Suite du J-2
Dimanche 4 Septembre 2011 : Mais où sont les bisons ?
Nous voilà donc partis sur la Scenic Route 16 A, construite en 1933 et plus connue sous le petit nom de
Iron Mountain Road. Nous allons traverser des ponts de bois tournant sur eux-mêmes à 360°, les fameux
pigtail bridges (ou ponts en queues de cochons !

) et des petits tunnels amusants encadrant joliment le
Mont Rushmore. Dis comme ça, je reconnais que ça a l'air un peu loufoque, mais c'est portant précisément ce que nous pouvons y voir. Et même que c'est plutôt ludique comme activité !

On s'arrête tout le temps et on ne s'ennuie pas une seconde (note pour les amateurs, nous allons croiser de très nombreux bikers… car c'est LA région des bikers - célèbre rallye de Sturgis). Avant de commencer cette petite aventure, je craignais que les tunnels ne soient compliqués à passer, était-il possible de se croiser à double sens avec des voitures un peu larges ? Etait-il possible de s'arrêter facilement ? Donc, oui ! Un vrai bonheur, tout le monde se respecte. Personne n'hésite à descendre de voiture et se mettre au beau milieu de la route à moitié couché par terre

pour prendre une photo, le tout dans une excellente bonne humeur et sous l'œil bienveillant des présidents et des très beaux paysages panoramiques des Black Hills. Les guides préconisent 45 minutes… comptez plutôt une bonne heure.
Pigtail bridge (on ne se rend pas bien compte sur ma photo ! )
Regardez tout au bout... oui, c'est bien le Mt Rushmore !
Encore lui !
Nous prenons ensuite la direction du Sylvan Lake par la route 87 ou
Needles Highway, au milieu des pins et des fameuses cathédrales de pierre (comptez encore une bonne heure). La route doit son nom à des formations de granite en forme d'aiguilles, sortes de cathédrales naturelles du plus bel effet dans le paysage. Le tracé de cette route avait été établi par Peter Norbeck (ancien gouverneur du South Dakota) qui avait fait le chemin, à pieds et à cheval. La route avait été achevée en 1922.
Nous avons loupé le célèbre Needle's Eye on ne sait trop comment vu qu'on est forcément passé devant…

ça reste encore un mystère pour nous !

Ce rocher a une forme particulière, avec un trou en forme d'œil (à la vertical), formé par l'érosion. Mais ce rocher manqué ne nous a pas gâché notre journée.
Sans vraiment comprendre où sont situées les entrées du
Custer State Park, nous en franchissons une et nous nous arrêtons afin de payer notre dû, 15 $ par véhicule. On se gare devant le ranger qui colle le pass à l'intérieur, sur le pare-brise (valable 7 jours).
Needles
Needles
Needles
Les Black Hills. Quand on les surplombe, on ne voit que du noir ou presque, d'où leur nom.
Dans un tunnel... photo ratée juste pour le fun !
Arrivés au Sylvan Lake, nous découvrons un lieu assez joli et charmant, idéal pour une pause pique-nique.

Ce n'est clairement pas un haut lieu à découvrir toutes affaires cessantes, mais c'est sympathique de voir les familles américaines en week end, avec les grosses glaciaires et leurs chiens, les pêcheurs, les canoës… On a un peu l'impression d'un coup de sortir des circuits touristiques pour aller à la rencontre des vacances à l'américaine. On décide de faire le tour du lac à pieds et de crapahuter un peu dans les rochers (malgré nos chaussures de villes, gloups). Je taperai brièvement la conversation avec une famille américaine plutôt étonnée de voir des français venus jusqu'ici.

Un peu plus loin un mariage se prépare. Joli coin pour se marier, il faut bien le reconnaître.
Lovely Sylvan Lake
Sylvan Lake
Sylvan Lake
Sylvan Lake
Un invité bien en avance...
Comme nous avons beaucoup tourné depuis ce matin, nous ne sommes en fait qu'à une petite trentaine de minutes de l'hôtel. Nous décidons donc d'y passer afin de nous pauser et de vérifier si les bagages sont ou non arrivés. Car s'ils ne le sont pas, il faudra tout de même songer à aller acheter des chaussures plus adaptées à la marche, un petit sac à dos et quelques petites choses, et bien entendu tacher de nous renseigner auprès de l'aéroport de Rapid City. Nous arrivons à l'hôtel et les bagages ne sont toujours pas là. La personne qui est à l'office à ce moment là se propose de téléphoner elle-même. Bonne nouvelle, nos bagages sont en route. Bon, nous voilà au moins rassurés sur ce point.

