Le Studio Paramount est le plus ancien studio de Hollywood toujours en activité, le seul et unique à être resté implanté sur place… tout un symbole ! Visiter Paramount, c’est donc entrer de plein pieds à Hollywood et comprendre comment le mythe s’est construit.
Le Tour, en petit comité, reste relativement intime. L’accent n’est pas mis sur les productions récentes mais plus sur l’Âge d’Or et sur l’histoire du studio. La visite se révèle donc plutôt destinée à un public de cinéphiles désirant en apprendre un peu plus sur leur passion. Paramount dégage une aura de glamour et de grâce indéniables, un petit supplément d’âme qui fait que cette visite ne ressemble à aucune autre !
Situation, accès
- Adresse du Studio Tour : 5515 Melrose Avenue, Hollywood, CA 90038
- Adresse du Studio : 5555 Melrose Avenue, Hollywood, CA 90038
Accès en voiture
Depuis la Freeway 101, prenez la sortie « Melrose Avenue » (# 6B) puis tournez sur Melrose Avenue en direction de l’ouest. Continuez tout droit jusqu’au croisement de Melrose Avenue et de Windsor Avenue où se trouve le parking.
Accès en transports en commun
- Depuis Hollywood Blvd (Hollywood/Vine), prenez le DASH direction Oxford Avenue et descendez à « Melrose Ave & Windsor Blvd ».
- Depuis Downtown (Civic Center/Grand Park), prenez le bus #10 (direction ouest) et descendez à l’arrêt Melrose/Windsor.
Parking
Le parking du Studio Tour est situé à l’angle de Melrose Avenue et de Windsor Blvd, suivez « Lot A ». Si vous avez réservé un VIP Tour ou un After Dark Tour, présentez votre bon de réservation, le parking vous sera offert. Attention, ce quartier est résidentiel, inutile d’essayer de vous garer gratuitement dans la rue, vous risquez de voir votre voiture embarquée par la fourrière !
L’entrée du Studio Tour se trouve en face, de l’autre côté de la rue sur Melrose Avenue.
Temps de visite
Prévoyez 2 heures pour le Studio Tour, de 2h30 à 3 heures pour le Tour en nocturne et 4h30 à 5 heures pour le VIP Tour.
La visite des studios Paramount
Quelques consignes de visite pour commencer : ayez des chaussures confortables qui vous permettront de marcher facilement, n’oubliez votre bouteille d’eau (il fait chaud à L.A. en été !). Sachez également que les photographies sont autorisées pendant le tour mais qu’il est interdit de filmer. On ne vous enlèvera pas votre matériel mais le guide vous surveillera du coin de l’œil. Sachez également qu’il est interdit de prendre en photos les célébrités que vous pourriez rencontrer, ainsi que leur demander un autographe. C’est leur lieu de travail, ne l’oubliez pas… Cependant, si la chance vous sourit, il se peut que l’une d’entre elle vous propose une photo, un selfie, ou juste un mot au détour d’une pause !
Prévoyez d’arriver au minimum 30 minutes avant le départ de votre tour. N’oubliez pas votre passeport, on vérifiera votre identité à l’entrée.
Studio Tour
- Durée : environ 2 heures
- 7 jours/7 (sauf certains jours fériés)
- Un départ toutes les 30 minutes de 9h00 à 16h00
- Réservation obligatoire
- 65 $ par personne
- Parking payant
- A partir de 10 ans
Après votre check-in, vous serez accueilli par votre guide dans la petite salle de projection attenante à l’entrée. Après avoir visionné quelques court extraits présentant les plus grand succès de la Paramount, le Tour peut commencer. Votre guide vous proposera une liste de shows actuels dont le tournage est en pause, afin de découvrir les extérieurs et/ou (avec un peu de chance) le plateau.
Vous partirez alors avec votre guide en buggy et parcourrez les quelques 30 hectares du studio à la découverte du backlot le plus célèbre de Hollywood.
