Chloride ...
Ayant décidé de rallier la
Cité des anges depuis le
GC en 2 étapes , nous avions choisi d'agrémenter notre parcours routier en empruntant une portion facilement accessible de la
mythique Route 66 , le mot : " mythe " étant à retenir comme terme générique , sauf pour les inconditionnels qui y mêlent une note affective parfaitement respectable .
" Le temps brise et disperse la réalité , ce qui reste devient mythe et légende "
Nuto Revelli
A défaut d'être des " fans " , nous avons satisfait notre curiosité , pour ne pas avoir à regretter d'avoir navigué à proximité ,
et de ne pas avoir cédé à ses sirènes ...
De là à dire que sa réputation est usurpée , je ne me hasarderai pas à en débattre , le choix est subjectif , cela permet toutefois de meubler agréablement le trajet , en une évocation tantôt " clownesque " , tantôt pathétique d'un chapitre sociétal encore récent dans les mémoires .
Pour notre ressenti : point d'émotion particulière , une simple ballade à la mode étasunienne , plutôt " métalloïde " et plus du tout " minérale " ...
Les quidams pressés par leur emploi du temps souscriront à l'option plus impersonnelle de l'
Interstate 40 sans autre forme d'état d'âme .
Impersonnel sera également notre prochain gite étape à
Laughlin , baptisée "
ville des tour-opérators " par les internautes avisés , sachant qu'il existe des alternatives plus
fun ! :P
C'est en effet , une étape qui est loin d'être incontournable , nous le savions , mais cela ne nous a pas donné de crise d'urticaire , et encore moins de complexe particulier .
Nous pouvions donc y prévoir un " atterrissage" tardif , et s'offraient à nous quelques haltes fameuses , en particulier
Oatman dont les ânes facétieux font souvent florès ...
Mais c'était sans compter sur la volontaire " marginalisation " de notre
road trip qui va nous conduire à
Chloride , et croyez moi nous n'aurons pas à le regretter , car nous allons y faire une des plus belles rencontres de notre voyage ( mais vous n'êtes pas obligés de me croire ) ;
Pour rejoindre
Chloride , on emprunte la 93 vers le nord depuis
Kingman ; cette cité perdue se trouve dans les
Cerbat mountains , indiquée depuis le bord de route par un grand panneau qui trône comme une invitation dans ce paysage désertique du
compté de Mohave .
Les
USA comptent plusieurs milliers de "
ville-fantômes " répertoriées ...
Chloride est tout sauf une
Ghost Town ...
Elle n' a été " désertée " que l'espace d'une décennie et demi , entre 1944 et 1960 , date à laquelle elle a connu une renaissance particulière sous l'impulsion d'un artiste issu du mouvement
Hippie .
L'origine de son exploitation minière remonte à 1863 , les nombreux et divers minerais présents dans son sous-sol et les collines avoisinantes ayant suscité la convoitise .
On y trouvait alors :
Or , argent , plomb , zinc , molybdène et ...turquoise ...
C'est ainsi que cette "mine " pléthorique fut baptisée :
Silver Chloride
A son apogée , la cité a compté jusqu'à 5000 habitants ;
Une garnison y siégeait ,
Fort Mohave , dont les soldats étaient plus préoccupés par l'appât du gain qu' à faire règner la paix et l'ordre , jusqu'à la signature en 1870 d'un traité de non-belligérance avec les indiens
Hualapaïs .
Aujourd'hui , cette " cité perdue " abrite quelques 250 âmes , appartenant pour la plupart à une mouvance " artistico-bohême" ou au seuil d'une retraite paisible .
Le choix de cet isolement volontaire ( qui croyez-moi existe vraiment ) n'est pas fortuit .
" Chloride doesn't have any ordinary people living here , just characters "
Que l'on souscrive ou non à ce mode de vie , le partager l'espace d'une visite revêt un aspect insolite , chaque passant nous manifestant des signes de sympathie afin de nous faire sentir que nous n'étions pas importuns .
Nous étions , d'ailleurs , en cet après-midi de Mai , absolumment les
seuls " touristes " sur place ...
Avant même de pénétrer l'enceinte du village , une attirance irrépressible nous a conduit au cimetière , tout comme à
Grafton en début de séjour , ou à
Calico un peu plus tard .
( sans doute une réminiscence de la culture judéo-chrétienne ? )
L'éclectisme des sépultures ,n'excluant pas le recueillement qui nous exhorte à cesser notre " voyeurisme " , annonce en prélude la " page culturelle " que nous allons tourner dans les 2 heures qui vont suivre ... Certaines " stèles " funéraires, sont une évocation posthume de l'emploi que tenaient ceux qui ont rejoint leur dernière demeure après des années de labeur ,
Au coeur du village , il ne subsiste rien des édifices originels, pour la plupart en bois , et qui ont péri par le feu ; ceux qui viendraient ici pour un remake de
Bodie City , feront un flop ...
La marginalité évoquée plus haut , s'affiche ouvertement dans l'apparence des habitations actuelles .
L'ombre du croque-mort de Luky Luke plane encore en vitrine du supermarché local ...
Un Xième totem érigé à la gloire du "
Dieu Pétrole " , se donne l'illusion d' appartenir au patrimoine culturel contemporain , ceint par les vestiges de la voie ferrée qui desservait le secteur ...
Nous nous apprêtons à gravir la colline poursuivant le voyage par
" The Journey " qui n'est rien d'autre que le titre de l'oeuvre laissée ici par un certain
ROY purcell.
Nous récupérons au passage notre véhicule qui a visiblement cédé aux tentations hallucinogènes du lieu , et se fond désormais dans l'ambiance ...
En chemin , il nous a semblé " apercevoir " un lapin ?