Du coup on en profite pour prendre une douche car les exercices ludiques du Sylvan Lake et la chaleur de l'après-midi s'installant, nous avons pas mal chaud. Et dire que le matin au
Mont Rushmore nous nous baladions en polaire !
Après cette petite pause, on repart en direction du
Crazy Horse Memorial. Nous décidons de ne pas prendre la route la plus rapide mais celle qui nous semble la plus sympa, à savoir celle qui longe la voix ferrée du petit train à vapeur historique qui rejoint les villes de Keystone et Hill City (
Emy a pris ce train en 2010). On espère ainsi croiser ce train. Tentative ratée, on l'entendra mais on ne le verra pas.

La route est verdoyante et tranquille, le trajet agréable.
Nous arrivons ensuite assez rapidement au
Crazy Horse Memorial (à une quinzaine de minutes de Hill City), sculpture gigantesque toujours en construction depuis plus de 60 ans et qui le sera pour encore une cinquantaine d'années au minimum !
Ce Memorial titanesque représente le guerrier sioux et héros de la résistance indienne Crazy Horse. 195 mètres de longueur et 172 mètres de haut, 27 mètres rien que la tête - en comparaison, le
Mont Rushmore mesure "seulement" 18 mètres de haut. C'est en 1948 qu'eut lieu la toute première explosion. Les travaux étaient alors dirigés par Korczak Ziółkowski sculpteur qui participa à la réalisation du
Mont Rushmore pour Gutzon Borglum, uniquement avec des fonds privés. A la mort de Ziółkowski en 1982, c'est son épouse et sept de leurs enfants qui prirent le relais. Aujourd'hui, les travaux sont toujours financés pas des fonds privés, et en partie par les entrées des visiteurs, à savoir 10 $ par personne tout de même (gratuit pour les moins de 6 ans). Pour être tout à fait honnête, c'est un peu cher pour voir un monument en construction de très loin, mais on a l'impression de faire un don pour une bonne cause. Tout du moins on l'espère fortement car le monument est sujet à polémiques, que ce soit chez les blancs ou chez les sioux. A titre personnel, je ne sais pas encore quoi en penser…
Ca reste un lieu assez étonnant à découvrir. Un tel projet est complètement fou !
Avant d'aller voir le monument (depuis la terrasse) et sa maquette, je vous conseille de vous rendre dans la salle de projection où est diffusé tout au long de la journée et à horaire très réguliers un court film (une vingtaine de minutes) sur la construction du Memorial et l'histoire de la famille Ziółkowski, vous pourrez ainsi vous faire une opinion sur les motivations de Korczak.
Le musée-boutique géant est à l'image du Memorial, à savoir juste énorme, et dès que vous vous arrêtez sur un stand, des indiens vous proposent de vous vendre des tas de trucs, un peu agaçant sur la durée (ils sont tellement nombreux que vous ne pouvez pas décemment acheter un souvenir à chaque stand et ils se vexent quand vous repartez sans rien !

). Mais les panneaux et les vitrines sont très intéressants, de nombreux objets, costumes, artisanat, etc… Et en bonus, on est content, on découvre le costume de Pocahantas du film de Terrence Malik (
The New World).
Il n'est que 16 h 30 quand nous quittons les lieux. Avant la visite nous avions décidé d'y revenir plus tard dans la soirée car en ce week end festif du labor Day, à la tombée de la nuit, un spectacle sons et lumières est proposé aux visiteurs. Problème… pour cela nous devons repayer l'entrée ! Donc, non, désolée mais ça sera sans nous. Donc un conseil, si vous voulez voir le spectacle (car il y en a tous les week-end en été), visitez le Memorial en toute fin de journée, juste avant la fermeture, ça vous permettra de rester ensuite pour le show compris dans le prix du billet d'entrée.
La fin d'après-midi approche et nous nous dirigeons à nouveau vers le
Custer State Park, mais cette fois pour y parcourir la Wildlife Loop Road dont nous espérons beaucoup. Nous traversons d'abord la ville de Custer (nettement moins charmante que Keystone) et roulons en direction de l'Est. Nous renonçons à faire le détour par le Mount Coolidge Lookout (un point de vue sur les Black Hills) car nous voulons vraiment passer cette fin de journée au milieu des animaux et voulons grappiller le maximum de temps. Les retours d'expériences que j'avais pu lire sur cette route étaient assez variables. Certains y avaient vus des burros, d'autres des bisons, d'autres encore rien du tout.

