Lundi 20 février (encore et toujours !) : le trajet de Mammoth à Old Faithful en monster truck.
Notre chauffeur/guide est Chuck, il est très prévenant, nous aide à monter dans son snow-coach, la première marche est au moins à un mètre et ça glisse !
Il donne des informations intéressantes sur le parc sans en faire trop, ne parle pas trop vite exprès pour que les 3 Frenchies puissent suivre ses explications et nous voilà partis !
Six autres personnes partagent notre carrosse, mais malgré la chaleur humaine, on se gèle : afin d'éviter la buée sur les vitres, le lanterneau du véhicule reste ouvert en permanence, même quand il neige - or, il neige, voyez plutôt :
même quand il vente (or, il vente) même quand il fait très froid (or...) On remet donc les blousons posés quand on était entrées, puis les bonnets, puis les écharpes !
Nous sommes précédés sur la piste par le camion qui transporte les valises et Chuck nous informe que la conductrice est la meilleure pour repérer la wild life : chouette !
Ils communiquent par un genre de CB, mais de façon très sibylline, en plus des crachouillis sur la ligne, il leur est interdit par les park rangers de mentionner quels animaux ils voient et où ils les voient (sans doute pour éviter que des chasseurs qui les écouteraient ne profitent de ces infos).
Ça donne à peu près ce genre de message : "kkkrrkdjiiii chhhcrouiiiiiik wild sccrchhhh life sccrchhhkkkiiii !" Chuck, qui est très doué pour déchiffrer les messages codés, nous dit d'ouvrir nos yeux et de préparer nos appareils et, en effet :
Bon, on l'a quand même prise en photo, la pauvrette, pas de discrimination raciale entre les animaux je vous prie, elle a autant le droit de faire sa star sur Sunset que n'importe quel bison prétentieux qui se la pète depuis qu'il a tourné avec Kevin Costner !
et puis, c'était 10 mn après notre départ et on ne savait pas ce que nous réservait la suite du voyage, une taupe américaine et de Yellowstone, s'il vous plaît, c'est toujours ça de pris !
Bon, je fais ma politiquement correcte en défendant les droits des taupes, mais en vrai, on était un peu déçues
Ouf ! heureusement,

est arrivé, sans se presser, sous la forme d'une troupe des potes à Kevin Costner qui ont obligé Chuck à les laisser traverser :
Chuck nous explique ensuite que ces bisons cherchent un endroit où la couche de neige est moins épaisse pour atteindre l'herbe dessous : les berges des rivières (elles ne gèlent pas grâce aux eaux chaudes des sources thermales et geysers qui s'y déversent) ou des zones où la neige a fondu à cause de phénomènes géothermiques variés. Le problème, c'est que cette herbe est alors très chargée en minéraux qui vont vite user les dents des bisons, les condamnant à mourir de faim
Ces arbres sont comme pétrifiés ou fossilisés par ces mêmes minéraux qui les ont tués mais qui ont aussi permis de les conserver intacts depuis très longtemps : on les voit exactement identiques sur les premières photos de cet endroit prises dans le parc lors de sa découverte.
Des oies sauvages, par-dessus l'étang...

Nous sommes à peine remis de nos premiers bisons sous la neige que de nouveau : "kkkrrkdjiiii chhhcrouiiiiiik wild sccrchhhh life sccrchhhkkkiiii !"
Quoi ?? Déjà une autre taupe ? Nous ne sommes en route que depuis 20 minutes !
Eh bien non ! Ce n'est pas une taupe, cette fois-ci, mais LA raison secrète qui nous a fait entreprendre ce voyage (je m'excuse par avance pour le nombre de photos que je vais vous coller maintenant

)
Elle a marché droit sur nous, nous a superbement ignorés, et quand elle s'est un peu éloignée, Chuck nous a autorisés à descendre sans s'éloigner du véhicule, c'est alors qu'elle a poussé un hurlement à nous glacer les sangs (sangs qui, je vous le rappelle, étaient déjà glacés). Chuck nous a expliqué à voix basse que c'était l'ancienne femelle alpha de la meute du Canyon, qui s'était battue et avait dû quitter son territoire et qu'elle hurlait pour appeler son compagnon, l'ex mâle alpha de la meute du Canyon.
On était tous dans un drôle d'état : à la fois pas très rassurés (petit chaperon rouge et tutti quanti), impressionnés comme devant une star mondiale devant laquelle on se trouve minuscules et insignifiants, sidérés d'une telle rencontre et on avait tous de grands sourires jusqu'aux oreilles
Quand, soudain, un autre "kkkrrkdjiiii chhhcrouiiiiiik wild sccrchhhh life sccrchhhkkkiiii !" vient nous tirer de notre félicité béate :
Le mâle alpha !
Monsieur est plus timide que Madame et s'enfuit très vite dans la forêt sans même nous faire un brin de causette, sans doute pour rejoindre sa dulcinée qui vient de l'appeler "dépêche-toi de rentrer, j'ai plein de trucs à te raconter ! J'ai encore vu des touristes, ils avaient l'air délicieux, bien dodus..."
Je vous laisse imaginer notre état ! En plein jet lag du premier jour, levées depuis 3 heures du matin et ayant vécu ce rêve éveillé, cette rencontre qu'on n'osait même pas espérer, deux fois de suite en moins de 10 mn !
Je vous mettrai la suite de la journée dans un prochain message, car à côté, ça me paraît trop fade !