Ce qui surprend de prime abord quand on découvre pour la première fois le Canyon de Chelly, c’est sa singulière beauté et le calme qui y règne. Au fond de cette faille taillée dans un désert infini habitent encore aujourd’hui des fermiers navajos et leurs familles, derniers occupants d’une sorte de vallée perdue, une oasis idyllique sculptée par le passage de la rivière. Dans ce canyon à taille humaine, vous pourrez découvrir des ruines anasazis (les ancêtres des Indiens navajos), pour certaines remontant à plus de 1 500 ans, des pictogrammes et pétroglyphes, et aller à la rencontre des Indiens navajos et de l’histoire de cette étonnante vallée sacrée.
Afin de préserver son patrimoine archéologique, le site est devenu monument national en 1931 et même si administré par le service des parcs nationaux américains, il appartient aux Navajos et dépend du Bureau des Affaires Indiennes.
Vérifiez les conditions actuelles (ouverture, accès, travaux, services…) sur le site officiel du parc
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Situation – Accès
Le Canyon de Chelly (336 km2) est situé en Arizona, en plein cœur du territoire navajo, tout près de la ville de Chinle, à mi-chemin entre Monument Valley (Arizona) et Gallup (Nouveau Mexique).
On y accède par la route 191 nord (si on vient de Monument Valley) ou sud si on vient de Gallup ou Flagstaff.
Que voir et faire au Canyon de Chelly ?
North Rim Drive – Canyon del Muerto
Cette route panoramique (Indian Route 64) de 33 miles/54 km aller-retour vous permettra de découvrir depuis les hauteurs du Canyon quelques unes des habitations indiennes de type Pueblo logées dans les falaises (ou cliff dwellings). Quatre repères historiques et points de vue jalonnent cette route. Attention toutefois, si vous souhaitez apercevoir pétroglyphes et pictogrammes, une paire de très bonnes jumelles vous sera nécessaire !
Le Canyon del Muerto (canyon de la mort) a reçu ce nom en 1882 quand une expédition archéologique de la Smithsonian Institution, dirigée par James Stevenson, a découvert des restes de sépultures préhistoriques indiennes dans le canyon.
Comptez 2 à 3 heures de visite.
Ledge Ruin Overlook
Magnifique point de vue d’où vous pourrez apercevoir Ledge Ruin, village bâti il y a 900 ans par les anciens Pueblos. Ces structures servaient à l’habitation mais aussi au stockage de vivres.
Antelope House Overlook
Ces ruines ont été ainsi nommées suite à la découverte de pictogrammes d’antilopes peintes par l’artiste Dibe Yazhi qui vivait ici au tout début du 19ème siècle. Le village lui-même remonte au 12ème siècle.
Mummy Cave Overlook
Il s’agit là de l’un des plus grands villages du Canyon de Chelly. Il fut habité jusqu’aux environs de 1300, mais on sait aujourd’hui que son occupation remonte aux tous premiers temps des Anasazis. Les deux grandes alcôves que l’on voit sur la photo abritaient principalement des maisons mais également des hauts lieux de cérémonie. Quant à la tour centrale, elle a été construite aux alentours de 1280 par des Indiens migrants venus de Mesa Verde. Ces ruines doivent leur nom aux deux sépultures préhistoriques découvertes ici même en 1882. Les Navajos nomment ce village « Tséyaa Kini » (la maison sous le rocher).
Massacre Cave Overlook
Ce point de vue doit son bien triste nom aux 115 Indiens navajos massacrés ici même à l’hiver 1805 par une expédition militaire espagnole (cf chapitre Histoire).
South Rim Drive – Canyon de Chelly
Cette autre route panoramique (Indian Route 7) de 38 miles/60 km aller-retour vous offrira des points de vue tout à fait spectaculaires sur le Canyon de Chelly mais également sur les alentours. Le point de départ au Visitor Center est situé à 1 670 mètres d’altitude. Après les 18 miles/30 km parcourus à l’aller, vous aurez une vue époustouflante sur le célèbre Spider Rock, vous serez alors à 2 100 mètres. Là encore, compter de 2 à 3 heures de visite pour les points de vue, et 2 heures supplémentaires pour le White House Trail.
Tunnel Overlook
Peu après le Visitor Center, premier contact avec le canyon qui se dissimule…
Tsegi Overlook
Superbes paysages. Au fond du canyon, des terres cultivées et quelques fermes navajos.