Dans tous les cas on se dit que pour voir des animaux les débuts et fins de journées, c'est mieux, mettons toutes les chances de notre côté !
Comme nous avons déjà notre pass pour le parc, nous passons devant la cabine des rangers sans nous arrêter et ils nous saluent de loin. Nous entamons cette fameuse Wildlife Loop Road où il convient de rouler au pas. Nous scrutons de droite et de gauche et voyons des dindons sauvages trop rapides pour l'appareil photos. Encore quelques minutes puis nous croisons deux burros… les premiers, car le meilleur reste à venir.
Two burros...
Au détour d'un virage nous tombons sur ce qui semble être… le territoire des burros !

Des burros partout, tous aussi adorables les uns que les autres. Il est bien écrit dans le guide papier que nous avait fourni le ranger le matin même qu'il convient de faire attention, qu'il y a des risques, etc… wouai, wouai, n'empêche que les burros vous léchouillent le visage quand vous êtes en voiture et viennent naturellement vers vous quand vous descendez du véhicule. Et moi je leur dis quoi aux burros ?
"Non, ça va merci, pas envie de vous voir !" 
Tous ces burros au milieu des vallons verdoyants illuminés par une douce lumière de fin d'aprèm, mais c'est MAGNIFIQUE !
Sweet !
New friends !
Born free !
Adorable !
Les quelques familles présentes sont tout autant excitées que nous, les adultes autant que les enfants si ce n'est plus.

Tout le monde caresse son burros. Mais ces burros, ils viennent d'où ? Ils sont nés ici ? Non, il s'agit en fait des descendants des troupeaux qui il y a quelques années transportaient les visiteurs au sommet du fameux Harney Peak. Ces tours guidés ont ensuite été arrêtés et les burros remis en liberté dans le parc. Aujourd'hui, les visiteurs sont heureux de venir saluer les burros. Ce ne sont que quelques mules me direz-vous… oui, et non, car ces petits ânes sont en liberté…
Après cet interlude sentimental, nous devons choisir quel chemin prendre…
Which way ?
Nous avons encore du temps devant nous avant la tombée du jour alors nous bifurquons sur la Fisherman Flats Road, une piste gravillonnée (accessible sans 4x4) qui traverse ce magnifique vallon herbeux où, paraît-il, il est possible de voir des troupeaux de bisons. Depuis le début d'après-midi nous cherchons les bisons sans les voir, c'est qu'on a envie de voir des bisons nous !
So peaceful...
Mais avant les bisons, dans ce décors paisible et magnifique où nous sommes absolument tout seuls

, nous croisons des biches (plus précisément des white-tailed deer), et… comble de bonheur des pronghorns !

Wow, wow, wow !!!! On rêvait depuis notre voyage de 2009 de voir des pronghorns, nous sommes fous de bonheur

, on n'espérait pas autant de cette Wildlife Loop Road. Le Custer Park se révèle être un lieu très dépaysant, magnifique, émouvant…
Mais qui êtes-vous donc ?
Une bien belle rencontre...
Nous quittons le parc et rejoignons la route principale sans avoir vu de bisons quand tout à coup nous apercevons au loin (mais vraiment loin !)… un troupeau de bisons. Nous faisons tout de même un arrêt photos sur le bord de la route… il faut nous comprendre, ce sont les premiers bisons du voyage ! Même si ceux-ci sont encerclés de barrières.
Des bisons !
Quelques minutes plus tard, en direction de l'hôtel, alors que la lumière s'affaiblit, je dis à Gizmo :
"Oh ! Un bison !" Comme on s'était fait le coup plusieurs fois dans la journée,

il ne me croit pas une seconde et pense à une nouvelle blague.

