5eme Jour: DEATH VALLEY
Nous quittons tôt le matin et à regrets notre suite, puis après un rapide check out, on fait un combo bus express jusqu'au Mandalay Bay-taxi jusqu'à l'aéroport (plus economique d'une quinzaine de dollars), pour prendre possession de notre voiture de location afin de tracer à l'ouest.
Comme tout etait payé d'avance, j'etais curieux de savoir ce que la femme au guichet allait vouloir nous vendre en plus... Parce que les loueurs, quelqu'ils soient, ce sont des fortiches pour vous refiler tout un tas d'options et d'upgrades qui font gonfler une note à la base peu chère, vu que la location de véhicules est quand meme très abordable au pays du tout automobile...
Une fois que la bonne dame eut vérifié que toutes les assurances etaient déjà payées, qu'on avait déjà le gps, qu'on avait pas besoin de siège enfant, etc... elle n'avait plus que le surclassement à nous proposer pour gagner un peu de flouze sur notre dos.
Mais pas de chance pour sa pomme, elle est tombée sur des marseillais, et commerçants en plus ! Donc quand elle nous propose pour 45 dollars HT par jour un SUV ou un muscle car, on lui oppose un refus narquois.
Deuxième essai avec une offre de 15 dollars HT par jour pour la catégorie superieure à ce qu'on avait prévu, c'est à dire une compacte basique 4 portes. Nouveau refus poli mais ferme.
Résignée, elle regarde ce qui lui reste au parking dans la catégorie prévue pour qu'on déguerpisse fissa, mauvais clients que nous sommes ! Je me dis que s'il n'y a plus rien en stock, elle sera de toutes façons obligée de nous upgrader gratos. Malheureusement, il reste une Beetle pour nous... Bon, j'ai rien contre cette dernière, mais meme si elle a surement un meilleur moteur qu'ici, c'est pas vraiment la voiture americaine revée pour dérouler de l'asphalte jusqu'à LA...
Voyant mon hésitation et ma mine un peu sceptique, elle se dit qu'une ouverture est possible pour se faire quelques biftons sur notre compte finalement. Ce qu'evidemment j'avais un peu prémédité !
Bien nous en a pris car pour le coup miss Avis nous a fait un beau cadeau en nous proposant pour 10 dollars HT par jour, de choisir une caisse... dans n'importe quelle categorie hormis les luxes et muscle cars ! Y compris pour un beau SUV. Ce que j'aurai pris si et seulement si elle ne nous avait pas inclus dans ce choix un coupé dont on associe souvent le nom à l'ouest americain... une Ford Mustang ! Rhaaaaa ouais ! On a meme le choix entre cinq couleurs dispos ce jour ci. Bon, pas la version décapotable ni GT, mais on en a pas besoin.
Inutile de préciser qu'on fait nos grands seigneurs en la validant avec une moue appréciatrice, mais sans montrer l'excitation interieure qui nous etreint ! Parce qu'il faut que je gratte le second conducteur sans frais supplémentaires egalement. Chose faite la minute suivante. Business is business ma bonne dame...
Une fois dans le grand parking d'Avis on se précipite à l'emplacement E17 indiqué sur la fiche pour découvrir ce monstre de classe, d'une belle couleur gris foncé ! On prend déjà des photos de la belle, on installe nos sacs dans le coffre assez réduit mais suffisant pour deux, je m'installe avec un petit frisson au volant, je check les commandes, rétros... mais au moment de regler le siège pour atteindre correctement les pédales, je sèche ! Mais où est cette put*** de manette qui m'empeche de finaliser l'acquisition avant le démarrage du moteur ?!
L'air con je me rends à la guérite du parking pour demander à un employé de venir aider le touriste que je suis, et vu son air souriant sans etre trop moqueur, je comprend que je suis pas le premier européen à lui faire le coup...
Par contre, là où je vais vraiment avoir l'air con, c'est quand il va se diriger vers une Ford Mustang certes, mais d'un magnifique gris... clair ! Qui se trouve pile en face de celle que nous avons déjà investit ! Là je me rends compte en levant les yeux, que je suis bien sur l'emplacement E17...