Dans un premier temps, vous serez conduit à l’emplacement où le sigle Hollywood est visible. Les studios Paramount étant les seuls studios encore présent à Hollywood, il n’y a que là que vous pourrez y apercevoir le célèbre panneau.
Après avoir pris le fameux sigle sous toutes les coutures, il est temps de faire votre première balade à pied, à travers des lieux connus, vus et revus dans certains vieux films, ou dans les séries de notre enfance.
Le guide vous proposera ensuite de découvrir les rues factices de New York ou Chicago. Tout cela agrémenté d’un petit quizz sur nos émissions préférées et de nombreux extraits diffusés sur une tablette.
Vous passerez devant un étonnant parking bleu avec un gigantesque mur peint couleur ciel, le « blue sky tank« . Cette dalle de 54 mètres sur 60 peut se transformer en une journée en un bassin d’1 m 20 de profondeur (4 millions de litres venant du château d’eau voisin).
Le mur bleu ciel de 54 mètres de long est, quant à lui, un écran et sert de toile de fond pour toutes les scènes aquatiques. C’est ici même que Moïse/Charlton Heston a séparé les eaux de la Mer Rouge dans Les Dix Commendements en 1956 ou que Benjamin Button/Brad Pitt a navigué en haute mer dans L’Etrange histoire de Benjamin Button en 2008 !
La balade se poursuit ensuite à pied, à travers les studios, nous permettant de découvrir l’envers des décors, notamment ce qui se cache derrière les multiples façades. Le guide propose ensuite de découvrir un plateau de tournage, celui de Dr Phil par exemple, célèbre Talk Show US et ainsi d’en apprendre plus sur les techniques de tournage… Bon niveau d’anglais recommandé (du moins pour cette partie, assez technique mais passionnante).
On reprend ensuite le buggy pour continuer la visite des studios avec un passage par la salle des accessoires où vous pourrez découvrir de nombreux objets célèbres du paysage cinématographique de la Paramount.
Après avoir pris le temps de découvrir tous ces objets familiers, il est temps de faire la photo souvenir au niveau de l’entrée historique des studios.
C’est ici que vous découvrirez le célèbre banc de Forrest Gump ou encore le Paramount Theatre utilisé comme lieu de tournage mais aussi pour des projections en avant-première.
Et voilà, il est temps de terminer cette visite. Et quoi de mieux que la boutique officielle pour prolonger le rêve et, pourquoi pas, ramener un petit souvenir.
VIP Tour
- Durée : 4h30
- Uniquement du lundi au vendredi (sauf certains jours fériés)
- Deux départs par jour : 9h30 et 9h30
- Réservation obligatoire
- 215 $ par personne
- A partir de 10 ans
Les avantages du VIP Tour :
- Parking : gratuit
- Photo souvenir offerte
- Déjeuner gastronomique compris
- 15% de réduction au Paramount Studio Store
- Des petits cadeaux bien sympathiques en prime
C’est la visite la plus complète proposée par Paramount, un must-do pour les cinéphiles avertis. Sans doute la visite la plus glamour que vous pourrez faire lors de votre séjour à L.A. Si vous êtes cinéphile passionné et que vous ne devez visiter qu’un seul studio, c’est ce Tour que nous vous conseillons de choisir.
Dès votre arrivée, vous serez pris en charge par votre guide. Les visites se font en buggy et à pied, en groupe très restreint, souvent 4 personnes, parfois même 2. On vous fournira des écouteurs afin de ne pas perdre une miette des commentaires toujours passionnants de votre guide (ce sont des pros et ils ne sont pas à ce poste par hasard, ils ont tout intérêt à ce que votre visite se passe pour le mieux et que vous repartiez enchanté). Votre guide vous demandera également quels sont vos films préférés afin de mieux cibler vos goûts et orienter la visite en ce sens.