Junction Overlook
Confluence des Canyon del Muerto et Canyon de Chelly. On aperçoit depuis ce point de vue deux sites Pueblos habités entre le 11ème et le 13ème siècle. Comme de nombreux autres villages au Canyon de Chelly, ils sont exposés plein sud afin de bénéficier en hiver des bienfaits du soleil et de sa chaleur.
White House Trail
Le White House Trail est la seule randonnée non accompagnée autorisée qui permet de descendre dans le fond du canyon. La balade ne comporte aucune difficulté majeure et ne vous prendra que 2 heures aller-retour (4 km – 180 mètres de dénivelé).
Pensez toutefois à avoir de l’eau en quantité suffisante car la remontée est plus difficile quand le soleil tape (il n’y a pas d’ombre). Le point de départ est situé au White House Overlook. Ce sentier vous mènera au plus près des ruines de la White House (Maison Blanche), village Pueblo occupé aux alentours de l’an 1000. Les ruines doivent leur nom à l’enduit blanc utilisé sur l’un des murs du logement supérieur.
En chemin, aux pieds des immenses falaises du Canyon de Chelly, vous profiterez en outre de paysages magnifiques.
Sliding House Overlook
On devine en face les ruines d’un village perché sur une corniche très étroite, n’oubliez pas vos jumelles ! Ce village fut occupé entre 900 et 1200. Ceux qui pourront voir Sliding House de plus près (via une visite guidée) s’apercevront également que les Pueblos maîtrisaient les travaux de renforcement, le talus étant particulièrement instable.
Face Rock Overlook
On peut voir au loin de minuscules logements Pueblos, tellement haut perchés, qu’à l’instar des ruines de la Sliding House, ils semblent impossibles à atteindre.
Spider Rock Overlook
Géantes de grès de 250 mètres de hauteur, les deux longues aiguilles du Spider Rock (rocher de l’araignée – la flèche la plus basse se nomme Talking Rock) symbolisent à elles seules toute la culture navajo et plus particulièrement le caractère sacré du Canyon de Chelly. En effet, le monument doit son nom à l’une des plus grandes divinités de la tribu des Dineh (« le peuple » en langue navajo), Spider Woman.
Cette déesse femme-araignée est à l’origine du monde. Elle vit au sommet du Spider Rock et a, depuis la nuit des temps, toujours soutenu et aider les Navajos. C’est Spider Woman qui a notamment enseigné le tissage aux Dineh, croisement des fils de la Terre et du Ciel. Depuis lors, les Navajos sont des tisserands accomplis.
Une multitude de légendes existent au sujet de Spider Woman, comme celle d’un groupe de jeunes Dineh partis à la chasse dans le Canyon de Chelly. Poursuivis par une tribu ennemie, ils sont enfin arrivés aux pieds du Spider Rock, recherchant désespérément un endroit où se cacher. Ils ont alors été sauvés par Spider Woman qui leur lança une corde de soie afin de grimper jusqu’au sommet.
On raconte également aux tout jeunes Navajos que s’ils sont désobéissants, Spider Woman va descendre de sa toile-échelle, les kidnapper et les emporter jusqu’à son domicile pour les dévorer, on trouverait ainsi un amoncellement d’ossements d’enfants au sommet du Spider Rock !
Depuis ce point de vue, vous pourrez admirer à l’horizon l’ancien volcan de Black Rock Butte (2 300 mètres d’altitude) et les Chuska Mountains.
Visite du Canyon de Chelly avec un guide navajo
Visiter le site avec un guide accompagnateur est sans nul doute le meilleur moyen d’apprécier pleinement ce lieu sacré et d’en découvrir les secrets cachés. Il existe plusieurs types de randonnées : balades à pied, découvertes en 4×4 ou bien randonnées à cheval. Les excursions sont toutes limitées à 15 personnes maximum et la plus courte dure 3 heures. Le Canyon de Chelly appartenant aux Navajos, toutes les compagnies proposant ces tours sont des sociétés privées autorisées par le service des parcs nationaux.
Les réservations ne sont pas obligatoires mais conseillées d’avril à octobre. Informations et tarifs au Visitor Center, directement auprès des guides navajos.
A noter que le Thunderbird Lodge (hôtel situé le plus près de l’entrée du parc) et le Spider Rock Campground (camping privé situé sur la South Rim, entre les Sliding House et Face Rock Overlooks) proposent tous deux des tours guidés.