Nous avions cru que le panneau annonçait celle d'en face, et que la couleur argent etait le gris foncé... On a juste failli partir avec la mauvaise caisse ! On ne serait pas allé bien loin vu qu'il y a une dernière vérification avant de prendre le large, mais c'etait assez comique dans notre précipitation à découvrir notre bijou...
Sur ce on déménage nos affaires, on refait le tour du véhicule, et cette fois je réussis à régler mon siège conformément à la démonstration du mec, qui est sans doute reparti avec l'idée que nous ne savions pas lire ou etions juste un peu abrutis...
Mais qu'importe, cette Ford est le modèle au dessus, avec ses sièges en cuir, so je fais ronfler le moteur, je passe le dernier controle et je débouche au grand soleil pour filer vers notre prochaine etape.
Rouler dans l'ouest americain, c'est indéniablement à chaque fois pour moi un des plus grands plaisirs du voyage. Ces grandes etendues naturelles, ces paysages plus ou moins désertiques, ces larges rubans d'asphalte en ligne droite sur plusieurs miles, cette lumière, tout ça sans stress ni quantité d'autres voitures...
Ca donne un sentiment de sérénité, une puissance paisible et infinie. Que ce soit au volant de n'importe quel véhicule j'entends.
Après bien sur, conduire une beauté au nom aussi légendaire et typique, ouais, ça le fait plus que grandement. L'impression de vivre pleinement une part d'authenticité sublimement americaine.
On a décidé d'aborder le parc national de la Vallée de la Mort par le sud, histoire de voir plusieurs centres d'interets en rejoignant Furnace Creek, plutot que d'y aller directement par le nord, redescendre à ces memes centres d'interet dans l'aprem ou le lendemain, et repartir par le nord pour redescendre sur LA par Trona.
Du coup, en passant par la 178 nous sommes peinards sur la route, croisant peu de bagnoles et pouvant profiter à loisir des paysages si dépaysants.
Après de longues lignes droites, quelques virages, un passage à 5000 pieds par un col dont on a oublié le nom, c'est la grande descente jusqu'au croisement de la 127, que nous prenons vers le nord.
Nous arrivons presque immediatement à SHOSHONE, où nous faisons une première pause, afin de respirer l'air du désert, et découvrir ce village, où une poste fait face au Crowbar Cafe & Saloon et au minuscule visitor center-musée en gros.
La vieille pompe à essence envahie d'objets et véhicules divers rouillés, la façade décrépite de la baraque du Sheriff, le saloon... Y a pas à tortiller... on y est ! Dans l'ouest des cowboys, dans l'ouest désertique, dans les films ou presque ! Ambiance surréaliste avec les paysages à perte de vue, la route qui s'etend à l'infini, la poussière qui paresse au gré d'une légere brise, et ce silence... Parfois un SUV passe pour troubler cette quiétude, mais on y fait à peine attention tant le calme retrouve très vite ses droits. Un tableau je vous dis.
Le temps de pousser la porte du visitor center joliment archaique, d'acheter quelques pierres mignonnes de cette vallée géologiquement marquée, puis de manger simplement mais excellement au Saloon, sans oublier le pipi du midi, et c'est reparti pour Death Valley à proprement dit.
Un endroit unique, que je kiffe à mort comme disent les plus jeunes ! Encore plus cette fois ci grace à une température n'excedant pas les 25 degrés, ce qui est bien plus agréable que les 50 degrés lors de notre dernier passage en juillet 99....
Je suis vraiment amoureux de cette partie de la Californie. Bon comme pas mal d'autres coins de l'etat, c'est vrai. Mais j'y ressens quelque chose de spécial là bas. Cette sérénité dont je parlais, pour décrire au mieux cette impression interieure.
La zénitude totale. Hors du monde et de tous ses tracas, et une remise à niveau des pauvres humains prétentieux que nous sommes face à la Nature... Pour etre plus terre à terre: une grande claque dans la gueule qui nous fait relativiser sur notre place dans l'univers.
Ca se sent dès qu'on franchit le panneau "Death Valley National Park", mais cela devient limpide lorsqu'on foule de nos petits petons les ruines d'Ashford Mill, pour devenir d'une pureté absolue quand on se perd dans Badwater Basin... Cette immensité m'émeut.
Les premières ne sont qu'un petit amas de pierres et de bois, mais on imagine à partir de là ce qu'ont pu endurer et découvrir les premiers colons... Je ne peux qu'imaginer leur périple à dos de canasson tirant les chariots. A coup sur emerveillés par ce spectacle brut, mais apeurés par l'inconnu immense.