Pour commencer, pause photo devant la légendaire Bronson Gate, près de la très belle fontaine (votre guide vous prendra d’ailleurs en photo avec votre appareil) et passage obligé par la porte en fer forgé, une merveille architecturale de style renaissance espagnole construite en 1926. Cette porte est tout un symbole. Dans les années 1930, il s’agissait de l’entrée principale des studios. Aujourd’hui, elle est fermée au public (à l’exception des tours guidés).
La coutume veut que chacun touche la grille de la main, geste porte-bonheur qui rend en même temps hommage à tous les acteurs du Golden Age Hollywoodien qui avaient pris pour habitude de l’embrasser en récitant une réplique mythique de l’actrice Gloria Swanson dans le film Boulevard du Crépuscule « All right, Mr. DeMille, I’m ready for my close up » (« Très bien, Mr DeMille, je suis prête pour mon gros plan »). Karol Dionizy Buczynski, plus connu du grand public sous le nom de Charles Bronson, avait choisit son nom de scène en hommage à cette porte sacrée !
Une fois la porte passée, la visite des studios peut commencer. Vous avez oublié votre téléphone portable à l’hôtel ? Pas de vaine pour vous, car cette cabine est entièrement… fausse !
Au programme, pendant environ 1h30, la découverte de plusieurs entrepôts techniques et de fabrication des décors. Vous verrez ainsi les secteurs électricité, menuiserie ou encore le « paint shop », nettement plus intéressant qu’il n’y paraît au premier abord. Il faut savoir que les films n’utilisent que rarement les véritables marques, panneaux… de la vie quotidienne et que tout doit être recrée.
Cela peut aller de la simple boîte de céréales au logo d’une équipe de football, en passant par des affiches publicitaires ou l’intégralité des panneaux que l’on peut trouver dans un film… autant dire que le travail est colossal, d’autant plus que le spectateur doit pouvoir d’un seul coup d’œil reconnaître ou deviner de quoi il s’agit.
Vous noterez au passage l’amical accueil que vous feront les équipes techniques, sans doute heureuses de voir des visiteurs intéressés par leur travail de l’ombre.
Il est désormais temps de faire une pause, c’est d’ailleurs déjà l’heure du déjeuner. Au programme : repas gastronomique préparé par le chef des studios qui viendra lui-même vous présenter ses spécialités. Les mets proposés sont frais, fins, goûteux, particulièrement équilibrés et contemporains.
Le cadre est des plus agréables ! Qui n’a jamais rêvé d’un déjeuner en plein air, sur une grande tablée de coton blanc, au cœur des studios Paramount, tout près de la Bronson Gate et de sa fontaine ? Si en prime le soleil est de la partie, autant vous dire que l’instant sera tout de même très particulier.
Cette pause sera également l’occasion de faire mieux connaissance avec votre guide, qui vous parlera de cinéma, mais pas que !
Après ce repas estival (la météo est toujours au beau fixe en Californie !), il est temps maintenant d’attaquer un des points forts de ce tour VIP : la visite des archives. On va vous permettre d’entrer dans la caverne d’Ali Baba de Paramount, là où sont stockés l’intégralité des copies de films (sachez que les originaux sont enfouis quelque part dans un désert aux USA, mais le lieu est tenu secret !).
Le bâtiment est incroyable, des bibliothèques de films à pertes de vue, sur plusieurs étages. Tous les formats possibles et imaginables, dans toutes les langues…
Amusez-vous à déambuler dans les couloirs (ne vous éloignez pas trop tout de même, vous risqueriez de vous perdre !) afin de partir en chasse de vos films préférés. Vous toucherez en quelque sorte le Saint Graal.
Tout près se trouve un autre trésor, autre point fort du tour, la visite du bâtiment des costumes et des accessoires. Attention, il ne s’agit pas ici de stockage, mais plutôt de petites salles de musées aménagées au sein des bureaux Paramount. Du beau monde travaille par ici.
