J-1 Samedi 3 Septembre 2011 : Mais où sont les bagages ?
La nuit fut courte et le lever très matinal. On doit s'envoler à 7 h 30 de St Exupéry pour Charles de Gaulle et la veille nous n'avons pas réussi à nous pré-enregistrer sur Internet pour tous les vols. Le vol Minneapolis / Rapid City reste en attente et nous devons régler le problème. L'aéroport de Lyon est plutôt cool, surtout à 6 h 30 du matin (c'est le DESERT

!), donc on ne s'affole pas spécialement. Arrivés sur place au guichet, l'hôtesse de chez Air France nous dit qu'en effet, elle ne peut pas nous remettre la carte d'embarquement pour le Minneapolis / Rapid City, elle ne sait pas pourquoi ça bloque, mais ça bloque, et qu'il nous faudra voir ça à Minneapolis.

On sait qu'on aura qu'1 h 20 d'escale à Minneapolis et je nous vois mal faire tous les passages et démarches habituelles et en plus nous enregistrer pour le vol vers Rapid City. Bon, on se dit qu'on verra ça à Paris. Une fois à Paris, on a un peu de délais donc on prend le temps de se renseigner. Une hôtesse nous dit alors qu'il faut qu'on voit ça au comptoir habituel des enregistrements, on se met dans la file et là un autre agent nous voit passer avec des cartes d'embarquement à la main (celles du vol Paris / Minneapolis) et doit probablement se dire à ce moment là qu'un truc cloche. Il nous fait signe pour qu'on le rejoigne et nous demande pourquoi on se met dans la file alors qu'on a déjà nos cartes d'embarquement. On lui explique le problème. Il nous dit que ce n'est justement pas du tout un problème et que l'hôtesse pourra nous arranger le coup directement à la porte d'embarquement du vol pour Minneapolis. Bon, y'a plus qu'à. On va donc directement voir l'hôtesse qui règle en effet immédiatement le problème. Elle nous file les cartes d'embarquement pour le Minneapolis/Rapid City. On jette un œil rapidement
"mais, on n'est pas à côté !" et l'hôtesse de nous répondre
"ah oui mais là par contre je ne peux rien faire pour vous".

Bon, ce n'est jamais qu'un tout petit vol, on devrait survivre, même si on est séparé pendant 1 h 30 !
L'heure de l'embarquement pour Minneapolis arrive assez vite et nous voilà dans la queue. On montre nos passeports à l'agent et là on a droit, grands veinards que nous sommes (alors que tous les autres montent dans l'avion) à un mini-interrogatoire.

Combien de valises nous avons enregistré, qu'avons nous mis dedans, avons-nous fait nos valises tout seuls, des "gens" nous auraient-ils demandé de mettre des "choses" dedans ? (je n'ose imaginer la tête des "gens" et quelles sont les "choses" en question

). Je vis cet instant dans l'hilarité la plus complète, intérieurement, et je cache comme je peux mon irrésistible envie d'éclater de rire. Je crois bien, vu sa tête, que le type s'en doute. Au final il nous fait un large sourire sympathique (presque un rire ?) et nous souhaite bon voyage. Dans la navette, premier contact avec les USA grâce à une charmante, très souriante et très amicale retraitée américaine qui va nous raconter toute sa vie. On se sentirait presque déjà de l'autre côté de l'Atlantique.
Le voyage… sera-t-il bon ? A ce moment précis on ignore tout ou presque de
Delta Airlines vu que c'est la première fois que nous volons avec eux, et on s'attend naïvement à un confort et un accueil un peu identiques à ceux de Air France. Et bien en fait, non, pas du tout. Nos hôtesses sont très distantes voir absentes

, les repas vraiment pas terribles, le confort assez relatif, sièges moyens, pas de coussin, pas d'oreillettes (j'utiliserai celles de mon lecteur mp3), pas de cache pour les yeux, les films et séries ne sont qu'en VO non sous-titrées (logique, puisque pas d'écrans individuels). Tout est organisé de manière assez chaotique. Il ne se passe absolument rien pendant des heures et subitement un film commence précisément au moment où on nous sert le repas et ce à deux reprises. Je ne verrai pas la fin de
Win Win car l'avion atterrira avant, dommage ! Bon, ok, ce n'était pas un chef d'œuvre, mais quand on a vu 1 h 30 de film, c'est tout de même bête et rageant de louper les 10 dernières minutes.