Pour Badwater Basin, cette grande etendue de sel qui constitue le point le plus bas d'Amerique (85,5 mètres en dessous du niveau de la mer), c'est juste incroyablement beau. Evidemment touristique, avec son petit parking et son ponton aménagés, mais cela n'enlève rien à la beauté des lieux. On s'enfonce une bonne centaine de mètres dans les terres pour embrasser du regard l'horizon et avoir le souffle coupé où qu'on pose les yeux. Bien sur on gratte le sel, on fait mumuse avec, on mitraille les alentours, mais plus que tout on est là, tout petits, gavant nos yeux et nos oreilles de ce show naturel. Unique.
Pour la petite histoire, nous ne savons toujours pas comment un rouleau de scotch adhésif s'est retrouvé perdu à Badwater Basin ! Un des mystères de l'ouest...
On reprend notre route pour découvrir plus loin Devil's golf course, cet endroit etrange formé de concrétions pierreuses et salines, irrégulières et poreuses recouvrant des kilomètres carrés de sol. On se croirait dans un paysage lunaire avec les montagnes en fond. Une mer de pierres imbriquées anarchiquement. Vraiment atypique.
Parfois on s'arrete pour aller à la découverte de points de vue sublimes, parfois c'est juste pour ecouter le silence et respirer l'air pur. Faire des photos à la con et danser la gigue... La liberté.
Nous prenons ensuite le chemin à sens unique pour aller admirer Artist's drive and Palette. Encore une fois, les couleurs sont magnifiques. On se permet de descendre dans le canyon pour explorer le coin, et voir de plus près ces mineraux colorés, la colline d'un mauve improbable nous ayant le plus impressionée.
Le soleil commençant à descendre derrière les montagnes, cela donne un spectacle chatoyant, faisant miroiter le vert et l'ocre entre autres. Impressionnant.
Le temps avant la nuit nous manquant pour découvrir Dante's view, on fait l'impasse à regret, Zabriskie point sera egalement zappé pour cause de travaux de réhabilitation sur le site, so nous rejoignons tranquillou Furnace creek ranch, qui sera notre etape pour ce soir. Ce resort crée en plein milieu du désert ressemble à une oasis bienvenue. Sa piscine exterieure chauffée aussi, cela va sans dire !
La soirée est agréable, avec le petit apéro Budweiser/pringles sur notre balcon privatif. Les chambres sont un peu archaiques mais confortables, bien equipées et propres. Par contre tout y est cher, des restos à l'epicerie générale-magasin de souvenirs. Normal vu l'endroit isolé je suppose. Mais question calme et repos, c'est idéal.
Une journée magnifique, dont les mots et meme les photos sont dérisoires, incapables de retranscrire une telle beauté. Le vivre est la seule solution pour en saisir pleinement l'essence.
6eme jour: Death Valley/Los Angeles
Au petit matin, nous emergeons avec un splendide lever de soleil sur les contreforts lointains que nous admirons dudit balcon pourvu de rocking chairs.
Passé le check out, nous retrouvons notre Mustang adorée (oui oui je sais...), pour reprendre la route avec en ligne de mire Los Angeles.
Mais inutile de se presser outre mesure, autant profiter de la région en cette journée idéale, et ne pas prendre l'itinéraire le plus rapide ni le plus court pour atteindre Hollywood. C'est pas tous les jours qu'on explore Death Valley. Meme si les heures filant, nous ne pourrons pas monter au nord voir Scotty's castle ou la ghost town de Rhyolite par exemple.
Continuons plutot à apprécier ce que nous offre le désert, et ne nous laissons pas rattraper par le speed du quotidien. Restons hors du monde quelques heures encore, avant de retrouver la civilisation à partir de Ridgecrest....
Pour cela, fonçons sur la 190 puis obliquons sur la Panamint valley road, rejoignons la Trona wildrose road et filons sur la 178. De quoi se sentir seuls au monde en cette matinée, tant les voitures croisées sont rares.