Pratique
Prix d’entrée
L’accès au Canyon de Chelly est gratuit (toutefois, les dons sont acceptés), seules les visites guidées sont payantes.
Horaires d’ouverture
Le Visitor Center est ouvert tous les jours de 8h00 à 17h00 (fermé uniquement le 25 décembre).
Vous trouverez notamment au Visitor Center un musée présentant des spécimens d’art rupestre et des outils ayant appartenu aux civilisations disparues.
Sur de nombreux points de vues, vous trouverez quelques stands indiens vendant des produits artisanaux : bijoux et turquoises, poteries traditionnelles…
Les routes permettant de découvrir les différents points de vue des rives nord et sud sont toutes deux goudronnées.
Descendre dans le canyon non accompagné est strictement interdit. Seule la descente via le White House Trail est autorisée.
Points de vue accessibles aux personnes en situation de handicap : Tsegi, Junction, White House, Spider Rock, ainsi que Massacre Cave sur la rive nord.
Documentation
- National Park Service
- Tours organisés avec les Navajos (4×4 ou randonnées) : NPS, Spider Rock Campground et Thunderbird Lodge
Où dormir au Canyon de Chelly ?
Le Canyon de Chelly est un peu à l’écart des circuits touristiques mais l’offre d’hébergements étant tout de même très réduite, les réservations sont conseillées.
Hôtels
La ville la plus proche du parc est Chinle, à 5 minutes en voiture. Vous y trouverez quelques hôtels.
Juste avant l’entrée du parc, tout près du Visitor Center, autre possibilité de logement au Thunderbird Lodge.
Booking.comCamping
Le parc dispose en outre de deux campings privés : le Cottonwood Campground (à l’entrée du parc, fonctionnant selon le système du premier-arrivé, premier-servi) et le plus rustique Spider Rock Campground (à l’intérieur du parc sur la rive sud).
Climat
Le climat du Canyon de Chelly est propice à l’agriculture. Aujourd’hui, les Indiens navajos y élèvent encore des troupeaux et cultivent notamment le maïs. Toutefois, les mois d’été connaissent de très fortes précipitations et des inondations. De grandes zones sont ainsi transformées en véritables sables mouvants. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’accès au fond du Canyon est strictement interdit aux visiteurs non accompagnés.
Mois | °C max | °C min | Pluie (mm) |
---|---|---|---|
Janvier | 7 | -7 | 20.6 |
Février | 11 | -4 | 16.3 |
Mars | 16 | -1 | 18.5 |
Avril | 21 | 3 | 14.7 |
Mai | 26 | 7 | 14.5 |
Juin | 32 | 12 | 8.4 |
Juillet | 34 | 16 | 27.7 |
Août | 32 | 16 | 33.8 |
Septembre | 28 | 11 | 23.4 |
Octobre | 22 | 4 | 26.9 |
Novembre | 13 | -2 | 20.8 |
Décembre | 7 | -7 | 16.5 |
Géologie
Le Canyon de Chelly a la forme d’un Y, creusé par deux arroyos (cours d’eau éphémères et intermittents aux crues soudaines et généralement violentes) : le Tsaile Creek au nord dans le Canyon del Muerto et le Whiskey Creek au sud dans le Canyon de Chelly. Tous deux se rejoignent à hauteur du Junction Overlook pour former le Rio de Chelly (ou Chinle Wash).
Le canyon s’est constitué suite à deux grands soulèvements, le premier il y a 63 millions d’années (soulèvement de Defiance) et le second il y a 3 millions d’années. Ce dernier marqua l’apparition du Plateau du Colorado. Les rivières, l’érosion, etc… ont ensuite créé le canyon.
A Chelly, quand on regarde de plus près les immenses falaises (jusqu’à 300 mètres de hauteur), on a alors devant nous plus de 200 millions d’années d’histoire géologique.
La couche sédimentaire la plus ancienne, « formation de Supai », que l’on voit aujourd’hui aux pieds des falaises, remonte à 280 millions d’années. On sait aujourd’hui, d’après les fossiles retrouvés, que le climat était de type tropical, chaud et humide. Il y a 230 à 250 millions d’années, durant l’ère du Permien, les conditions climatiques ont ensuite complètement transformé les lieux en un désert aride. Le grès rouge (dit « grès de Chelly ») composant les immenses falaises du canyon provient de dunes de sables balayées par le vent.
