Jeudi 24 septembre : visite de Salt Lake City
J'avais prévu une journée pour visiter la ville mais au bout de 3 heures nous avons littéralement fuit cette ambiance pour le moins particulière.
Nous n'avons pas aimé Salt Lake City. Dommage, car c'était la plus grande ville de notre périple. 2 millions d'âmes vivent dans la région, et en parlant d'âmes, les nôtres sont tranquilles pour un certain temps, vu tout l'attention dont nous avons été l'objet.
Le système de paiement du parking nous laisse d'abord perplexe : une grande boite avec en regard de chaque numéro de place une fente pour y glisser un billet plié et, pendouillant, une petite plaque de métal pour nous aider à enfoncer nos dollars. Je ne sais pas comment ils s'y prennent pour vérifier si le billet inséré est bien celui du propriétaire garé à cette place, mais en tout cas cela confirme le civisme des américains. Mais celui-ci est-il aidé par une certaine délation ? Aucune idée.
Que je vous raconte la
visite de Temple Square, le Vatican mormon. (et j'espère ne froisser personne ici avec mes sentiments sur l'Eglise des Saints des derniers jours ; c'est sans a priori que je suis venu dans cette ville, et ma mauvaise impression vient de ma visite).
Le Routard conseillait de faire une visite guidée pour bien comprendre tout cela, et nous voilà donc franchissant la porte du visitor center.
Une soeur arrive de suite à notre rencontre, tout sourire, en nous souhaitant la bienvenue et en nous demandant d'où l'on vient. "Super, vous êtes Français, cela tombe bien, soeur machin-chose (désolé, je ne sais plus son nom) qui vient du Mexique parle français, je l'appelle, en attendant je vous montre la maquette géante de l'ancienne Jérusalem". Et dépliants sous le bras (nous expliquant l'histoire et les préceptes de la religion) nous suivons soeur Machin-chose (20 ans et des poussières, une Bible mormone constamment sur son coeur) dans les jardins et les bâtiments de ce sanctuaire pour l'écouter dérouler le discours bien appris.
Une demi-heure de répit quand-même dans le Tabernacle, bel écrin du plus grand orgue du monde, pour écouter cet orgue justement, qui sonne magistralement : la chevauchée des Walkyries transposées ainsi, cela donne pas mal ! (concert tous les jours à midi).
l'extérieur du Tabernacle
l'intérieur
Changement de secteur dans Temple Square, et une soeur Suisse, Marie-quelquechose, prend le relais. Même topo, même bible dans les mains, même discours appris, même sentiment de gêne devant la naïveté confondante de la jeune soeur et de son discours.
La visite de la maison de Brigham Young, fondateur de la ville au milieu du XIXe siècle est un exemple du genre : après la visite du salon ou le "prophète" reçoit (une des particularités de la religion mormone est de considérer leur chef comme un prophète, gérant sa communauté grâce à des visions, du style "mon cher John, j'ai eu la révélation cette nuit que ta mission parmi nous est de t'occuper des jardins du quartier" ; cela marche encore ainsi), notre guide nous explique le plus naturellement du monde que la place de la femme (dont la mission principale est de faire des enfants) est aux fourneaux ou dans la lingerie, comme cela se faisait du temps de Young, et que elle comptait bien faire de même plus tard dans sa famille, "ce qui malheureusement n'était pas le cas chez ses parents, non touchés par la grâce". Sait-elle seulement que la maison d'à coté accueillait le harem de Young, qui revendiqua la paternité de 57 enfants (

), à une époque où les Mormons étaient ouvertement et majoritairement polygames ?
l'un des bâtiments de Temple Square, (ici l'ancien hôtel Utah, maintenant centre communautaire)
la maison du fondateur de SLC, Brigham Young, qui y installa quelques centaines de mormons fuyant les persécutions.
La maison de gauche est en fait le harem de Young, qui avait une cinquantaine de femmes en plus de sa "légitime", détail "oublié" lors de la visite de la maison de droite, la Beehive House, maison qu'habitait le fondateur et sa "famille idéale".
Bref, au lieu de me convaincre d'embrasser la nouvelle religion,
tout cela m'a donné envie de donner un coup de pied dans la "ruche" (image qu'ils affectionnent pour décrire leur communauté, image juste d'ailleurs, chacun est a sa place et a une tâche bien définie).
Malgré une gentillesse extrême (confinant à la naïveté), et en dehors de toute considération religieuse que je me garderai bien de juger, les préceptes mormons sont tout de même très rétrogrades et privilégient l'appartenance à une communauté fortement soudée (normal si l'on considère leur histoire semée d'embûches et de persécutions). Les exclus de la communauté n'accèdent plus aux services sociaux ou à certains postes, et j'ai été surpris de voir des mendiants sur les trottoirs longeant le Temple Square.
Et n'oublions pas que Brigham Young était ouvertement raciste, interdisant l'accès des temples aux noirs, et considérait l'esclavage comme une volonté divine.
Et ce qui me choque le plus est l'endoctrinement des jeunes gens dans les quartiers défavorisés du monde entier, créant ainsi une armée de missionnaires d'autant plus prompts à porter le message mormon qu'ils lui sont redevables d'avoir appris à lire et à écrire. La soeur mexicaine Machin-Chose en est un exemple typique.

le Temple, dont l'accès est réservé aux seuls mormons, (et encore, pas tous) ne se distingue pas par son élégance architecturale...
reconstitution, étrangement placée entre 2 buildings, d'une maison des premiers colons.
Dernière chose, les mormons ont entrepris de ficher l'humanité entière afin d'abord de prier pour nos pauvres âmes malgré nous et pour que toute la famille soit réunie lors du jugement dernier. Le résultat, de manière plus prosaïque, est la plus grande base de données généalogiques au monde, et la bibliothèque où nous avons jeté un oeil est le plus grand centre de recherche généalogique. La première salle en entrant est même uniquement destinée à nous expliquer le fonctionnement de cette recherche.
Dégoûtés par cette ambiance plus que lourde, après un repas au self situé en dessous du "harem" (où, évidemment, nous ne trouvons ni alcool ni café ou thé, mais une espèce de soda à base de plante) nous nous sauvons vers le grand lac salé et retournons sur Antelope Island.
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