Jour 4 Lundi 15 avril 2013
Au milieu du désert
Partie 1 : Coal Mine Canyon
Je me suis réveillée plusieurs fois cette nuit à cause des allées et venues dans les chambres voisines, grrr ! Point positif : à 7h nous sommes à la table du petit déjeuner, cette fois devant la télé qui diffuse des clips de promotion de la ville. Au menu : du Lipton yellow ! Je DETESTE le Lipton Yellow…et me marre toute seule en voyant écrit sur le paquet « America’s favourite tea ! ».

Avec ça, bananes, bagels et yaourt à la crème euh allégé je veux dire.
Nous quittons Sedona vers le nord via la scenic drive 89A. Quelle vue les amis ! Nous longeons en permanence la roche rouge et la végétation verte, le mélange est décidemment très harmonieux. M Pizza, qui craignait un peu que notre séjour américain lui donne une overdose de cailloux, est enchanté de cette première étape. Moi aussi mais…dans mon cœur je suis déjà à Page, au milieu des cailloux en question !
Un peu plus loin, on traverse Flagstaff et nous amusons des gigantesques panneaux publicitaires vantant les mérites…des enseignants de l’université locale ! Je rigole bêtement en imaginant ce que ça donne en période de soldes. Ils font vraiment les choses en grand ici.
Changement de couleurs : le rouge et le vert cèdent le pas au jaune et au gris. La ligne d’horizon est grise et bleue pâle, contraste frappant avec le bleu vif du ciel à Sedona. Le sol est parsemé de petits buissons d’un vert sombre, de la paille orne les bas côtés de la route. Sur notre gauche, une montagne enneigée puis des sommets mélangeant ocre/ rouge et brun/gris.
On commence à retrouver de la terre rouge un peu avant Cameron’s trading post. La terre brille : mica ? Tessons de verre ?
Le paysage est vraiment désertique, raide, à dominante de gris. La poussière noie l’horizon. Ce n’et pas vraiment beau (voire même franchement glauque par endroits, dixit M Pizza

) mais je trouve fascinant ce mélange de couleurs : ocre, vert pâle, jaune paille, roches rouge clair ou beige, sable et graviers…les bas côtés sont presque roses par moments et la ligne d’horizon est teintée de violet.
On croise régulièrement des panneaux « ice » qui en cette saison nous font bien rire.
Arrivés sur le plateau de Moenkopi, la vue se dégage au loin : étendues de sable ocre et rosé recouvertes de buissons verts et jaunes. On approche de Tuba City qu’on dépasse pour se rendre à Coal Mine Canyon. Autour de nous, le désert : plat, jaune, poussiéreux …
On arrive au milepost 336, on repère le moulin à vent et le chemin de terre. Toujours rien…
Et soudain, sous nos regards ébahis, notre premier contact avec l’immensité sauvage…
D’un seul coup le canyon se dévoile. On arrête la voiture au bord. C’est incroyable. Magique.
Le vent nous empêche presque d’ouvrir les portes ! J’ai le souffle coupé, au propre comme au figuré !
A perte de vue, des hoodoos blancs, ocres, rouges, gris…
Le sol est une succession de collines rouges et grises, d’un gris lumineux mêlé de blanc. Moi qui avais toujours trouvé cette couleur terne, je suis bien détrompée !
Nous faisons quelques pas dans le canyon sur un mélange de terre rouge friable et de sable gris. A notre droite, de majestueux hoodoos rouges et blancs. Devant nous, une trouée ocre dans le lointain qui se perd entre les falaises, où notre regard ne porte plus. A gauche, du blanc, du gris…
Encore quelques pas en avant, je me retourne : le plateau, la voiture, M Pizza qui avait fait demi-tour, tout a disparu. En 50 mètres j’ai changé d’univers !
Plus tard nous allons au point de vue où se trouvent les tables de pique-nique. C’est magnifique mais nous avons préféré le paysage offert par notre lieu d’arrivée.
Et dire que nous y étions au « pire » moment, en milieu de journée, quand le soleil au zénith écrase les couleurs. Qu’est ce que ça doit être durant la golden hour !