Une personne y fait notamment un incroyable travail d’archéologue du cinéma en visionnant des films afin d’y retrouver d’où sont issues certaines pièces dont on a oublié ou perdu l’origine (le plus beau métier du monde ?).
Vous verrez également de nombreux costumes ayant fait la gloire de Paramount, à savoir le formidable et merveilleux travail artistique de la célèbre costumière Edith Head sans qui Hollywood ne serait pas vraiment Hollywood (elle a remporté pas moins de 8 Oscars au cours de sa prolifique carrière).
Edith a commencé à travailler chez Paramount en 1927 sur le film Wings (cf. chapitre « Histoire ») et y est restée jusqu’à sa mort en 1981, elle avait 84 ans (son dernier film est, ironiquement, Les Cadavres ne portent pas de costard). Elle a habillé les plus grands : Cary Grant, Audrey Hepburn, Grace Kelly, Bing Crosby, Hedy Lamarr…
Dans ce petit musée, vous verrez également toutes sortes d’objets très hétéroclites allant de la tête de panda de Tonnerre sous les tropiques (2008) à l’escalier du phare de Shutter Island (2010), en passant par les improbables et délirants costumes de Will Ferrell dans Les Rois du patin (2007) et de Priscilla Presley dans Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? (1994) ou encore les chaussures de Forrest Gump (1994).
Dans d’autres salles sont exposés de multiples accessoires mais aussi des bijoux issus principalement des films du Golden Age.
La visite reprend ensuite le Tour traditionnel de 2 heures et se poursuit à pied dans le backlot, à la découverte de quelques lieux de tournage et des « vraies fausses rues », quizz à l’appui. On vous permettra également de tester le fameux trucage des portes de hauteurs différentes permettant à deux acteurs, l’un petit et l’autre grand (au hasard Tom Cruise et Nicole Kidman !), de paraître de taille identique à l’écran.
Puis sera l’adieu à Hollywood…
… non sans beaucoup d’émotion.
Votre guide vous remettra quelques forts sympathiques petits cadeaux souvenirs personnalisés et très élégamment emballés avant de vous saluer chaleureusement une dernière fois et de s’éclipser en vous laissant à la boutique souvenirs où vous pourrez dépenser joyeusement quelques dollars (n’oubliez pas de montrer votre pass VIP pour pouvoir bénéficier de la réduction).
Une journée riche et bien remplie, historique et émouvante.
Pratique
Réservation
Vous ne pourrez visiter le studio qu’à condition d’avoir réservé votre place. Nous vous conseillons de le faire au moins 1 mois avant votre visite (et au plus tard 48 heures avant) afin d’avoir le choix des dates et des horaires.
Documentation
Paramount App
Pour améliorer votre expérience touristique, téléchargez l’application Paramount Studio Tour avant votre arrivée. Avec l’application, vous pourrez notamment scanner des accessoires et des costumes pour révéler des contenus exclusifs.
Restauration
The Coffee Bean & Tea Leaf propose boissons, snacks, pâtisseries et sandwiches. Ouvert durant les heures de visite du studio.
Hébergements
Hôtels
Vous pourrez loger notamment à Los Angeles, Santa Monica, West Hollywood, Beverly Hills…
Booking.comHistoire
Paramount est aujourd’hui le plus ancien studio américain toujours en activité et encore implanté à Hollywood.
Les Studios Paramount naissent officiellement en 1916 de la fusion des studios de Adolph Zukor (Famous Players in Famous Plays) et des studios de Jesse Louis Lasky (Feature Play Company), mais leur genèse remonte quant à elle à 1912.
