Et la fin, J35.
Cette fois, c’est bel et bien la fin, nous décollons à 17h.
Nous rendons la Kia Sorento à l’agence
Alamo près de l’aéroport. On rentre par la voie réservée aux retours, on attend à peine quelques secondes notre tour puis un type s’approche et scanne une étiquette collée au pare-brise. Dans le même temps, il nous invite à descendre du véhicule et pendant qu’on sort nos bagages, il fait rapidement le tour de la Kia, jette un oeil sur le toit et sous la voiture et relève le kilométrage. Puis son petit terminal portatif crache un ticket avec “solde dû : 0 $” que l’employé nous remet. Un autre employé arrive alors et nous aide à mettre nos bagages dans un mini-bus à dix mètres de là. Tout cela a pris à peine deux minutes. Peu après, le mini-bus nous dépose à l’aéroport, exactement en face du comptoir de notre compagnie. Tout roule, tout baigne.
Oui enfin, presque tout : arrivés à la porte d’embarquement, un agent demande à peser un de nos bagages à main et le déclare en excédent de poids. On transfère quelques affaires dans l’autre bagage mais rien n’y fait, c’est trop lourd. Je conteste, fait valoir une ambiguïté sur le billet électronique, simule un malaise dans la
surface de réparation zone d’embarquement, déclare que c’est une valise diplomatique mais rien n’y fait, l’employé est inflexible ! Il me propose cependant de mettre le bagage à main posant problème en soute sans me faire payer d’excédent. J’accepte…
Une fois dans l’avion, mon cerveau
bionique torturé réalise que suite à tous les trifouillages qu’on a fait pour que ça tienne, mon laptop et le disque dur externe de sauvegarde sont dans le bagage à main qui a été mis en soute au dernier moment. Bon, comme je vois que personne ne réagit dans l’assemblée, je vais le redire plus crûment : toutes les photos
et leur sauvegarde sont dans la même valise en soute ! Et si cette valise se perd… non, je ne veux même pas y penser.
Marcia, positive forcenée, me rassure “Il ne va rien arriver, cesse de te tourmenter !” (oui, depuis, mon numéro de magie d’hier, ma cliente me tutoie).
Londres. Lyon Saint Exupéry. Tapis roulant de Lyon Saint Exupéry. Les valises sur le tapis roulant..
Mais pas la valise avec les photos ! Je suis livide, Marcia est impavide, le type des bagages me tend un formulaire vide à remplir. Nous prenons la navette pour Grenoble. Je suis accablé par mon insondable négligence. Marcia me tient la main et essaie de me consoler : “Mais quel crétin tu fais !”. Le chat nous accueille avec ferveur et l’ordinateur s’allume avec un frémissement d’allégresse (“le Maître est revenu !”). La vue de la cuisine me fait peur alors j’emmène Marcia manger des sushis en espérant oublier les miens.
A 22h, mon téléphone vibre. A 22h je retrouve la joie de vivre. A 22h ma valise a été retrouvée par le système de tracking de la compagnie (elle a été oubliée à Londres). La nuit va quand même être difficile : le décalage horaire et la peur que la valise ait été “fouillée” alimentent de mauvais rêves.
Le surlendemain, un livreur amène la valise… et les photos. Je suis sauvé, vous êtes fichus : vous allez être obligés de suivre - par amitié ou par politesse - le récit de nos pérégrinations… Ah, on me chuchote dans l’oreillette que c’est déjà fait… Bon, alors il ne me reste plus qu’à vous remercier de votre patience et, pour certains, pour vos encouragements.
J’ai quand même une sensation bizarre, l’impression que vous étiez tous là, à l’arrière de la Kia Sorento pendant le voyage, à nous espionner, cacher les lunettes, les faire réapparaître… Et si finalement la Kia était innocente ?
Merci de nous avoir suivi !