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Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 17 mars 2016, 13:32
par Legibus
Magnifique début de carnet, beau récit et les photos sont superbes :clap :love:
J'ai très envie de retourner à Joshua Tree, et Monsieur aussi maintenant, seulement on n'a "que" 35 jours nous, pas 52 comme 22sky33 :P , ça va pas le faire... :D :D :D
Et Indian Canyons :love: , très envie de les découvrir aussi drool

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 17 mars 2016, 18:26
par Laurianne
@JacK35
Une tortue en plein désert ! :blink
Y avait-il un point d'eau quelque part ?
Oui, une tortue du désert et pas le moindre point d'eau à l'horizon. J'ai lu que cette "petite" bête pouvait tenir un an sans boire, juste avec ce que contiennent les herbes qu'elle mange. Quand il fait trop chaud, elle se cache dans des trous de terre. Là, en février, elle devait juste sortir d'hibernation.

@ Legibus
J'ai très envie de retourner à Joshua Tree, et Monsieur aussi maintenant, seulement on n'a "que" 35 jours nous, pas 52 comme 22sky33 :P , ça va pas le faire...
On en est tous là ... :? et après, ça fait comme luke06 je crois, des rêveries à rallonge jusqu'en 2018 et plus encore :blush

Mardi 16 février : la traversée du désert : suite

Nous quittons Joshua Tree np qui restera un de nos coup de cœur du voyage, repassons par Twentynine palms où je déconseille à mon homme de s'arrêter pour faire le plein. J'ai en effet repéré sur ma carte une petite ville juste avant d'entrée dans le Mojave National Preserve : Amboy. J'entends déjà ceux qui connaissent ricaner. Amboy, une ville ! On n'est pas des fans de la route 66, on ne pouvait donc pas savoir, bon, je ne pouvais pas savoir ...

On roule déjà depuis un bon moment, impressionnés par le vide structural de l'environnement. un terrain plat à perte de vue, d'un beige poussiéreux, la route droite à l'infinie, le mercure qui grimpe sans arrêt. De temps en temps une masure abandonnée, pas une âme qui vive, pas un chien, la plupart des voitures semblent avoir choisi un autre parcours. Il faut dire que le Mojave National Preserve est pris en enclave entre deux autoroutes : l'I15 et l'I40 qui le grignote comme une gigantesque gueule d'asphalte. Le seul lien qui nous relie à la civilisation hormis cette route semble être le long câble électrique qui court de poteau en poteau telle une corde jetée à la mer pour ramener un nageur en détresse. A chaque fois c'est la même réflexion teintée d'une légère angoisse qui me vient à l'esprit : il ne faudrait pas tomber en panne ici ! Un coup d'œil à mon portable, bien sûr il n'y a pas de réseau.

Nous roulons donc depuis un moment lorsque Amboy se présente à nos yeux. On voit loin, très loin dans ce type d'environnement. Un trait qui démarre et ne semble jamais finir, une tache plus sombre. Le temps et les miles défilent, le trait se révèle discontinu, la tache grandit un peu. Encore des minutes, de la poussière qui s'élève derrière nous et le trait devient train, trois locomotives et un nombre incalculable de wagons, la tache se révèle être un bâtiment, LE bâtiment.

C'est ça ta ville ?! Exclamation mi-incrédule, mi-ironique de mon cher et tendre qui suit avec confiance, depuis le début, mes indications comme ceux d'un guide touristique infaillible.

Amboy, c'était une ville en 1858, avec une école, une église, un cimetière, un café, bref, tout ce qu'il faut. Maintenant sur le net elle est qualifiée de zone, de ghost town en devenir. Une ville moribonde qui agonise, quatre habitants fin 2014 mais tout cela, je ne l'ai lu qu'après, à notre retour !

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ce ne sont même pas nos photos, pas la présence d'esprit d'en prendre une seule :? J'ai pompé les images sur ce très bon site :
http://www.placesthatwere.com/2015/06/a ... -town.html

Nous pénétrons dans "la ville" comme on traverse un cercle de pierre magique pour se retrouver en d'autres temps et d'autres lieux, médusés. Un seul bâtiment parait animé de vie avec une pompe à essence antique à l'avant. Ici, le mètre-cube d'air brûlant semble peser des tonnes sur nos épaules. Le silence est assourdissant.

Un coup d'œil au panneau, le gallon d'essence vaut plus de trois fois celui de Twentynine Palms. "On ne va pas faire le plein ici" rugit l'homme révolté. Bien sûr qu'on va prendre de l'essence ! Je pense au désert de Mojave à traverser, à la longue route déserte, à la journée qui avance dangereusement vers la nuit. Une femme sans âge, sans époque, sans expression, sort du bâtiment et décroche le piston avant de demander How much ? Je me souviens qu'elle avait des cheveux rouge tirant sur le violet et qu'elle portait une paire de baskets blanches toute neuves. J'essaye une remarque sur le temps et la chaleur. Elle me répond sans finir sa phrase, les yeux perdus dans le vague. Les lieux déteignent-ils sur les gens, ou les gens finissent-ils par se fondre dans leur environnement ? Nous partons, longeant quelques maisons en ruines, sidérés par cet ... endroit où le temps semble s'être arrêté, une faille temporelle peut-être ... Dans l'énorme réservoir de la Hyundai, 20$ de regular, l'aiguille sur le tableau de bord a à peine bougé :cry:

Affaire à suivre ...

