19.07.
La nuit fut moins froide, mais avant le lever du soleil, il y a de la brume sur la rivière. C’est très joli, presque un peu mystique.
Nous prenons notre petit déjeuner et allons au Lodge pour prendre le bateau. Avec nous, il y a trois jeunes filles sud-africaines. C’est parfait, nous sommes donc seulement sept personnes et notre guide.
Le guide nous explique qu’il sera difficile de voir des crocos hors d’eau, car il fait encore froid. Nous naviguons jusqu’aux Popa Falls et voyons à plusieurs reprises des hippopotames, beaucoup d’oiseaux et notre premier crocodile. En fait, nous voyons seulement ses yeux et le haut de sa tête à la surface de l’eau. Impossible de savoir si nous avons affaire à un grand ou petit spécimen. Nous nous arrêtons devant les Popa Falls. Elles sont très petites, le terme Falls est exagéré.

Popa Falls
Notre guide est vraiment génial, il répond gentiment à nos nombreuses questions sur la faune et la flore, mais également sur la population de la région. Nous apprenons beaucoup sur la hiérarchie de la famille, les us et coutumes et leur façon de vivre. Nous avons l’impression qu’il prend autant de plaisir que nous à discuter et surtout de nous parler de sa famille.
Nous apprenons que les huttes entourées d’une clôture en roseaux ou bambous sont habitées par une seule famille. Ils vivent tous ensemble, grands-parents, parents, tantes, oncles et cousins. Plusieurs de ces habitations forment un village.
Les enfants appartiennent au clan de la mère, jamais à celui du père. Quand la mère décède, c’est l’oncle, donc le frère de la mère, qui est responsable des enfants.
Aujourd’hui, beaucoup de choses sont en train de changer, de plus en plus de gens se marient officiellement à l’Etat. Mais, les deux façons de faire sont encore d’actualité dans la région. Le mariage à l’état civil et le mariage traditionnel. Notre guide fait partie du clan des « éléphants ». Son père et sa mère sont divorcés, ils sont cinq enfants du côté de sa mère et une bonne vingtaine du côté de son père. En effet, selon la tradition, un homme peut prendre plusieurs femmes et donc avoir beaucoup d’enfants.
Il nous explique aussi qu’il est en train de construire une maison en ciment. Il ne sait pas quand il pourra la finir, car les matériaux de construction sont très chers. Une maison en ciment a plus de valeur qu’une hutte en roseaux, mais il leur faut souvent plusieurs années pour finir la construction. Il travaille depuis six ans au Lodge et nous explique qu’il est très difficile de trouver du travail dans la région. Il s’estime donc chanceux.
Nous faisons demi-tour et retournons en direction du Lodge. Waouh, le crocodile que nous avons aperçu tout à l’heure est sorti de l’eau. C’est une belle bête, d’après le guide, le croco mesure environ trois mètres. Il est immobile, la gueule est entre-ouverte, il est vraiment impressionnant.
Nous dépassons notre Lodge et naviguons en aval. Nous voyons encore un crocodile, beaucoup d’hippopotames, deux loutres et de nombreux oiseaux. En remontant la rivière, nous pouvons observer toute une famille d’hippopotames. Ils sont une douzaine, il y a même des bébés.
Arrivés au Lodge, nous remercions chaleureusement notre guide et lui donnons un bon pourboire. Nous avons fait une belle croisière, vu beaucoup d’animaux, mais aussi fait une belle rencontre humaine.
De retour au camp, nous plions les tentes et partons pour notre prochaine étape. Nous passons un contrôle policier et entamons la longue route bitumée qui traverse la bande de Caprivi. Rapidement, nous voyons des éléphants, non loin de la route. Eh oui, nous nous trouvons dans le Bwabate NP.
Juste avant d’arriver à Kongola, nous prenons à droite pour rentrer au Susuwe NP. Nous payons l’entrée pour nous quatre, 160 $N et 10 $N pour la voiture. La dame nous donne une carte du parc et nous explique quelles pistes emprunter. La carte nous laisse perplexe, il est très difficile de comprendre par où il faut passer. D’après la dame, pour aller au Horse Shoe, il faut toujours prendre les pistes sur notre droite.
Les pistes de sable sont assez étroite, nous espérons de ne croiser personne. Nous nous trouvons entouré d’arbres et de broussailles. Les vingt premiers minutes, nous ne voyons aucun animal. Puis, nous pouvons observer quelques éléphants, koudous et impalas.
Le sable sur la piste devient de plus en plus profond et mou. Une nouvelle bifurcation, nous hésitons, à droite, à gauche ? La dame nous a dit de toujours prendre à droite, donc nous prenons à droite. Notre hésitation fait ralentir Benoît, nous roulons encore quelques mètres et la voiture s’ensable.