30 millions d’années plus tard, des cours d’eau sont venus déposer à leur tour, au dessus de la couche de grès, un mélange de sable, galets, quartz, basalte, etc… Il s’agit de la formation dite « de Chinle », de couleur brune, tirant un peu sur le gris, que l’on aperçoit notamment depuis les points de vue de la rive sud.
L’érosion du grès a en outre produit dans les parois du canyon de très nombreuses alcôves et grottes, lesquelles ont ensuite été habitées par les ancêtres préhistoriques des Indiens.
En observant les falaises, vous apercevrez de longues taches assez sombres, presque noires. Il s’agit de dépôts de manganèse et d’oxyde de fer laissés par la pluie et surnommés « tapisseries » ou encore « varnish desert » (vernis du désert). Les Anasazis se sont d’ailleurs servis de ce vernis afin de graver des pétroglyphes dans la roche. En grattant la couche noire, la couleur naturelle de la roche ressort, ce qui donne des résultats colorés des plus artistiques.
Histoire
Le nom « de Chelly » (prononcez « di shay ») est un dérivé du mot navajo « Tseyi » (say-ih) qui signifie textuellement « trou dans le rocher » (tsegi étant l’orthographe anglo-saxonne). « Tseyi » est devenu « Tchéyi » pour les espagnols puis finalement « Chelly » pour les Américains.
Les Indiens navajos sont les plus récents habitants du canyon. Depuis le début du 18ème siècle, ils y cultivent maïs, courges et haricots. Toutefois, l’occupation du canyon remonte à près de 4 500 ans, à la période dite « archaïque ». Des groupes semi-nomades habitent alors les lieux, dans des campements à l’intérieur de grottes, creusées par l’érosion du grès. Suspendus sur les falaises, ces abris sont ainsi protégés des attaques ennemies et des crues subites. Ces familles vivent de chasse et de cueillette (leur gibier principal est l’antilope) et ce sont les premiers hommes à avoir laissé une trace de leur passage dans le Canyon de Chelly en creusant des dessins directement dans la roche.
Aux alentours de 200 ans avant J-C, ces peuples archaïques découvrent, lors de leurs nombreux voyages, l’agriculture et notamment la culture d’une nouvelle plante venue du sud, le maïs. Il s’en suit alors des modifications fondamentales dans leur façon de vivre. Ces nomades se sédentarisent peu à peu et deviennent fermiers. Les habitats évoluent également, les parties inférieures des logis sont des fossés creusés directement dans la terre.
Ces groupes maîtrisent le tissage et la vannerie, d’où le nom de « basketmakers » (les vanniers) que leur attribueront bien plus tard les archéologues. Ces derniers découvriront d’ailleurs sur place des sandales, des petits paniers et autres objets tissés, incroyablement bien conservés. Les peintures murales des basketmakers montrent l’importance des liens familiaux et des danses, de l’agriculture, de la chasse, des astres, leur rapport aux conflits, à la mort, à la religion…
A partir de 750 et jusqu’à 1300, époque de l’arc, de la flèche et de la poterie, des villages se structurent, des murs se hissent, des greniers se construisent. Il s’agit des fameux Pueblos des Anasazis. En langue navajo, « anasazi » signifie « ancien », c’est donc ainsi que les Navajos désignent leurs ancêtres. Quant au terme « Pueblo », ce sont les conquistadors espagnols qui nommèrent ainsi les habitations qu’ils découvrirent (en espagnol, « Pueblo » signifie tout simplement « village »). Toutes les ruines des maisons troglodytiques du Canyon de Chelly remontent donc à cette période.
Mais à partir de 1300, une sécheresse prolongée ainsi que des épidémies et divers conflits obligent les Anasazis à abandonner progressivement leurs villages. Pendant près de 400 ans, ils émigreront alors dans d’autres régions, vers l’ouest, notamment sur les mesas, à une centaine de kilomètres du Canyon de Chelly. Ces nouveaux villageois sont les Hopis. Les Hopis retournent parfois au Canyon de Chelly en pèlerinage, mais également de manière très épisodique ou saisonnière pour des récoltes.
