
Il est très tôt quand nous nous levons : le jour point à peine. Déjà, d’autres randonneurs nous ont précédé. Il fait frais, nous enfilons un coupe vent et finissons de préparer les sacs. Les poches à eau, indispensables, sont remplies, les matelas, la tente, de quoi manger pour les 24 h à venir, de quoi se changer, la pharmacie, et ... les maillots de bain !

Nous plongeons dans la descente, alors que le soleil baigne déjà les hauteurs du canyon. C’est magnifique, le fond est encore dans l’ombre. Contrastes saisissants ! La randonnée commence par les fameuses épingles à cheveux (les «switchbacks») qui nous permettent de descendre très rapidement vers la vallée.
Nous imaginons alors difficilement ce que sera la remontée...
Nous croisons quelques personnes, et déjà des «trains» de mules qui remontent des bagages ou des marchandises.
Tout fiers, nous parvenons au (seul ?) panneau indiquant ‘Supai : 6 miles’. Déjà 2 de faits ! Haut les cœurs !
Sauf que nous sommes maintenant dans le «wash», ce fond de rivière asséchée qui doit se gonfler lors des fréquents «flash flood» qui ont fermé le site à de nombreuses reprises. Parfois tellement violemment, comme lors de la dernière inondation, que Obama lui-même a déclaré l’état de catastrophe... Il paraît que les chutes se transforment à chacune.
Là, la balade devient longuette, pas vraiment épuisante, mais marcher chargé dans le gravier, monter sur un rocher, descendre, etc... alors que la température monte en flèche est de plus en plus fatiguant. Difficile de motiver la troupe !
Aucun point de repère ne permet de se situer ni d’estimer une heure d’arrivée. Quelques pauses plus tard, après que le canyon se soit rétréci, il s’élargit et nous rentrons presque brutalement dans une vallée, passant d’un univers essentiellement minéral, à un environnement fertile, de l’herbe, de la fraîcheur, nous sommes dans un sous bois, suivant un canal d’irrigation, une rivière...
Enfin Supai !

Le village n’est pas très grand, quelques bêtes paissent dans des enclos, vie paisible, pas très riche.
Ça y est, il doit être 9h, nous arrivons au Tourist Office. Poser le sac sur le banc est un premier bonheur ! Nous récupérons nos permis (nous sommes dans une réserve indienne), qui nous donnent également accès au camping... 2 miles plus loin ! Surtout, ne pas oublier du cash, ni d’avoir réservé... Ceux qui dorment au lodge sont arrivés, eux ! Rechargeons nos sacs.
Il faut re-motiver nos ados pour continuer ! Les adultes peinent aussi, d’ailleurs. Plus loin, un bruit de chutes !
Déjà ?! Non ! Ce sont les Navajo Falls, pas vilaines, mais il faut continuer...

Sans presque s’y attendre, le chemin oblique vers la gauche, un grondement, il faut descendre le long d’une paroi... et là, à droite, LES chutes ! Enfin !
Toute (enfin, presque !) la fatigue est oubliée. C’est plus beau qu’en photo, à nouveau une grosse-grosse émotion, chair de poule. Quelques photos, on continue à descendre jusqu’à se trouver face à Havasupai Falls.
Grandiose, extraordinaire, énorme, paradisiaque, merveilleux.


On s’arrache à ce paysage de carte postale pour rejoindre le camping, encore ¼ mile plus loin. Il faut trouver encore un peu d’énergie pour monter la tente, on se pose pas loin du point d’eau potable (une source).
Pas mécontents de se restaurer, malgré l’heure (il n’est que 11h !), on se repose un peu, avant de tenter de continuer notre périple sur Mooney Falls, encore 1 mile plus loin : quand on aime...

J’avais lu que l’accès était scabreux ; c’est pire ! Il faut descendre le long de la paroi abrupte, en se tenant à des chaînes, en traversant des tunnels. Pas très rassurant, avec les enfants ! Mais le spectacle est à la hauteur de l’effort fourni : grandiose ! Et moins de monde qu’aux chutes d’Havasupai. Peut être le seul point « négatif » du site ; on aimerait être seuls ! Bon, on est loin de l’affluence des grands parcs, et on se surprend à remercier silencieusement le peuple des eaux bleu-vert de limiter l’accès !

Ici aussi, les eaux sont de leur étrange couleur bleu-vert, si particulière. On en profite pour se baigner, avant de remonter et rejoindre les chutes principales.

Du bonheur toute l'après midi, pour les yeux, l'esprit et le corps. A nouveau quelques baignades avant de retourner à la tente ; il y a intérêt de dormir pour se lever tôt... et attaquer la remontée.
Mais ... c’est une autre histoire !
