6 juillet, jour J
Après délibération, nous décidons de faire la randonnée qui longe et surplombe la Yellowstone River dans son canyon.
Elle n’est pas très longue jusque au point de vue, situé au niveau de Tower Fall, 5,5 km aller-retour et nous permettra ensuite d’aller voir la Lamar Valley, que nous ne connaissons pas.
Nous traversons donc le parc en reprenant la même route que la veille, c'est-à-dire le milieu du huit puis le côté droit du huit.
Je vous fait un dessin pour mieux situer la rando
Route sans histoire et sans attroupement, pas un bison, même pas un Elk, décidément, je suis maudit et à deux doigts de la dépression.
Et là, enfin, des voitures stationnées à l’arrache, au plus mauvais endroit dans les premiers lacets où débute la Chittenden road qui mène au mont Washburn.
J’enrage, impossible de se garer sur les accotements, obligé de continuer à descendre. Je suis vert, rouge, jaune, je fulmine

, heureusement, un chemin plus bas me permet de faire demi-tour.
La foule est encore là, fixant en contrebas, ce que j’espère être la Bête.
Je trouve à me garer à l’entrée de la Chittenden road, je bondis de la voiture, Sophie saute par la vitre de la portière.
Il est là, dans la prairie, à une cinquantaine de mètres, nullement perturbé par les cris, le cliquetis des appareils photos, complètement indifférent, il se nourrit d’une herbe grasse et se laisse admirer.
Il est loin, mais l’émotion me gagne, je commençais à désespérer.
Nous reprenons la route après que ce beau grizzly ait rejoint le couvert des arbres.
Nous nous arrêtons à Tower Fall, c’est gavé de monde et renonçons à descendre pour voir la chute d’eau.
Nous nous en félicitons encore sinon cette journée aurait été toute autre.
Nous nous garons sur l’aire de pique-nique pour aller nous dégourdir les jambes sur cette randonnée assez peu fréquentée, Yellowstone River Overlook.
Nous commençons par nous tromper de chemin, mais cela n’a pas d’importance car il est parallèle à l’autre et le rejoint un peu plus haut.
C’est vraiment une belle rando, facile et offrant de magnifiques vues sans les inconvénients de la foule.
Puis nous découvrons la faune qui fréquente les lieux, une maman ours et son petit, hélas trop loin, puis des marmottes qui ont fini d’emballer les tablettes de chocolats et se reposent tranquillement, un troupeau de chèvres, des fourmis sauvages… quelle belle matinée.
Nous arrivons au point de vue, c’est là que nous ferons demi-tour.
Le retour est tout aussi agréable, nous croisons un groupe de randonneurs qui nous informe de la présence d’un ours sur le chemin du bas, celui qu’on avait pris ce matin en se trompant.
Les neurones commencent à chauffer, peut être qu’il est encore là, nous prenons donc le chemin du bas, les oreilles et les yeux grands ouverts.
C’est la voix harmonieuse d’un ranger qui nous alerte, il est au bord de la route que l’on devine à travers les arbres et fait régner la discipline chez les automobilistes arrêtés sur le bord de la route.
Bingo, nous le voyons aussi, un ours noir qui fait la sieste sur un rocher entre la route et notre chemin.
Le ranger nous a aperçu et nous crie de décamper, ce que nous ferons en traînant un peu la patte.
Ravi par cette troisième rencontre de nounours, nous profitons de l’aire de pique-nique, pour déguster nos fameux sandwichs Subway. On en revient toujours pas de notre chance.
Repus, nous nous apprêtons à lever l’ancre quand une agitation soudaine attire notre attention, puis on entend de nouveau la douce voix de deux rangers qui nous préviennent de la présence d’ours.
C’est le branle-bas de combat sur l’aire de pique-nique, les enfants se mettent à pleurer, les mamans s’évanouissent, une mamie trébuche sur son déambulateur en essayant de s’enfuir, la grosse panique quoi.
Les ordres sont clairs, il faut s’enfermer au plus vite dans les voitures.
Et que voit-on arriver à travers les hautes herbes ? La plus belle de nos rencontres.
Encouragée par les « good boy ! good girl ! » des rangers, la famille ours continue son chemin sans dévorer personne.
Pour le coup, le panier des belles rencontres est bien plein, on a vu plus d'ours en une matinée qu'en plusieurs jours de vadrouilles à travers le parc. Incroyable, n'est-il pas ?
Résumé en vidéo