Samedi 19 avril 2014
Back in Needles
« Bon, pas la peine de demander aux Rangers sinon on va ENCORE devoir leur désobéir.»
Ce matin le réveil est difficile après une nuit trop courte. Nous nous trainons comme deux larves, et ce n’est que vers 8h que nous partons au garage.
Bon, celui-ci est encore fermé…en attendant l’arrivée du patron, nous petit-déjeunons dans Number Three de pain, purée d’amandes et de miel, arrosés du thé récupéré à l’accueil du Motel 6.
L’intervention sur la roue est rapide, efficace et produit un résultat…surprenant!
Nous restons tous bouche bée devant la taille de la pointe que le mécanicien extrait du pneu! Toute l’équipe se réunit autour du patron pour examiner l’objet, et personne ne parvient à expliquer comment nous avons fait notre affaire…j’ai la vague impression que le hasard est si improbable qu’ils s’imaginent qu’on l’a fait exprès!
La suite est un rien plus compliquée : je dois appeler Hertz, mon interlocuteur me demande de lui passer le patron : je refuse, qu’il les rappelle lui-même, je suis sur mon portable français moi... il s’exécute mais très vite le patron raccroche…et contacte un autre numéro que vient de lui communiquer Hertz où il tombe sur un type ne parlant visiblement qu’espagnol, puisqu’un des mécaniciens, d’origine mexicaine, est appelé à la rescousse pour assurer la traduction!!!
Enfin il faut faxer un document depuis la station-service du garage (et bien sûr ça ne passe pas!

). Prenant mon mal en patience, je jette un œil au tarif affichés…et réalise qu’entre le coût de l’assurance contractée chez Hertz et les frais de portable que je vais avoir, on aurait eu meilleur compte de payer directement le pneu!
En attendant que le fax soit enfin transmis, je fais le tour des rayons, admirant les articles et les clients. Je ne me lasse pas des sachets de snacks composés d'un mélange peu ragoutant de fruits secs et de bonbons...
...et m’extasie devant les kits de vitamines.
Un type en face de moi, qui arbore des bottes brodées dignes de Ted Mosby (et jurant furieusement avec le reste de sa tenue) s’enthousiasme pour le poulet frit. On doit former un beau spectacle, moi devant mes vitamines, lui devant sa volaille!
Enfin nous voilà en règle! Nous prenons la route de Moab, ressentant un petit pincement au cœur lorsque nous longeons l’archview resort : il y a un an nous étions là, juste un peu plus haut, admirant Arches depuis la belle montgolfière de Lou Bartell…
Nous dépassons la Mecque des 4x4 et poursuivons vers Monticello, sous un ciel qui alterne entre pluie fine et brèves éclaircies.
Arrivés à Canyonlands, la ranger nous accueille avec un grand sourire : on sent que les troupes sont gonflées à bloc en ce week-end de gratuité des parcs nationaux. Nous nous gardons bien de quérir son avis concernant notre randonnée (Big Spring Canyon - Elephant Canyon), car au vu de l’heure déjà avancée de la journée, nous connaissons d’avance le conseil qui ne manquera pas de tomber : « I wouldn't do that if I were you ».
Nous faisons preuve d’un immense sens de l’orientation et nous rendons du premier coup sur le bon parking, celui de Squaw Flat campground (donc en fait on fait comme l’an dernier mais cette fois c’est vraiment le point de départ

). Il est 13h30 : c’est parti pour 18km!
Je craque devant le point de rendez-vous des ranger talks, bancs en rondins disposés en cercles sur un promontoire offrant une vue imprenable sur les environs.
Dans Big Spring Canyon, nous marchons le long d’un cours d’eau. La végétation est dense et verte, par contre la vue ne porte pas loin.
Heureusement notre soif d’espaces dégagés va bientôt être étanchée : une fois remonté le canyon, nous arrivons dans un cirque. Au-delà, c’est un chemin à flanc de falaise sur du slickrock, chouette!
A partir de l’instant où l’on s’élève, la vue sur les alentours se révèle et cette randonnée prend une toute autre dimension. Dans ce paysage qui s’étend désormais au loin, toute la palette de couleurs est présente, du jaune pâle au fond du canyon au violet sombre des montagnes à l’horizon. Ne manquent pas même les nuages, flocons blancs qui habillent le ciel…et les photos.
Une étendue de slickrock comme je les aime tant : c’est un régal de marcher sur la roche à la recherche du cairn suivant, petit bijou de pierre dans ce décor minéral.
Nous passons le col à regret, difficile de nous arracher à une telle vue…
…regrets bien vite oubliés…
See you on the other side
…d’autant que la descente dans cette sorte de toboggan de pierre s’annonce hyper ludique!
Après être passés par cet entonnoir (où l’on croise un panneau de localisation presque incongru tant l’endroit est sauvage)
nous longeons un passage étroit où je retrouve les stries de couleur qui m’avaient bluffées à Yellow Rock en 2013 : ouest désert aride et coloré, te revoilà enfin!
Qui a laissé traîner son pinceau?
Les cairns nous mènent alors…dans un mur. Hum. En nous approchant, nous réalisons qu’une étroite faille sur notre droite nous ouvre un passage…
...nous nous faufilons et arrivons dans une grotte qui permet de rejoindre l’autre côté : il fallait trouver.
Décidément on se régale dans cette randonnée!
Sortis de la grotte par des échelles, nous arrivons dans un nouvel amphithéâtre entouré d’impressionnantes tours de pierre. Les vues se succèdent et ne se ressemblent pas, ayant cependant toutes un aspect commun : c’est grandiose!
Nous descendons dans Elephant Canyon. En plus du crapahutage sur le slickrock, des échelles facilitent des passages qui autrement nécessiteraient un équipement plus lourd : nous sommes reconnaissants!
Jeu: trouve l'ombre de M Pizza!
Nous voici à la jonction avec le trail de Chesler Park, notre randonnée de l’an dernier. On retrouve les formations caractéristiques des Needles.
Depuis le début de notre marche, nous avons croisé en tout et pour tout un couple. Nous qui voulions embrasser les immensités sauvages en solitaires pour fêter notre retour au Far West, nous sommes gâtés!
Perdus dans nos souvenirs, nous nous engageons par erreur sur le chemin qui mène à Elephant Hill. Oups. Heureusement nous nous en rendons rapidement compte et regagnons la piste de Squaw Fat.
Tout irait pour le mieux si les effets du manque de sommeil ne commençaient à se faire sentir. Nous traînons la patte, et malgré la beauté des lieux magnifiée par la Golden Hour, ça devient dur…

M Pizza trébuche plusieurs fois, on sent que nous allons devoir écourter les 18kms, en renonçant au petit passage d’1,2 miles au début du loop B pour couper au plus court. Nos regrets de ne pouvoir emprunter ce passage magnifique sont adoucis par le fait que nous l’avions déjà découvert (par erreur) l’an dernier.
Fenêtre sur Canyonlands
Nous voilà de retour au parking à 19h15, fourbus mais ravis. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre Monticello, où nous logeons au Blue Mountain Inn, où l’accueil nous avait charmés.
Retour au Blue Mountain...
Cette journée de retrouvailles avec les grands espaces se clôt par les retrouvailles de M Pizza avec les bbq ribs du beau-père de l’hôtelier.
Devant son air béat, j’ai la vague impression qu’il les attendait avec presque autant d’impatience que les étendues sauvages de Canyonlands…