Mais cette fois c'est vrai
"si, si, je t'assure, là, sur le bord de la route, y'a un bison". Il voit bien que je ne blague plus et fait demi-tour un peu sceptique tout de même car lui a surtout vu une maison et un jardin. Oui, justement, c'est ça qui est trop bizarre, le bison est juste à côté de la maison, devant le jardin. On s'arrête… et oui… tout près de la maison, en train de se désaltérer tranquillement, il y a bien un bison !
Sur la photo, on ne voit pas la maison qui se trouve juste sur la gauche. Je pense aux gens qui habitent là, voir un bison venir ainsi se désaltérer devant chez eux, c'est quand même peu commun !
Devine qui vient dîner !
Bon… on aura vu des bisons !
De nouveau de passage à Custer, nous en profitons pour faire quelques courses dans le premier supermarché venu. Pas de chance, il n'y a pas de Stouffler, je suis déçue !

La nuit tombe peu à peu, nous croisons encore des biches au bord de la route. Il est tout juste 20 h 00 quand nous repassons devant le
Mont Rushmore qui est sur le chemin de l'hôtel. 20 h 00 ? Mais c'est justement à cette heure que commencent la cérémonie et les illuminations du monument ! Et si on y allait ? Let's go ! Nous voilà donc de retour au
Mont Rushmore sous un très amical
"welcome back !" de l'employée du parking sans même qu'on ait à montrer notre pass, trop forts ces américains !

(On en conclut que la plaque d'immatriculation a été scannée juste avant le guichet).
La cérémonie commence alors que nous traversons le parking et nous entendons les commentaires via les haut-parleurs. Une fois sur la terrasse, il y a beaucoup de monde debout et les gradins sont pleins. Nous restons là quelques instants quand Gizmo a eu une idée, allons plutôt jusqu'au dernier point de vue du Presidential Trail. Il est tout près de la terrasse (tout juste quelques secondes à pieds) et on devrait réussir à l'atteindre, même dans le noir complet (la torche est dans la voiture). Bingo, l'idée de Gizmo est excellente car il n'y a personne (une famille viendra nous rejoindre ensuite). On s'installe donc sur le petit muret, nous sommes assis, avec une jolie vue sur le
Mont Rushmore dans la nuit noire et nous pouvons profiter confortablement de la leçon d'histoire, bien emmitouflés dans nos polaires.
Je vous mentirais honteusement si je vous disais que j'avais tout compris… chaque président est pris un par un et on nous conte des portions d'histoire de l'Amérique jusqu'à la mise en lumière finale et à l'hymne national, toute la foule debout chantant la main sur le cœur. Très patriotique et sincèrement émouvant. Les américains ont un rapport à leur hymne et à leur drapeau très différent des français. Ce n'est ni mieux, ni pire, juste complètement différent et je suis heureuse d'avoir pu vivre ce moment plein d'émotions.
Pour finir, une inévitable chanson, tel un générique hollywoodien, puis une vague de remerciements et d'hommages pour absolument tous les soldats, de toutes les guerres auxquelles ont participé les USA (30 minutes assez longuettes tout de même…), sur une musique très patriotique hollywoodienne également. Une bonne partie du public partira d'ailleurs pendant cet hommage.
La cérémonie terminée, nous quittons les lieux en direction de notre hôtel. Je vais directement à l'office pour voir si nos valises sont arrivées, et elles sont là ! Youhouuuu !
Nous prenons le dîner dans la chambre (où il y a frigo et micro-onde) : des plats de pâtes, des laitages et des fruits au sirop. Les pâtes ne sont vraiment pas terribles, je pense alors à Legibus et à ses Stouffler, ça m'amuse et j'explique le pourquoi du comment à Gizmo.
Puis le sommeil nous gagne… une bien belle journée, remplie de belles découvertes

, je m'endors encore émerveillée par les Needles, les bisons, les hautes herbes au crépuscule, les burros, les pronghorns… demain, les Badlands ! Nous ne la savions pas encore, mais nous allions faire une randonnée… mémorable !