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 17 mars 2016, 19:00
par luke06
Voilà je suis démasqué , on ne peut plus rêver tranquillement :D :wink:
Hâte de savoir al suite :desert

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 17 mars 2016, 19:22
par vero60
Très chouette début de carnet avec un descriptif digne de documentaire TV :great

Nous avons aussi beaucoup aimé le Mount San Jacinto avec ces nombreux trails.

Vivement la suite

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 17 mars 2016, 21:10
par 22sky33
Je suis mort de rire et pourtant je ne suis pas fan de la Route 66 :wink:
Amboy, 4 habitants en 2014 et pourtant une pompe à essence. Je vous imagine justement en panne d'essence et être obligé d'attendre toute la nuit dans cette belle bourgade d'Amboy que la vieille dame édentée ouvre un œil.
Vous en avez pris des risques quand même :whistling:

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 18 mars 2016, 07:01
par anneetguy
Hello,

quel plaisir de lire ton carnet :love:

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 18 mars 2016, 18:24
par Laurianne
@ Luke06
Voilà je suis démasqué , on ne peut plus rêver tranquillement
Mais non, rien n'empêche jamais de rêver ! Moi-même j'en suis à un, deux ... non trois projets d'avance :blush mais chuuuut faut pas le dire :wink:

@Vero60
un descriptif digne de documentaire TV
Mouais, bon, il manque quand même l'image et là ... c'est une autre paire de manche :? Merci pour tes encouragements :bye

@ 22sky33
Je suis mort de rire
Interdiction de se moquer :evil: ou bien juste un peu :whistling:
Des risques, j'en prends jamais ou alors le minimum. Je suis une trouillarde :blush mais là, c'était une vraie lacune dans ma préparation, en fait un gouffre :roll:

@ Anneetguy

Merci :D

Promis, ce weekend je mets la suite ... :bye

Re: 8 jours de rêverie hivernale entre Californie et Utah

Posté : 19 mars 2016, 11:31
par Laurianne
Mardi 16 février : la traversée du désert suite et fin

Nous entrons dans le Mojave National Preserve, un endroit dont je n'avais jamais entendu parler il y a encore quelques semaines. J'ai fouillé, exploré le net et découvert (trop tard) qu'il y avait là largement de quoi faire. Malheureusement nous n'avons que la fin de la journée, le temps d'une traversée donc, forcément, des choix se sont imposés. Nous allons du Sud vers le Nord sans détour vers l'Est qui pourtant propose quelques explorations originales.

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en bleu sur la carte, notre parcours

Premier arrêt Kelso dunes. On y arrive après une piste facile de 3 miles environ. Deux voitures sur le parking, il n'y a pas foule et c'est aussi bien. Les dunes de sable blond ne sont pas tout près. On attaque la marche d'approche en pédalant dans la ... dans le sable.

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Pas facile ! Le rythme est soutenu, nous n'avons pas beaucoup de temps si nous voulons rattraper l'autoroute avant la nuit. Très vite, je réalise que je n'atteindrai pas le sommet de la plus haute dune avant l'heure butoir que j'ai fixé mais faut-il vraiment systématiquement grimper sur tous les sommets ? Je ne suis pas une compétitrice dans l'âme et puis cette dune, la plus haute, n'est pas très jolie. Toute sa face sud, celle que nous voyons, est maculée de traces de pas, cassée par des marques de glissades. Cela m'évoque les pistes de ski quand la neige commence à disparaitre. J'abandonne mon premier objectif pour me tourner vers la dune voisine, plus modeste, elle offre au soleil rasant une ligne épurée et élégante et puis il y a les montagnes derrière nous, les touffes d'herbes folles à nos pieds et entre, ces vaguelettes de sable clair qui courent sous les rayons du soleil.

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Je n'ai pas réussi à aller assez loin à mon goût, 1h30, ce n'est pas suffisant pour découvrir ces dunes et la marche dans le sable est épuisante. Je n'ai pas réussi, non plus, à faire chanter les dunes qui en ont pourtant la réputation mais je n'ai pas regretté cet arrêt, même incomplet, même un peu frustrant. Nous y étions certes trop tard mais nous y étions à la bonne heure, quand la lumière vient se mêler à la terre et danse avec elle en une lente chorégraphie qui ne peut laisser indifférent.

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On vide les chaussures des quelques kilos de sable amassé, on saute dans la voiture et direction Kelso. C'était la gare, c'est maintenant un Visitor Center, fermé à cette heure évidemment. Sous les derniers rayons du soleil couchant, la façade de ce grand bâtiment blanc flamboie. La voie ferrée, juste à côté, parle de promesses d'aller sans retour.

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En continuant vers Cima, nous rattraperons puis dépasserons un train, un de ces trains qui semble n'avoir ni commencement ni fin dans cet égrènement de wagons interminable autour duquel flotte des effluves d'éternité.

Puis la chaussée vire au Nord-Ouest, c'est la Cima-road dernier tronçon avant L'I15. L'obscurité s'accroit peu à peu, nos yeux sont fixés sur la route. Une route étroite où les nids de poule sont nombreux et les accotements très sablonneux. Je surveille les bas-côtés à l'affut d'un animal mais il n'y a que la silhouette sombre et majestueuse des Joshua Tree qui s'inclinent sur notre passage en une forêt irréelle. Et tandis que nous roulons lentement vers l'autoroute, la ligne écarlate à l'horizon pâlit puis disparait dans l'obscurité.

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Nous arriverons un peu avant 20h à Henderson, qui ne sera pour nous qu'une étape sur la route du Nord, dans la nuit noire, fourbus mais ravis de cette journée. Après l'extrême isolement du désert, nous retrouvons la circulation extrême de la banlieue de Las Vegas. Dur contraste, mais les USA ne sont-ils pas terre de contrastes !