On croise des paysages encore une fois sublimes, quelques dunes de sable inattendues, des etendues rocailleuses, puis de plus en plus vertes au fur et à mesure de notre descente vers le sud, faisant meme un large détour pour voir Ballarat, petite ville fantome perdue. Le souci la bas, c'est que dès que nous sommes sortis de la caisse, des dizaines de petits insectes non identifiés en ont voulu à nos corps d'athlètes, ce qui nous a fait re-rentrer fissa dans la Ford ! Bien tenté...
On aurait voulu finir par les Trona pinnacles... mais on ne les a jamais trouvé ! Pourtant j'avais bien potassé le sujet et repéré la piste d'accès au sud de Trona, mais que dalle. Ma foi, allez comprendre...
Par contre Trona c'est vraiment pas beau du tout comme bourgade... Des installations industrielles par ci, un petit aeroport aux herbes folles par là... et des centaines voire des milliers de carcasses de véhicules en tous genres rouillées ou explosés ! Je sais pas si c'etait des casses à ciel ouvert où des parking à rebuts, mais le tout donnait un spectacle et une ambiance post apocalyptique reellement malsaine/dérangeante/ensorcelante, rayez les mentions inutiles ! Mad max power.
On y a fait l'essence, on a attendu qu'un long train de marchandise daigne bouger ses fesses au passage à niveau et on a filé.
Le détour par California City fut tout à fait inutile (avec un nom comme ça on s'est dit que ça devait etre joli...), mais pas l'arret à Mojave où je me suis délécté de mon burger avec frites sans oublier l'enorme dessert aux trois chocolats browniesque ! Il etait impossible que je ne fasse pas un Denny's dans l'ouest, non mais ! Meme si ça n'a pas tellement plu à ma compagne pour une fois. Vive la diététique locale !
Mais trêve de lambinerie, il est tant de s'adapter au rythme de la ville tentaculaire qu'est Los Angeles. En commençant par ajuster sa conduite une bonne heure avant ! Le jour et la nuit entre le relax du désert et l'attention de tous les instants sur les highways à 6 voies. Cependant, meme si c'est assez sportif et que ça déboule de tous les cotés, ça reste moins dangereux qu'en Europe du sud et de loin. La première fois ça surprend, mais on s'y fait vite une fois qu'on a pigé les codes.
On a de la chance d'arriver un vendredi aprem sur LA, car si le traffic est chargé ça roule quand meme bien, contrairement à l'autre sens où ça bouchonne sévère par moments. D'ailleurs, on aura chaque fois cette chance lorsque nous prendrons la voiture les derniers jours, même si nous la laissions au parking sécurisé de l'hotel le plus souvent possible.
Le temps est maussade à l'image de ce que je pense de la mégapole, avec qui j'entretiens un rapport ambigu. Trop grand, trop etendu, trop disparate, trop bordelique, trop tout. Et pourtant j'y reviens, car y a des coins vraiment sympas, voire carrément beaux. Et je tiens à dire de suite que cette fois j'ai beaucoup apprécié ces quatre jours là bas. Car j'avais plus ciblé les visites et découvertes, privilégiant la qualité à la quantité. Les dernieres fois nous avions voulus tout faire et au final une impression mitigée car trop superficielle.
Nous n'avons aucune difficulté à rejoindre notre Best Western sur la partie de Sunset boulevard qui nous interesse, nous qui voulons etre près des clubs mythiques des 80s.
Et nous n'attendrons pas le lendemain pour nous pointer au Rainbow club, legendaire chez les hardos, mais qui ne fait plus salle de concert. Juste resto et bar rock.
Un bar dans son jus, avec nombre de photos d'epoque des chevelus célèbres et une ambiance un peu kitch. Mais musicalement ça assure, avec du hard rock à la pelle, de Def Leppard à Judas Priest en passant par Motley crue, Journey, Foreigner, Ozzy Osbourne, Guns, Ratt, etc... On s'y sent comme à la maison. Pour 10 dollars de cover charge avec deux boissons incluses, c'est très honnete pour LA. On y retournera le lendemain pour la peine !
Le temps d'une petite balade sur Sunset pour rejoindre l'hotel, et c'est l'heure du repos bien mérité après cette longue journée. Dans un etablissement sympa, avec chambre au pied de la piscine dont malheureusement nous ne pourrons profiter vu le temps plutot frais et parfois pluvieux.
Voyager, c'est naître et mourir à chaque instant.
[Victor Hugo]