Springdale --> Las Vegas (via Valley of Fire)
Changement de décor. Après la beauté de la nature, la folie des hommes : Las Vegas !
On va quand même prendre le temps de découvrir auparavant une autre pépite de l’Ouest américain : Valley of Fire State Park. Moins connu que les grands National Parks voisins (Zion et Bryce), il mérite vraiment le détour sur la route de Las Vegas. Pas de randonnée prévue, juste la scenic road, magnifique.
Vers midi, on pique-nique à l’ombre d’un rocher, à l’écart de la route. Il y a une table, un banc, un barbecue et l’endroit est désert.
Au beau milieu d’une discussion informelle sur la vision de Pythagore au sujet de l’immortalité de l’âme et la réminiscence, Marcia me demande, la bouche pleine de tacos, la différence entre la réincarnation et la métempsycose. Cachant mon désarroi, je prétexte une poussière dans l’œil pour filer dans la voiture. Là, je me connecte à Internet pour y voir plus clair sur ce sujet car je me rappelle bien sûr que Pythagore et Platon en ont parlé mais j’ai toujours eu de mauvaises notes à la maternelle sur la transmigration des âmes et je ne veux pas me ridiculiser face à ma cliente.
Ce faisant, le corps avachi sur le siège de la voiture, l’esprit en effervescence pendant que mon smartphone essaie d’accrocher un signal 3G, mon regard vagabonde distraitement et se fixe sur un petit bout de quelque chose qui dépasse en dessous du vide-poche. Machinalement, alors que oui, maintenant ça me revient, la kabbale admet la métempsycose mais le christianisme l’ignore, j’ouvre le vide-poche et, ne voyant rien qui puisse correspondre à ce petit bout non identifié, je force un peu pour glisser ma main derrière la paroi en plastique du fond. Et je tire quelque chose… oh my God... une réincarnation, une métempsycose, que dis-je une paire de lunettes et son cordon, ma paire de lunettes de vue perdue à J1 peu de temps après avoir retrouvé ma paire de lunettes de soleil !!!
Je reviens en courant vers Marcia, brandissant mes lunettes et criant “Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?”. Après administration par ma cliente d’une claque retentissante à titre de remède anti-état de choc, je me ressaisis et lui explique toute l’histoire. Le doute n'est plus permis et c’est d'un commun accord que nous décidons de mettre dorénavant la Kia Sorento sous très haute surveillance jusqu'à la fin du voyage.
Las Vegas ! On se gare devant notre hôtel (le Mirage), on remet les clés au voiturier qui nous donne un ticket en échange et on se dirige, en traversant une serre, vers la réception adossée à un immense aquarium avec plus de 1000 espèces de poissons. Quelques minutes plus tard, on traverse le casino pour rejoindre les ascenseurs et notre chambre au 11ème avec vue sur la piscine. La chambre est grande et confortable mais n’a rien d’exceptionnel (le Mirage fait partie du top 10 des hôtels de Las Vegas, mais pas du top 5).
On visite l’hôtel, son immense piscine entourée de palmiers, son mini-parc d’attraction avec des dauphins devant lesquels Marcia resterait des heures et son mini-zoo (un peu pitoyable) avec des lions et des tigres blancs.
Puis on va visiter l’hôtel The Venitian, en face du Mirage, et on hallucine... Je connaissais la démesure de Las Vegas pour y être déjà venu il y a plus de trente ans mais ça n’a plus rien à voir, c’est juste complètement dingue : 360m de canaux avec de vraies gondoles, des ponts, des rues, une reconstitution de la place San Marco (en un peu plus petit tout de même)…
à l’intérieur de l’hôtel ! 7000 suites, vingt restaurants, une centaine de magasins, 10000 (dix mille) employés ! Ça défie l’imagination. Ok, The Venitian est un des hôtels les plus fous de Las Vegas mais il est loin d’être le seul à atteindre les sommets du gigantisme, du kitch ou du luxe, au choix selon vos goûts.
On dîne au restaurant brésilien de notre hôtel puis on sort voir l’éruption volcanique du Mirage, le ballet des fontaines du Bellagio, la tour Eiffel dans la nuit, la foule innombrable sur le Strip, les milliers de machines à sous des casinos (où on gagne 23,50 $ que l’on va s’empresser de dépenser en margaritas géantes). L’ambiance est surréaliste, sommes-nous sur Terre ?
Trop, c’est trop et, quelque part, je culpabilise d’être aussi fasciné par une telle démesure superficielle. Le poète Karcherman avait coutume de dire “Vegas, tu l’aimes ou tu la quittes”. Nous, on va la quitter, mais seulement après-demain.
Les photos