Mince, la vitesse n’était plus suffisante. Nous ne pouvons plus avancer ni reculer. Nous sortons de la voiture et essayons de la pousser. Mélina rigole, elle trouve ça drôle et n’arrête pas de nous filmer avec sa GoPro. Nous sortons la pelle du coffre et commençons à creuser devant et derrière les roues, mettons les tapis devant les roues arrière et dégonflons encore les pneus. Mais il n’y a rien à faire, la voiture ne bouge pas ! Benoît enclenche le 4x4 H4, nous poussons, mais la voiture ne bouge toujours pas.
Bon ben, je dis à Mélina d’arrêter de filmer, la situation n’est plus du tout drôle. Nous sommes loin de tout et n’avons pas croisé d’autres voitures. De plus, il y a des lions, léopards, lycaons et éléphants dans ce parc. Il y a des os pas loin de la voiture, ils sont secs, le festin ne doit pas dater d’aujourd’hui. Il y a également de nombreuses empreintes d’éléphants.
Le dessous de la voiture est posé sur le sable, les roues ne peuvent donc plus tracter. Benoît commence à enlever le sable avec la pelle et nous autres avec nos mains. Trois personnes pour enlever le sable et une qui surveille les alentours. Heureusement, nous nous sommes ensablés dans un endroit assez dégagé. Je ramasse des branches séchées pour les poser devant les roues avant, afin qu’elles puissent trouver une meilleure adhérence, quelques chose de plus dur que du sable. Nous essayons de nous souvenir ce que Joseph de Tourmaline nous a expliqué au sujet des différentes fonctions du 4x4. Mais, ça fait déjà trois semaines, c’est loin tout ça. Tout en coup, une petite illumination, Joseph nous a parlé d’un mode d’emploi qui doit se trouver dans la boîte à gants. Eh oui, merci Asco, tout est bien noté sur une petite feuille.
Benoît se remet au volant, lit le mode d’emploi du 4x4, met la position L4, nous poussons, et, la voiture avance enfin.
Ouf, je me voyais déjà camper ici, au milieu de nulle part. Bon, on a les tentes sur le toit de la voiture, de la nourriture et de l’eau. Nous aurions donc pu passer la nuit sans problème. Mais où sont donc nos tapis que nous avons posés devant les roues ? Nous creusons dans le sable, Mélina arrive heureusement à les retrouver.
Nous continuons la piste, car nous voulons aller jusqu’au Horse Shoe. Le sable est vraiment profond, mais Benoît, avec la position L4 et les pneus bien dégonflés, maîtrise. Nous sommes secoués de droite à gauche, de haut en bas, Tim est Mélina rigolent.
Au bord de l’eau, nous voyons de nombreux animaux. Deux hippopotames se bagarrent dans l’eau, ils ont la gueule grande ouverte, c’est très impressionnant ! En dehors de l’eau, il y a une grande famille avec des tout-petits. Un grand crocodile se prélasse au soleil et un peu plus loin, il y a un troupeau d’éléphants.
Arrivés au Horse Shoe, nous nous arrêtons et profitons de la vue. Ici, nous ne voyons pas d’animaux, nous sortons donc de la voiture en gardant un œil sur les alentours.

Horseshoe
Puis, nous revenons sur nos pas, les éléphants vus auparavant sont maintenant sur la piste. Une femelle n’est pas très contente de nous voir, elle donne des signes d’agressivités. Nous reculons de 50 mètres, elle se calme aussitôt. Heureusement, le sable n’est pas trop profond à cet endroit. Les éléphants partis, Benoît accélère, mais tout d’un coup, un jeune éléphant traverse la piste en courant. Nous arrivons tout juste à freiner, l’éléphant frôle presque notre voiture. On l’a échappé belle, si nous avions été un peu plus vite, la collision aurait été inévitable.
Plus loin, il y a un plan d’eau, un grand mâle est en train de s’asperger avec de l’eau. Il est magnifique, je dis à Benoît d’arrêter, j’aimerais le prendre en photo.

Il y a bien 50 mètres entre nous et lui, mais il n’apprécie pas du tout que nous soyons là. Il sort de l’eau et court dans notre direction. Oh là là, c’est très rapide un éléphant qui court, on ne pensait pas à ce point.

Benoît démarre sur les chapeaux de roues, nous nous éloignons le plus rapidement possible. Dommage, je n’ai pas eu le temps de le prendre en photo.
Afin de ne pas perdre du temps, nous demandons à Mélina d’enclencher l’application GPS de l’iPhone pour voir si elle est capable de nous localiser. Eh oui, même ici, dans la brousse, maps.me ne nous laisse pas tomber.
Le sable est à nouveau plus profond. Benoît m’avertit : il ne s’arrêtera pas, même si je devais voir un léopard.
Nous voyons encore des koudous, impalas, hippopotames, babouins et phacochères. Et, à notre plus grande joie, un grand troupeau de buffles ! De retour au gate du parc, nous regonflons les pneus. Waouh, quelle magnifique visite et surtout quelles émotions !
La route pour le camp Kwando se fait sans problème. Sur la petite piste qui rejoint le camp, nous nous arrêtons pour acheter du bois. Des enfants accourent, puis ils sont rejoints par des femmes.
Tim donne des bonbons sans sucre aux enfants et propose une bouteille de 5 litres vide à une des mamans. Elle accepte avec joie. Un garçon porte un pull complètement troué et beaucoup trop grand pour lui. Tim lui propose son T-shirt, le garçon, encouragé par les femmes, enlève son pull et met le T-shirt. Un autre garçon aimerait aussi recevoir un, Tim sort du coffre un deuxième T-shirt et le lui donne. Mélina donne aussi quelques habits à la maman, pour qu’elle puisse les distribuer aux autres enfants.
La maman insiste pour qu’on fasse une photo des garçons, puis elle pose avec son petit dernier dans les bras. Je lui montre sa photo, elle rigole, elle veut que je la montre aux autres femmes, elle est vraiment contente. Nous passons un chouette moment, quelle belle rencontre !
Arrivés au camp, nous découvrons notre campsite privé. L’emplacement est immense, c’est magnifique ! Je propose aux autres d’aller manger au restaurant du Lodge. Mais non, ils n’ont pas envie. Alors, comme d’habitude, Tim fait le souper, puis nous discutons autour du feu. Quelle magnifique journée !