Delta nous aura laissé une impression de je-m'en-foutisme, tout du moins pour l'accueil et le confort, impression qui sera confirmée sur le vol retour.
On arrive à l'heure, on a 1 h 20 pour aller prendre le vol suivant. On descend de l'avion assez rapidement, on est confiant, tout va bien se passer. Mais c'est sans compter sur les
imeeeennnnses files devant les guichets de l'immigration. Ouh lala, ça a l'air mal partie c't'affaire ! Alors on attend, longtemps, complètement immobiles… On voit plusieurs étrangers partir tenter leur chance puis revenir. Le gars qui est là pour filtrer et organiser les files ne veut rien savoir, les américains avant, les étrangers ensuite, il faut attendre. Une fois tous les américains passés, ça se dégage à vue d'œil, mais nous sommes vraiment très nombreux. Dans la queue, nous discutons avec une jeune française très sociable et pleine d'entrain. On se marre, on partage nos impressions sur l'organisation à l'américaine, nos avis hautement philosophiques sur les tee-shirts Domyos,

on fait passer le temps en bavardant et on se marre, du coup l'attente est plus douce. Ca y est, c'est enfin à nous (on sait à ce moment précis du voyage que passer le guichet, il faudra courir, et très vite). La fille de l'immigration semble avoir reçu des consignes et met le turbo :
"bonjour, vous êtes en vacances ? Vous rentrez quand ?" Empreintes (elle prend la peine de parler français, elle sait dire "pouce" !), clic-photo, au revoir, je vois les bagages sur le tapis de loin, vite courrons, hop, hop, on redépose tout ça, on court jusqu'au guichet de sécurité, on prend une panière dans un majestueux geste de haute-voltige, on enlève nos chaussures tout en courant en même temps (pas facile, je vous le dis !

), passage en 1 minute, on referme nos chaussures toujours en courant vers le guichet de la douane, on donne au douanier la pile de trucs qu'ils nous ont filé dans l'avion sans même trier et on montre le passeport, le gars ne regarde même pas, et hop hop, en 2 minutes on est devant l'écran (parce qu'en plus notre porte d'embarquement n'était pas noté sur le billet). On doit aller où ? Allez, courage, courrons encore.

Ce que nous ignorions à ce moment là, c'est que notre porte d'embarquement était précisément à l'autre extrémité de l'aéroport (et forcément, pas de navettes). Donc on court, on court, on a 20 minutes et on y croit, mais plus ça va et plus on a l'impression que c'est sans fin et qu'on n'y arrivera jamais. A un moment on passe devant un magasin de journaux. Le vendeur nous voit tracer tel l'Homme qui vallait 3 milliards et fait signe à un type qui conduit une petite voiturette, théoriquement réservée aux personnes à mobilité réduite. Donc le gars dans la voiture accélère jusqu'à notre hauteur et nous fais signe de monter. Tout en roulant il nous demande à quelle porte on va et à quelle heure on doit y être. A bout souffle, on lui répond. Il ajoute, rassurant et tout sourire
"il reste 10 minutes, c'est court mais on va y arriver" et là il se met à accélérer comme un fou, une vraie course poursuite à l'américaine. Tout le monde nous voit passer à fond la caisse dans cet espèce de petit engin. On est morts de fatigue mais on se marre quand même. Si ce n'est que quand on voit tout le chemin qu'il restait à faire on se dit que c'est une grande chance d'être tombée sur un mec sympa. Après 10 minutes de voiture, le gars s'arrête et nous dit, voilà, c'est là, mais il faut encore que vous descendiez, courrez, vous allez l'avoir ! On court encore dans l'escalator,

et on arrive enfin à la porte d'embarquement.

Un employé valide les billets sans même les regarder, on arrive dans l'avion complètement lessivés, tout rouge et limite dégoulinants de sueur, tout le monde est installé depuis des lustres et nous observe, c'est très intimidant. Reste que cet avion de Skywest nous a attendus... car on est clairement en retard !
Je choisis justement ce moment précis pour faire tomber une partie de mes affaires. Puis j'ouvre les casiers un par un avant de trouver une place pour mon bagage à mains à l'autre bout de l'avion. Quelques rangées me séparent de Gizmo, on s'assoit, on se regarde de loin et on sourit un peu béatement, la langue pendante
"On l'a eu !" J'ai envie de chanter. On attend qu'une seule chose désormais c'est que l'hôtesse (un être hybride à mi chemin entre Céline Dion et une poupée Barbie, avec un accent à couper au couteau) distribue les boissons. Au final, je redemanderai 4 fois de l'eau, quasiment coup sur coup !

On est tout contents,

il fait beau dans 1 h 30 on sera à Rapid City

(nous oui… mais pas nos valises. Nous, on a pu courir… elles non…, mais on ne le savait pas encore...

).
Ce petit voyage est particulièrement sympathique car on survole de magnifiques plaines vallonnées, de vastes étendues herbeuses, on voit aussi les Badlands, c'est vraiment superbe.

