Mercredi 10 juin - Jour 3
Bien que j'aie déjà fait des sorties en bateau pour approcher les dauphins (à Ténérife et à Tarifa), aujourd'hui je vais - enfin - faire une chose dont j'ai envie depuis des années : une vraie sortie « baleines » ! Je retourne sur le port de Monterey, je me gare au parking – payant bien entendu : 2 $/heure – et je rejoins le bureau de Monterey Bay Whale Watch où je sors ce qui va devenir un gimmick : « Hi, I have a reservation ». Je donne ma carte de crédit (45 $), je signe le reçu (le code à quatre chiffres n'est quasiment pas encore arrivé aux USA) et … je signe le formulaire attestant que « je suis parfaitement conscient qu'un tour de bateau peut être dangereux », sous-entendu s'il arrive quoi que ce soit, je ne pourrai pas les attaquer en justice en plaidant le fameux « Je savais paaaas, on m'avait rien diiiiiit » !!
Il y a pas mal de monde sur le bateau et les bonnes places assises sont immédiatement prises. Tant pis je resterai debout… On longe les côtes de Monterey et ses belles maisons qui doivent couter l'équivalent de quelques vies de travail puis on navigue quelques dizaines de minutes vers le large.
On croise d'abord un groupe de Dauphins de Risso qui nagent tranquillement puis quelques miles plus loin, on repère un souffle de cétacé. Nous restons à bonne distance, comme tout prestataire de whale watching responsable est censé le faire, et le pilote s'évertue à nous présenter la baleine sur la droite du bateau … Mis à part le fait que je sois positionné sur le côté gauche (!) cela a en plus le désavantage de nous mettre juste en face du soleil donc pas vraiment dans des conditions optimales photographiquement parlant ! Quant à ramener de belles photos de cétacés depuis un bateau « grand public », c'est un sacré challenge dans lequel la chance entre pour une bonne part car on ne sait jamais où l'animal va surgir et une fois qu'on a vu le souffle de l'évent il faut cadrer rapidement en composant avec les autres passagers et … les mouvements du bateau sur la mer !
Les gens regardent tranquillement le spectacle, sans cris ni exclamations … Un jet de gouttelettes qui s'élève verticalement lorsque la baleine remonte à la surface pour respirer, puis un bout de dos qui effleure la surface de l'océan, suivi d'une minuscule nageoire dorsale, puis la queue se relève avant de s'enfoncer dans l'eau … Difficile d'imaginer que sous cette petite nageoire il y a un des plus gros animaux de la planète, une baleine à bosse ( Megaptera novaeanglia ), qui mesure une quinzaine de mètres de longueur pour un poids de 36 tonnes ! Nous naviguons en réalité au milieu de plusieurs baleines à bosse, on les différencie à l'aide des taches qu'elles ont sur la nageoire caudale, chaque baleine ayant un dessin différent. Le manège se répète à l'identique pendant un bon moment, jusqu'à ce que les animaux s'enfoncent dans l'océan sans réapparaître. Nous attendons un peu mais comme elles ne remontent pas, le pilote décide d'aller un peu plus loin, sur un autre spot. Là, nous apercevons pendant quelques minutes une baleine de Minke ( Balaenoptera acutorostrata ). Nancy Black, la biologiste marine spécialiste de la baie de Monterey qui fait partie des sorties de Go Whales (je crois même qu'elle est la patronne de Go Whales) nous confiera que c'est la première fois qu'ils peuvent la voir aussi longuement… Pour être très honnête ces sorties sont à la fois très intéressantes et très excitantes, mais aussi très très frustrantes car concrètement, on ne voit pas grand-chose et sauf coup de chance extraordinaire où le cétacé se met à sauter hors de l'eau, il faut énormément intellectualiser la rencontre …
[HS spécial baleine : depuis ce voyage aux US, j'ai fais le voyage "baleine " par excellence, le voyage en Baie de Samana en Republique Dominicaine (oui je sais moi aussi j'ai fais la grimace la première fois que j'ai entendu Rep Dom !) là ou les baleines sautent entièrement hors de l'eau ... si vous voulez tout savoir et voir les photos faites un saut sur mon site : http://www.carnetsdevacances.com/republ ... cartes.htm
Nous sommes de retour à quai juste à midi. Les jours suivants je ne prendrai probablement pas le temps de manger le midi mais, puisque je suis là et « à la bonne heure », je retourne manger au London Pub Bridge, cette fois je m'en tire pour 22 $.
Dans mon road book je n'avais volontairement pas planifié 100% des journées, un tas de choses ne sont pas prévisibles et rien n'est plus énervant que de ne pas avoir quelques heures pour voir ce truc qu'on avait pas prévu. De ce fait, j'ai l'après-midi de libre et j'en profite pour aller visiter l'aquarium de Monterey.
Je dois dire que tel le bon cake moyen j'avais longtemps confondu ce dernier avec le Sea World de San Diego. La différence – de taille – entre les deux est que celui de San Diego détient en captivité plusieurs cétacés qui n'ont – cela va sans dire même si ça va mieux en le disant – rien à faire dans des bassins artificiels, fussent-ils géants. MAIS justement, l'aquarium de Monterey est philosophiquement très différent de celui de San Diego, et c'est en plus « un des plus beaux aquariums du monde » d'après mon ami l'éminent cétologue Pierre Gallego ! Les seuls mammifères qu'on peut y voir sont des loutres de mer orphelines qui ont été recueillies et soignées, et qui seraient incapables de survivre seules dans la nature faute d'avoir pu recevoir l'apprentissage de leur mère. Le ticket d'entrée coûte quand même 30 $ mais une fois dedans, pas de regrets car l'endroit est effectivement superbe. Une salle présente des méduses et c'est esthétiquement époustouflant ! Une autre offre une vue panoramique sur le domaine des loutres de mer, leur trombine « trop mignonne » et leurs jeux ébouriffants … enfin lorsqu'elles ne sont pas occupées à faire la sieste, flottant sur le dos à la surface de l'eau !