En 1912, à New York, après avoir lancé sa société de salles de cinéma Nickelodeon (de « nickel », une pièce de 5 cents et de « odeon », édifice réservé à des démonstrations artistiques sous la Grèce Antique), Zukor souhaite y voir projeter des longs métrages. Il a également pour ambition de proposer des films avec de grands acteurs (à l’époque, le cinéma était considéré comme un sous-genre, une distraction pour les petites gens !). Il crée alors les studios Famous Players in Famous Plays (textuellement : des comédiens connus dans des pièces connues) dont le but sera de produire des versions cinéma de pièces de théâtres renommées. Il s’adjoint les services du réalisateur Edwin Stanton Porter et du photographe Alexander Lichtman. Ils rencontrent un franc succès en adaptant Le Comte de Monte Cristo et Le Prisonnier de Zenda. Ils lanceront également la carrière de John Barrymore, illustre famille d’acteurs encore aujourd’hui (Drew Barrymore est sa petite-fille) et de l’actrice Mary Pickford, la petite fiancée de l’Amérique à l’époque.
En 1913, Jesse L. Lasky a déjà une belle carrière de producteur de théâtre derrière lui mais se laisse convaincre par son beau-frère Samuel Goldwyn (créateur de la MGM en 1925), de se lancer dans l’aventure cinématographique. Lasky connaît déjà Cecil B. DeMille et tous deux décident de produire une adaptation de The Squaw Man (Le Mari de l’indienne), un western de plus d’une heure ! Feature Play Company est née avec à son bord, Jesse Lasky, Cecil B. DeMille et Samuel Goldwyn. On commence à tourner le film en studios dans le New Jersey mais la sauce ne prend pas, il manque des décors naturels. Qu’à cela ne tienne, toute l’équipe part alors en Arizona, à Flagstaff. Une tempête de neige bloque le tournage, on remballe tout pour continuer le travail un peu plus à l’ouest… à Hollywood. Le 22 décembre 1913, De Mille et Lasky louent une petite grange, à l’angle de Vine et de Selma Street, et l’aménagent en studios. Une semaine plus tard, le tournage commence. The Squaw Man sera le premier film tourné à Hollywood ! Le film remporte un vif succès, ce qui permet à la Feature Play Company de se développer et de lancer de nouvelles productions. Adolph Zukor envoie un message de félicitations à Lasky et de leur rencontre naîtra une longue et prospère collaboration.
En 1914, William Wadsworth Hodkinson crée la société Paramount Pictures Corporation et démarche des producteurs. Adolph Zukor se montre très intéressé. Il voit grand, souhaite développer son propre studio et achète des parts dans la société, il nomme un nouveau président, Hodkinson quitte le navire en cédant ses parts. Zukor convainc alors Lasky et DeMille de fusionner à parts égales la Feature Company avec la Famous Players. Zukor devient président, Lasky vice-président, Goldwyn directeur de production et De Mille directeur artistique. La même année, un désaccord vient assombrir le tableau et Goldwyn quitte la société en revendant ses parts. Paramount Pictures est née !
Paramount souhaite que l’intégralité de leurs films soient diffusés dans un maximum de salles partout à travers le pays. Que les films soient bons ou mauvais importe peu. Ils mettent au point un système afin de s’imposer, le block booking. Cette nouvelle méthode marketing oblige les exploitants de salles de cinéma à acheter les droits par lots, de tous les films du label, sans même les avoir vus. Radical mais efficace. Paramount se développe de plus en plus, y compris en Europe où ils concluent des accords avec Gaumont. La concurrence est écrasée jusqu’à l’arrivée de la First National Pictures, un regroupement des plus grandes salles de cinéma du pays (plus de 600) qui, pour contrer le pouvoir de Paramount, passera de l’exploitation à la production. Ils signeront avec Mary Pickford en lui offrant un salaire mirobolant (elle portait alors l’étendard de Paramount), et Charlie Chaplin ! Mais Paramount riposte et lance son propre réseau de distribution, aux USA mais aussi partout en Europe. Zukor a en outre plus d’un tour dans son sac et convainc les Cosmopolitan Productions gérées par le célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst de distribuer les films Paramount, ces derniers profiteront par la même occasion d’une large publicité dans les journaux de Hearst.