J'avais mis mon appareil photos dans le casier et j'ai eu la flemme de me lever, alors j'ai juste profité du moment présent !
Arrivée à Rapid City. C'est un minuscule aéroport régional, joliment décoré de bois, il n'y a pas foule, seulement les passagers de notre petit avion et deux ou trois employés par ci par là qui passent. On attend les valises… on voit les gens partir par petits groupes et nous, on attend, on attend.

On a l'impression d'un déjà vu, ça nous rappelle vaguement notre voyage en Ecosse, wouai, la fois où nos valises sont restées à Heathrow pendant que nous volions vers Edimbourg…
non, tu vas voir, on n'est pas tout seuls à attendre, d'autres bagages vont arriver… bin en fait, non… Bon, restons calme,
c'est où le guichet ? C'est là.
Mais non, y'a personne. Bon, on y va quand même, avec 5 ou 6 autres personnes. Au bout de 15 minutes, un agent arrive. La fille juste devant nous apprend que ces valises ont été envoyées à Fargo, dans le Dakota du Nord et comme ils viendront à Rapid City par la route et que les jours qui viennent sont le week end du Labor Day, pas d'bol, elle n'aura ses valises que Mardi (et nous sommes Samedi). Fargo ?!

Oh misère !!! C'est peut-être pas le moment de lui parler
du film des frères Cohen.

On prie très fort à ce moment là pour que nos valises ne soient pas avec les siennes.

C'est à nous,
"bonne nouvelle, vos valises sont restées à Minneapolis, elles seront ici ce soir ou au plus tard demain matin, vous les aurez demain dans la journée, on vous les livrera à votre hôtel". Ouffff ! Gros soupir de soulagement !!!!
Nous nous dirigeons donc très légèrement (forcément, pas d'valises !) vers le comptoir de Alamo où il n'y a absolument personne. Une fille nous accueille comme si nous lui avions dévoré son breakfast ; je ne sais pas pourquoi, elle n'a pas l'air contente de nous voir.

Un collègue à elle la rejoint et on a le fin mot de l'histoire. Ils s'échangent deux ou trois mots très discrètement (en pensant sans doute qu'on n'entendra pas ou qu'on ne les comprendra pas), ils trouvent très étonnant qu'on débarque ainsi sans valises. Et puis on prend aussi le temps de lire le contrat (et ça semble l'agacer) et de poser quelques questions sur les frais d'abandon, elle a dû croire qu'on était un peu paranos (pour infos, ils étaient notés à titre indicatif et soumis à modifications, et ça m'a interpellé. Raison fournie :
"c'est au cas où vous décideriez de rendre la voiture ailleurs").
Mais… la bonne nouvelle, c'est que nous bénéficions d'un upgrade gratuit ! Yeah !

Nous voilà donc désormais avec une Jeep Grand Cherokee alors que nous avions réservé une routière "standard". J'ai failli sauter de joie quand la fille nous a annoncé cela au comptoir. Ca voulait dire une chose : à nous les pistes de Moab et surtout du Colorado !!!! Youhouuuu !!!! Je dis surtout du Colorado car il s'agit d'un état où il est impossible pour un étranger de louer un véhicule tout terrain à la journée (contrairement à la Californie et à l'Utah), pour des problèmes d'assurance.
Gizmo gère la prise en main du véhicule assez rapidement (tout du moins dans les grandes lignes), et nous voilà partis sur les routes du South Dakota direction Keystone (petite ville tout près du Mount Rushmore), à une petite heure de voiture de l'aéroport de Rapid City.
Notre hôtel est situé en dehors de la ville, il est assez charmant. Nous ne parvenons pas à joindre la France par téléphone portable et la personne de l'accueil nous prête le PC de l'office pour qu'on puisse envoyer un email à la famille.

Geste très sympa qu'on appréciera grandement. Après notre installation dans la chambre et une pause bien méritée, même si on est assez fatigués par le voyage, on se balade un peu alentours à pieds pour faire le tour du propriétaire, question de ne pas nous endormir trop tôt. Ensuite on essaye d'assimiler quelques points de détails sur le fonctionnement de notre voiture (il n'y a pas de guide papier, donc on teste) puis on décide d'aller dîner au resto de l'hôtel. La nuit commence à tomber et la température chute assez brutalement. La grosse salade de légumes ne sera pas une bonne idée, car elle ne va pas nous réchauffer. En plus les légumes ne sont pas cuits. C'est la première fois que je mange du brocoli cru… désormais je sais que je n'aime pas cela, beurk !

Les américains ont un vrai problème avec la cuisson des légumes. En revenant dans la chambre, on branche le chauffage… ça fait du bien. Après, ne le demandez pas ce qu'il s'est passé, je me suis endormie comme une masse.