Mais mon coup de cœur du jour est incontestablement pour les salles qui présentent différentes espèces d'hippocampes. A tel point que devant certaines vitres, je suis resté de longues minutes en admiration, me demandant : « Mais comment ce … truc (!) … peut-il vivre tellement il est tarabiscoté ??? Quelle évolution la nature a-t-elle suivie pour arriver à cet animal ? ».
Un peu plus tard, je reste à nouveau scotché mais pour deux autres raisons, très différentes. Arrivant devant une vitre géante donnant sur le bassin du biotope de la baie de Monterey avec ses algues géantes, les kelps, je vois tout d'abord un plongeur ou plus exactement une plongeuse, en train de nourrir à la main des poissons de tailles respectables. Assis devant la vitre, un groupe de gamins assiste, béat, au nourrissage. Du classique pensez-vous, comme on en voit dans tous les aquariums à cette époque de fin d'année scolaire … Eh oui … Mais NON !! Car là-bas, l'animation, ils savent vraiment faire et j'assiste pendant au moins 10 minutes à un vrai « ping-pong verbal » entre la plongeuse, qui a un micro lui permettant de dialoguer avec l'assistance, l'animatrice qui présente les différentes espèces de poissons présents dans le bassin et les gamins. Alors qu'en France, ils auraient probablement eu droit à un cours magistral qui les aurait anesthésiés, là les questions fusent dans tout les sens ! Bien sûr, c'est « l'école des fans » et chaque réponse, répétée par l'animatrice, commence par « It's a wonderful question … ». N'empêche, le but est d'intéresser les gosses et c'est réussi.
La seconde surprise est lorsque je prête un peu plus d'attention au public qui assiste au show. Si ma mâchoire ne s'était pas déjà décrochée plusieurs fois ce jour-là, m'obligeant à la scotcher, elle serait probablement tombée une nouvelle fois car juste derrière les gamins, sirotant leur soda en gobelet et assistant eux aussi avec admiration au spectacle … une dizaine de militaires ! Sept hommes et trois femmes dans leur treillis « Camouflage Désert » en provenance directe d'Irak ou d'Afghanistan. Si je suis bien conscient qu'ici cette scène n'a rien d'étonnant, pour moi cette présence de militaires en tenue est très inattendue et j'ai du mal à imaginer un groupe de Chasseurs Alpins avec leur béret en train de s'amuser au Parc Astérix !!
Après cette passionnante visite, je vais faire mon premier plein d'essence et me retrouve face à un dilemme : que dois-je mettre dans le réservoir ? Car du Unleaded (Sans Plomb) il y en a 3 : du Regular, du Plus et du Premium. La différence est l'indice d'octane, respectivement 87, 89 et 91 … Pour l'instant je décide de taper au milieu et de mettre du 89 (je vérifierai plus tard dans le manuel de la voiture, il faut du carburant compris entre 87 et 89 – le Regular fait donc tout à fait l'affaire) ! Pour ce qui est de payer, comme ma carte de crédit ne passe pas directement à la pompe, je vais tout d'abord à la caisse, prononce la formule magique : « Hi ! Pump number X, I want to fill in please » et laisse ma carte en otage. Je fais mon plein puis vais régulariser la situation en signant le ticket-reçu. Ca ce passera comme ça pendant 18 jours et il n'y aura jamais de problèmes. Par contre, en ce qui concerne les stations-service aux US, le moins qu'on puisse dire, c'est que sur les pistes c'est le chaos car les voitures arrivent dans tous les sens et se mettent un peu n'importe comment. A l'intérieur, les stations font supérette et on y trouve systématiquement un tas de trucs à manger et au moins 18 frigos remplis de sodas.
Le prix de l'essence Regular en juin 2009 : autour de 2,89 $ le gallon et une dizaine de cents supplémentaires pour le « Plus ». Sachant qu'un gallon fait 3,78 litres et qu'un dollar vaut 0,72 € ça nous fait le litre de Sans Plomb à 0,55 € … En France dans le même temps le prix moyen du Sans Plomb 95 tourne autour de 1,20 € … Et les Américains se plaignent parce que les carburants ont « beaucoup » augmenté … [Soupir…]
Je demande à l'accueil du Bide-A-Wee s'ils ont un resto à me recommander. Ils m'indiquent le restaurant Italien Joe Rombi's, en plein centre de Pacific Grove et comme je n'ai absolument rien préparé côté resto, j'y vais directement ! Par « Italien » on entends trop souvent « Pizzeria » mais là, c'est un vrai restaurant avec une carte variée, de la belle vaisselle et des serveurs en tenue … Ce qui me vaut quelques angoisses pendant le repas car je me demande à plusieurs reprises à combien va se monter l'addition ! Et finalement non, les prix sont corrects puisque j'y fais un bon repas arrosé d'un verre de vin blanc californien pour 44 $.
Je vais ensuite terminer ma journée en photographiant le soleil se couchant sur le Pacifique…