Paramount Pictures est alors au plus haut de sa gloire. En 1923, Cecil B. DeMille réalise Les Dix commandements et toutes les plus grandes stars de Hollywood ont signé chez eux : Rudolph Valentino, Gloria Swanson, Maurice Chevalier, Claudette Colbert, Carole Lombard, les Marx Brothers…
Parallèlement à ce succès, le milieu hollywoodien montre une facette nettement moins glamour : scandales, drogue, trahisons, crimes, viols, suicides… les organisations religieuses montent au créneau et veulent en finir avec le cinéma, source de tous les maux de la Terre ! En 1929, les sociétés de production hollywoodiennes mettent alors en place un système d’auto-censure, un code rédigé par des ecclésiastiques et établi par le sénateur presbytérien William Hays, président de la Motion Pictures Producers and Distributors Association (MPPDA). Cette auto-régulation donnera naissance au tristement célèbre et trop rigoureux code Hays (Motion Picture Production Code) en vigueur jusqu’en 1966 et dont le rôle sera de contrôler l’intégralité du contenu des films !
Un coup très dur pour les maisons de production, y compris Paramount qui, entre temps, a perdu un de ses membres fondateurs, Cecil B. DeMille, suite à une dispute avec Zukor.
En 1926 arrive le cinéma sonore, avec le film Don Juan produit par les studios Warner puis le cinéma parlant un an plus tard avec Le Chanteur de Jazz. Chaque société de production utilise son procédé et Paramount entre dans la course avec le Photophone (de la société RCA). Grâce à ce nouveau procédé, ils remporteront l’Oscar du meilleur film lors de la toute première cérémonie des Academy Awards le 16 mai 1929 avec Wings (Les Ailes, 1927) de William A. Wellman et avec le tout jeune Gary Cooper. Le film se passe durant la première guerre mondiale et lancera la carrière de l’acteur. Wings recevra aussi à cette occasion l’Oscar des meilleurs effets d’ingénierie, une récompense qui n’aura été décernée qu’une seule et unique fois dans toute l’histoire des Oscars. Le film sera inscrit au registre du National Film Preservation Board par la Bibliothèque du Congrès (il s’agit de films classés et préservés pour leur intérêt culturel, historique et esthétique).
Il faudra attendre encore une année pour que Paramount lance son tout premier film entièrement parlant, Interference (Interférences). Le parlant amène de nouvelles grandes vedettes, dont Mae West. A cette même période, Paramount se lance dans la distribution des productions animées des Studios Fleischer dont les héros sont le légendaire Popeye et l’incroyablement sexy Betty Boop.
Durant la Grande Dépression, toutes les sociétés de production cinématographique perdent gros. Chez Paramount, on licencie et de nombreux changements sont effectués dans la direction. La société est mise en liquidation en 1933 et Lasky est renvoyé. Un financier, John Otterson est nommé président et Zukor préside le conseil d’administration. Au milieu des années 1930, grâce à Roosevelt et au New Deal, l’industrie cinématographique renaît lentement. Entre temps, DeMille est revenu à la maison et des acteurs comme Bing Crosby ou Mae West crèvent l’écran. D’autre part, la Seconde Guerre Mondiale éclate, mais les américains ont besoin et envie de se divertir et après la guerre, les bénéfices de Paramount sont énormes (39 millions de dollars rien que pour l’année 1946).
Dans les années 1950, la compagnie décide de produire moins de films sur une année, mais de meilleure qualité. Paramount connaîtra alors un nouvel âge d’or avec des films comme Boulevard du crépuscule (1950), sans doute le film le plus emblématique des studios), Sous le plus grand chapiteau du monde (1952), Vacances Romaines (1953) avec Gregory Peck et la délicieuse Audrey Hepburn, L’Homme des vallées perdues (1953) une nouvelle version des Dix commandements (1956) toujours par Cecil B. DeMille et avec Charlton Heston, ou encore Sueurs Froides (1958) de Hitchcock avec James Stewart et la troublante Kim Novak. Parmi les grandes stars et valeurs sures de la Paramount de l’époque, citons également Jerry Lewis et Dean Martin.
