mais ils ont l’air particulièrement décidés sur ce qu’ils souhaitent : ils me font plusieurs fois reprendre la photo, ajustant leur positionnement.
J’aimerais rester un peu ici et voir la lumière baisser, mais M Pizza attend tout seul dans la voiture. Je repars donc en sens inverse, alternant marche et course. Crévindiou, il fait encore TRÈS chaud…

mais je n’ai pas le temps, vite, vite , courage, un dernier effort. Je suis soulagée de revoir le parking, et c’est avec ravissement que je me rue dans la voiture et m’affale dans mon siège, au FRAIS !
M Pizza me regarde bizarrement…un bref coup d’œil dans le miroir m’éclaire, je suis devenue…violette! Je me disais aussi que ça ne devait pas être idéal de cavaler par cette chaleur…
A regrets, nous reprenons la route en sens inverse. A cette heure les couleurs sont splendides !
Un dernier arrêt à Ranbow Vista , en même temps qu’un corbillard. Vision étrange, mais après tout si c’est un bel endroit pour un mariage, ça l’est aussi pour un dernier adieu…
Bientôt Valley of Fire s’éloigne, devant nous il n’y a plus que la route grise et triste vers Vegas. A l’approche de la ville, des panneaux géants font leur apparition. Des publicités olé-olé côtoient des interjections mystiques style « Who is Jesus ? ». Ça donne le ton…
Nous entrons en ville. Une circulation comme nous n’en avions pas eue du voyage nous happe. Nous voilà au milieu des immeubles sur-illuminés, noyés dans un flot de voitures, partout des flashs, des néons, du bruit, du mouvement…des hélicoptères passent et repassent au-dessus de nos têtes, je me sens extrêmement mal à l’aise. Moi qui n’aime pas particulièrement ce genre d’ambiance, c’est peu dire que je me sens déphasée après 15 jours de silence et de grands espaces.
Nous arrivons sur le Strip . En face de nous une Tour Eiffel, une Statue de la Liberté, une Pyramide, un château, bref une phrase me vient immédiatement à la bouche et y restera toute la soirée :
Nous passons dans un premier temps à l’hôtel déposer nos bagages. Pour 40$ nous avons une chambre tout confort dans un hôtel sans charme, ce sera parfait. Un dernier plein puis nous voici à Alamo où nous faisons nos adieux à Taléklé, fidèle compagne de ces deux semaines de route.
Nous regagnons l’aéroport, nous enregistrons pour demain et décidons qu’il est grand temps de se mettre un truc dans le ventre. Une navette dessert les principaux hôtels du Strip pour 7$ par personne : vendu, on monte. On se rendra compte par la suite que notre motel, à 15 minutes à pied du Strip, proposait un service de navette gratuite sur simple coup de fil…
Je vous entends d’ici : "vous n’allez pas chipoter pour 14 pauvres dollars tout de même ?"
Les dollars, non. Mais le temps…Dieu que c’est LONG !!!

Non seulement on se tape un nombre incalculable de feux rouges, mais en plus on réalise rapidement que ce sont toujours les mêmes : je ne sais pas quel trajet empruntait cette navette mais nous avons dû passer 50 fois devant l’Excalibur ! M Pizza s’est d’ailleurs mis à rire car je râlais chaque fois que je voyais réapparaitre le château…
Encore lui!!!
100 ans plus tard, nous voici au New-York New-York. Comme sur le plan il ne nous semble pas loin de notre hôtel, nous descendons. Aaaaaaaaah, enfin on ne verra plus ce fichu château !
Nous entrons dans le casino et sommes assaillis par le bruit et les lumières des machines à sous. Surprenant, surtout pour moi qui n’ai aucune expérience de l’univers du jeu. Nous arrivons dans une imitation de Greenwich Village et nous posons au hasard dans un restaurant qui sert des hamburgers ma foi bien bons, accompagnés d’une portion (est-il besoin de préciser : gargantuesque :P ) de frites.
J’apprécie le calme relatif de l’endroit, un peu à l’écart de l’agitation. Et si j’allais voir à quoi ressemblent les toilettes ? Mazette, c’est luxueux ! Un peu impressionnant d’y déambuler seule. Enfin, seule...pas pour très longtemps...
On passe par le MGM Grand pour rejoindre la rue. Bruit, agitation, excitation, des machines partout, une débauche de sons, de lumières et d’alcool…je comprends que cette ville attire et fascine mais y’a pas à dire, Vegas ce n’est pas ma tasse de thé. On ne se refait pas !
De retour au motel nous faisons une dernière fois nos valises, le cœur un peu serré, pendant que dehors la ville qui ne dort jamais bourdonne du bruit des jetons insérés dans les machines à sous.