Jour 11 : lundi 22 avril 2013
Flammes dans le ciel et dans la roche
Partie 3 Une arche si près du vide
Le temps a filé trop vite à notre goût, mais il nous en reste cependant un peu pour jeter un œil aux autres arches du parc : la Windows section, dont nous parcourons le petit sentier, Double Arch que nous n’admirerons que de loin (à cette heure ci elle est cachée par un voile d’ombre).
Les reines du parc
Malgré la beauté des arches et le plaisir de se remémorer la séquence d’ouverture du 3ème Indiana Jones, nous avons du mal à apprécier pleinement les lieux : après la quiétude de Fiery Furnace, difficile de faire abstraction de la foule qui se presse sur les chemins bitumés, et de la proximité des voitures qui déversent leur flot de passagers au pied des merveilles rocheuses , leur épargnant tout effort dans leur collecte de photos-souvenirs…j’ai une pensée amère pour l’évolution du parc depuis le premier séjour en ces lieux de l’auteur de Désert Solitaire…Je sais bien que seule la multiplication des routes nous permet aujourd’hui de voir tant de lieux magnifiques en seulement quinze jours, mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Vaste question !
Nous suivons le flot de touristes vers un parking plein comme un œuf, à destination d’une arche bien spéciale…
Nous nous arrêtons à côté de la cabane de Wolfe Ranch pour admirer les pétroglyphes qui ornent un pan de mur, à l’abri des intempéries : cavaliers et des sortes de bouquetins.
Puis nous entamons la montée vers le symbole de l’Utah.
Nous ne sommes pas les seuls à arpenter le slickrock : la belle semble avoir donné rendez-vous à de nombreux soupirants ce soir…dans cette foule bigarrée, une personne attire notre attention : une dame japonaise qui doit avoir dépassé les quatre vingt dix ans, encore alerte, avance à tout petits pas. A ses côtés, un jeune homme (sans doute son petit-fils ?) l’accompagne, un siège pliant à la main. Futé !
Bientôt nous atteignons une sorte de plateau où l’on zigzague entre flaques d’eau et belles formations rocheuses.
Nous longeons un mur, dans lequel un trou se profile…je grimpe par curiosité et jette un œil à travers l’ouverture.
Tiens ?
Le spectacle qui s’offre à moi est incroyable :
Posée au bord du vide par une succession de hasards géologiques, une gigantesque arche borde un amphithéâtre solennel de pierre lisse. A croire que cet endroit a été conçu par un grand Manitou si content de son œuvre qu’il nous invite ainsi à contempler la beauté de sa création !
Nous nous asseyons au milieu de la foule de nos semblables en face de la Merveille, entre un type suréquipé en matériel photographique et un autre qui, selon M Pizza, ressemble à Pierre Browers, et admirons la vue.
Soudain, un bruit métallique : un gars a laissé tomber une canette, qui dégringole au fond de l’amphithéâtre. Tout le monde cesse son activité et se met à le fixer intensément, le suivant du regard pendant qu’il descend récupérer son bien…je n’aimerais pas être à sa place !
Le temps passe.
Bientôt…le ciel se couvre !
Un amas de nuages pervers vient se planter PILE au dessus de l’horizon…

j’ai l’impression de revivre l’épisode des Fisher Towers ! Certains, dépités, plient d’ores et déjà bagage et repartent. Autour de nous, les gens font contre mauvaise fortune bon cœur et lâchent leurs appareils pour discuter avec leurs voisins. On apprend ainsi que M Suréquipé rentre tout juste d’un séjour en France, décidément le monde est petit.
L’heure tourne, le soleil est de plus en plus bas (enfin on le suppose, impossible d’en, être sûrs vu le rideau de nuages). Un peu avant qu’il ne bascule derrière l’horizon, un rayon traverse un mince espace encore dégagé. Un fracas de cliquetis répercuté par les parois de l’amphithéâtre se fait entendre, chacun espérant que la faible luminosité sera suffisante pour faire flamboyer l’arche. Hélas l’astre du jour est déjà trop bas. Nous avons malgré tout bien pu admirer les lieux !
Il est temps des partir. Peu désireuse de me retrouver prise dans un troupeau de randonneurs, bien décidée à avoir un peu de ce paysage pour moi (le touriste est animé d’un fort instinct grégaire mais est généralement extrêmement jaloux de sa solitude, je ne fais pas exception), je presse M Pizza d’adopter le trot : il faut regagner au plus vite le parking, n’est-ce pas.
J’adore dévaler à toute allure les pentes, et la descente de Delicate Arch est un terrain de jeu rêvé pour cela : je me lance donc sur le slickrock avec enthousiasme, entrainant à ma suite un M Pizza perplexe. Ben voui, mon argument majeur étant « on doit vite rentrer avant la nuit, ça va être casse-gueule dans le noir », il commence à trouver notre cavale un peu suspecte au vu de la forte lumière crépusculaire qui baigne les lieux, sans parler du risque de chute multiplié par la course…le subterfuge ne tiendra pas longtemps !
Bien essayé…
En un rien de temps nous rejoignons Taléklé et quittons Arches pour ce soir, dans une file de voitures qui n’a rien à envier aux bouchons des chassés croisés estivaux sur l’autoroute du soleil…
Nous partons manger à Moab, cette fois chez Zax Pizza, où l’atmosphère fait moins usine qu’à la Moab Brewery, mais qui a aussi moins de charme…et puis franchement le coup des sosies à la Moab Brewery nous avait tellement plu qu’on partait forcément déçus par le restaurant suivant question ambiance !
Bon appétit!
C’est bon mais gras,
gras, complètement imbibé de graisse ! J’avais lu des commentaires mentionnant ce fait et les avait balayés d’un (inconscient) revers de main : si on mange un burger aux USA, faut pas s’attendre à un plat vapeur, non ?
...je reviens sur mes propos, il existe bien un degré dans la teneur en graisse, et Zax est fort bien placé sur le podium ! :P
Nous y passons cependant un agréable moment, puis retournons au camping pour passer une dernière nuit dans notre petite cabin. Demain, après une dernière visite d'Arches, nous quitterons la région de Moab et partirons vers le Nord-Ouest...