Paramount est la toute première société de production cinématographique à investir dans l’industrie télévisuelle naissante dans les années 1930. Mais à la fin des années 1950, la télévision fait sérieusement de l’ombre au cinéma qui doit se réinventer pour survivre. On crée donc le cinéma en 3D et la 20th Century Fox lance sa plus grande invention, le Cinémascope (la prise de vue est réalisée avec un objectif déformant et l’image se retrouve comprimée dans le sens horizontale ; lors le la projection, l’image est étirée dans les mêmes proportions et l’on voit sur l’écran – plus grand – une image panoramique). Toutes les majors adoptent ce nouveau système sauf une… la Paramount, qui préfère développer son propre procédé, le VistaVision (image moins grande que le Cinémascope mais de meilleure qualité).
Les années 1960 restent malgré tout difficiles. Zukor se retire en 1959 mais est nommé président honoraire, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1976 (il avait 103 ans !). On tourne de moins en moins de films dans les studios. Notons malgré tout quelques grandes œuvres, comme Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock ou encore les films du réalisateur Blake Edwards (notamment Diamants sur Canapé en 1961). C’est à cette époque que seront également produits la comédie Drôle de couple (1968) avec Jack Lemmon et Walter Matthau qui rencontrera un vif succès, ainsi que Rosemary’s Baby (1968) de Roman Polanski, 100 dollars pour un shérif (1969) de Henry Hathaway avec John Wayne. D’autres productions gourmandes ne rapportent pas assez sur le marché américain mais les succès compensent dans la balance.
Les années 1970 viennent renflouer les caisses avec des films très porteurs ayant rencontré un très large public dont Love Story (1970) de Arthur Hiller avec Ali MacGraw et Ryan O’Neal ou Grease (1978) qui battra tous les records, Harold et Maude (1971), Le Parrain (1972), Chinatown (1974), Les 3 jours du Condor (1975), Marathon Man (1976), Les Moissons du ciel (1978), la série des films Star Trek (dès 1979).
Cette même décennie marque toutefois la crise à Los Angeles, les quartiers s’appauvrissent et se métamorphosent, notamment Hollywood qui devient rapidement une véritable cour des miracles. Les derniers studios encore en place à Hollywood déménagent les uns après les autres (notamment à Burbank) et il ne reste bientôt plus que Paramount, qui s’accroche et s’affiche comme un symbole.
Les années 1980 et 1990 marqueront le début de l’époque des blockbusters et des films dits « pop corn », des films à gros budget lancés à renfort de campagnes publicitaires tout aussi dispendieuses, Y a-t-il un pilote dans l’avion? (1980), Les Aventuriers de l’arche perdue (1981), Un Fauteuil pour deux (1983), Flashdance (1983), la série des Flic de Beverly Hills (dès 1984), Top Gun (1986), Ghost (1990)… la mode n’est pas vraiment aux films d’auteur.
Toutefois, en 1998, la filiale Paramount Classics se retrouve en charge du financement de films indépendants et de la distribution de films d’art, citons Virgin Suicides (1998) de Sofia Coppola, La Fille sur le pont (1999) de Patrice Leconte avec Vanessa Paradis, The Machinist (2004) avec Christian Bale, Babel (2006) avec Brad Pitt et Cate Blanchett, l’émouvant Into the Wild (2007), There Will Be Blood (2007), No Country for Old Men (2007) des Frères Cohen et avec Tommy Lee Jones (qui remportera l’Oscar du meilleur film l’année suivante).