A la fin du 17ème siècle, les Hopis rencontrent alors les nouveaux occupants du Canyon de Chelly, les Navajos. Les Navajos sont un peuple guerrier mais ont malgré tout toujours fait preuve d’une formidable capacité d’adaptation et ont toujours appris de leurs ennemis. Ils maîtrisent ainsi à la perfection la culture du maïs, l’élevage (moutons et chevaux), le tissage, … et le Canyon de Chelly leur offre un lieu de vie parfaitement idyllique, lieu qui va se transformer progressivement également en un vaste verger, peuplé de milliers d’arbres fruitiers, et notamment de pêchers.
Mais les Navajos sont en perpétuelle guerre contre les colons et mènent régulièrement des batailles contre les villages espagnols ; le Canyon de Chelly devient également un lieu de mort quand, en janvier 1805, une expédition militaire punitive, sous le commandement d’Antonio Narbona (futur gouverneur du Nouveau Mexique), tue 115 Navajos.
Le Canyon de Chelly, haut lieu de résistance contre les Espagnols, deviendra également en 1863 le symbole de la lutte incessante entre Amérindiens et Américains et de la résistance indienne. Durant l’été 1863, le général James Henry Carleton entame une terrible campagne visant à éliminer le plus grand nombre de Navajos. Il tente dans un premier temps de les faire déporter à Bosque Redondo, une réserve située au Nouveau Mexique, à 600 km à l’est du Canyon de Chelly, dépourvue de végétation, où la terre n’est pas cultivable et l’eau non consommable. Les Navajos refusent de se plier aux volontés de Carleton, et le général engage alors l’explorateur Kit Carson afin de mener l’armée américaine jusqu’au Canyon de Chelly.
Mais les Navajos, guidés par leurs chefs Manuelito et Barboncito, se sont entre temps cachés dans les montagnes et Carson ne parvient à déporter que 200 individus. L’hiver venu, Carleton décide d’une opération d’envergure et le 12 janvier 1864, l’armée attaque le Canyon de Chelly. Plusieurs jours durant, les soldats dévastent les villages et les hogans (habitations traditionnelles navajos), détruisent les stocks de nourriture et abattent le bétail. Ils vont jusqu’à arracher les milliers de pêchers qui font la fierté des Navajos. Le canyon de Chelly est détruit, les Navajos anéantis. Les Indiens se rendent et 8500 personnes sont déportées, à pied, jusqu’à Bosque Redondo. Ce sera alors « la longue marche des Najavos », 600 km durant lesquels beaucoup mourront de faim, d’épuisement, de froid, de maladie et de désespoir.
Le chef Manuelito se rendra en 1866 et deux ans plus tard, le général Sherman ira à Bosque Redondo pour y découvrir les conditions abominables de détention des Indiens. Il leur promettra alors de les ramener chez eux à condition qu’ils s’engagent à vivre dans la paix. Le territoire navajo est alors reconnu par le gouvernement américain, et l’été venu, les Navajos rentrent chez eux au Canyon de Chelly, avec un monde et une vie à reconstruire.
Les Najavos doivent alors faire face à une longue période de famine. Des centres de distribution de vivres sont mis en place, notamment à Fort Defiance. Prenant exemple sur les colons espagnols, les Indiens développent également un peu partout dans la réserve un système de trading posts, lieux communautaires où on se rencontre afin d’y échanger produits de première nécessité, mais aussi articles d’artisanat, on y vient aux nouvelles, on discute des solutions à apporter aux différents problème de la réserve. C’est dans l’un de ces anciens trading posts, construit en 1896 et tenu par Charles et Samuel Day, que sera bâti bien des années plus tard la cafétéria du Thunderbird Lodge (à noter que Charles Day fut en outre le tout premier gardien du parc).
Films tournés ici
En 1969, le réalisateur John Lee Thompson tournera au Canyon de Chelly le film L’Or des Mackenna (avec notamment Gregory Peck, Omar Sharif et Telly Savalas). Même si ce western est loin d’être abouti, il est pour de nombreux passionnés un des éléments déclencheurs de leur attirance pour l’ouest sauvage américain. Un bande de hors la loi partant en quête d’une légendaire et bien mystérieuse mine d’or, une belle rencontre d’acteurs, une musique fabuleuse signée Quincy Jones, tout cela dans les paysages mythiques et grandioses du Canyon de Chelly… ne faisons pas la fine bouche et profitons du cadeau. A (re)découvrir avant le départ !
A quelques miles de là
- Monument Valley
- Window Rock
- Territoire Hopi
- Four Corners
- Petrified Forest
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- Photos : Bruno, Isa, Julie, Laurent