Lors de la préparation du voyage, j’ai dû comme tout le monde faire des choix et écarter à regret de nombreux sites. Bizarrement je n’ai jamais pu me résoudre à retirer du classeur la feuille dédiée à Coal Mine Canyon, pour lequel j’avais eu un véritable coup de foudre en découvrant une photo au hasard de mes pérégrinations virtuelles sur internet. Je savais pourtant que nous n’irions pas, décidés à minimiser le temps de route entre Sedona et Page.
Et puis…juste avant notre départ, bim ! 89A fermée, détour via Tuba City obligatoire…j’ai dû remanier le programme sur Page mais la compensation en valait la chandelle, nous allions voir Coal Mine Canyon !
Verdict ? Voir cet endroit était un moment exceptionnel : la route déserte, la piste poussiéreuse et d’un coup cette trouée immense aux formes improbables…le fait d’y être allés au début de notre voyage, avant de découvrir Bryce notamment a sans doute joué, mais Coal Mine Canyon occupe désormais une place très spéciale dans mes souvenirs !
Souvenirs...
Nous reprenons la route en direction de Page. Un school bus bien jaune passe sur la voie d’en face, comme ça, presque au milieu de nulle part…La route serpente et semble s’étendre à l’infini. On voit passer devant nous des buissons secs, comme dans les rues des westerns juste avant un duel. J’essaie à chaque fois de les prendre en photo mais c’est toujours trop tard, rapides les buissons !
On croise régulièrement des panneaux originaux « adopt a highway ». C’est sûr ça change des animaux domestiques…
Le paysage change à nouveau : sol rouge, rocaille, petites collines couvertes d’arbustes épineux ressemblant un peu (de loin) à des oliviers.
Des moutons paissent au bord de la route. Derrière, des buttes en sucre glace rose à base blanche décorent l’horizon. Toute la nature est en teintes pastel et quelques petits nuages blancs adoucissent encore ce tableau. Au sol on voit parfois des étendues blanches comme de la craie.
On commence à apercevoir des formations rocheuses en « coulées » qui ressemblent à l’image que je me faisais des alentours de Page.
Tiens, un lion
Les nuages se massent à l’horizon, on doit approcher d’une étendue d’eau…sûrement le lac Powell ? Bingo, une fois passés de gros rochers oranges et roses on commence à voir le bleu du lac.
A Page on trouve facilement le Lake Powell Motel grâce à la vieille enseigne du Bashfull Bob Motel. Bob n’est plus mais l’enseigne se dresse toujours fièrement devant le motel. Par contre le check in ne commence qu’à 15h, nous sommes en avance.
On se rend donc à la plage de Lone Rock pour pique-niquer. Comme ce lieu est proche de la frontière en Utah et Arizona, nos portables perdent un peu la boule et on ne sait plus très bien quelle heure il est ! Ajoutez à ça le fait que :
1) je n’ai toujours pas très bien compris quelle heure il était dans l’indian county et que
2) notre prochaine visite est Antelope Canyon
et je vous laisse imaginer la confusion dans ma tête !
On paie nos 15$ de dû (pas de Pass America The Beautiful pour nous, nous serons dans les parcs pendant la semaine annuelle de gratuité) et on s’engage sur la piste sablonneuse en direction du gros rocher solitaire planté les pieds dans l’eau.
Il y a un peu trop de vent pour s’installer sur la plage. Pas grave, on mange dans Taléklé, bien installés en face du lac. A côté de nous un couple a sorti un cerf-volant, bel endroit pour s’exercer !
De retour sur Page nous sommes accueillis par la mère de Jake (le propriétaire) qui nous remet les clefs de notre chambre. Enfin quand je dis chambre…c’est tout simplement royal : un grand appartement pour nous tout seuls et à un prix modique pour les environs, le top !
Nous discutons un peu de notre parcours avec notre hôtesse. Cette dernière, apprenant que nous comptons emprunter la cottonwood canyon road le lendemain, est tout simplement désolée que nous n’ayons pas prévu de pousser jusqu’àBryce Canyon. Apparemment elle est fan : moi qui pensais qu’elle allait nous faire de la pub pour les environs plus immédiats de Page, c’est raté !
Nous reprenons alors la voiture, direction notre prochaine étape : Lower Antelope Canyon !