Depuis, Paramount rachète des sociétés pour en faire des filiales afin d’élargir son audience (comme Nickelodeon Movies pour le jeune public), des contrats d’exploitation sont passés (en 2008 Paramount achète à Marvel les droits d’exploitation de Iron Man, mais le rachat de Marvel par la firme Disney rompt le dit contrat), d’autres contrats sont rompus comme celui liant Paramount à la société de production de Tom Cruise ou encore le rachat de Dreamworks à Steven Spielberg. Une filiale est également spécialisée dans les produits dérivés ; ainsi Paramount Licensing possède aujourd’hui la chaîne de restaurants Bubba Gump Shrimp Company ! Et le cinéma dans tout cela ?
L' »Usine à rêves » fait-elle partie d’un autre temps ? On préfère sans aucun doute voir le verre à moitié plein et se dire que si le studio est désormais géré par des financiers, les artistes sont quant à eux toujours là pour nous émerveiller par leurs formidables talents et continuer à nous faire rêver, qu’ils soient acteurs, réalisateurs, scénaristes, costumiers ou charpentiers… L’énergie créatrice est inépuisable et aujourd’hui, la seule limite est l’imagination…
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- A également participé à la rédaction : Joana
- Photos : Isa, Joana, Thomas
5 Commentaires. En écrire un nouveau
Merci pour ces infos joliment illustrées,
je me rends bientôt à L.A (1st time !) et j’y ferai un petit tour sans aucun doute.
Avec plaisir Yann, on vous souhaite une excellente découverte de Los Angeles 🙂
Merci pour vos articles toujours très intéressants! Nous allons bientôt avoir l’occasion de nous rendre à Los Angeles pour quelques jours avec notre fils de 17 ans qui entre en BTS audiovisuel l’année prochaine. Nous nous sommes déjà rendus aux studios Universal, mais pour cette deuxième visite, nous hésitons : Warner Bros, Paramount ou Sony? Si vous avez des conseils, nous sommes preneurs!
Bonjour Céline. Comme vous avez pu le voir, Universal est un parc d’attractions à thème donc reste à part. Les autres studios que sont Warner, Paramount, et Sony n’ont rien à voir avec Universal. Warner (comptez environ 3 heures) est le plus couru, il y a un peu plus de monde, la visite se fait en wagonnet et à l’époque où j’ai fait ma visite les possibilités de photos étaient limitées. Depuis leur offre s’est pas mal diversifiée (il existe désormais des tours plus ciblés sur le cinéma « classique » (antérieur à 1990). Les expos ont aussi été améliorées. En matière de télé l’accent est mis sur les sitcoms Friends et The Big Bang Theory. Si vous n’avez jamais fait de visite de studio « pure », Warner reste un must. Sony/Columbia sont les ex studios de la MGM mais malheureusement ils n’insistent pas trop sur cet aspect, ils appuient plus sur les séries télé (et depuis ma visite ils ont ajouté le camping-car de Better Call Saul). La visite (3 heures) se fait à pieds, en petit comité, notre guide était très cool et globalement l’ambiance y est un poil moins chronométrée qu’à Warner donc plus détendue. Warner et Sony sont en fait assez complémentaires dans leur approche. Quant à Paramount, mon expérience diffère un peu car j’ai fait la visite VIP qui dure un peu plus de 5 heures. Certes, je vous concède que c’est un sacré budget, mais quand on est cinéphile (et qu’on s’intéresse au cinéma au sens large, depuis le Golden Age jusqu’à aujourd’hui) c’est de loin la meilleure expérience possible à Los Angeles. Nous étions 4 + notre guide (hyper professionnelle, très amicale et surtout passionnée par son travail) et la visite se fait en mini-voiturette et à pied. J’ai décrit ma visite ci-dessus. Pour moi inoubliable en terme de visite de studios (les archives, les costumes, la construction des décors, etc…). Merci à vous et bons préparatifs ! 🙂
Merci infiniment pour ces informations précieuses!