J5 - JEUDI 9 AOUT 2012 / SELIGMAN - GRAND CANYON (SOUTH RIM)
Bad taste
Quel bonheur de se lever sur la Mother Road ensoleillée…même si hélas ce beau temps ne va pas durer toute la journée !
Tout d’abord, comme le couvre-feu était déjà déclaré à Seligman lors de notre arrivée tardive cette nuit, nous en profitons ce matin pour faire quelques emplettes dans les boutiques de souvenirs estampillées « Route 66 », avec chacune leur déco bien dans l’esprit.
Après les dépenses, c’est l’heure de manger car notre maigre repas improvisé d’hier soir a déjà eu le temps d’être digéré plusieurs fois. Nous rêvons d’un breakfast aussi gargantuesque que chez Denny’s la veille, et nous rendons pour cela au réputé Westside Lilo’s. Toutefois, ce petit dej’ va nous laisser un goût amer dans tous les sens du terme et reste notre pire souvenir culinaire du séjour.
Accueil plutôt froid en entrant, tout comme la salle car la clim turbine à fond, ce qui nous obligera à changer de place ! Il est assez tôt, il n’y pas beaucoup de monde dans le restaurant, et pourtant nous allons déjà devoir attendre 20 minutes qu’une serveuse pas aimable pour un sous daigne s’occuper de nous... S’ensuit à nouveau 20 longues autres minutes pour être servis et au bout desquelles je commence à m’énerver. Nous avons un planning serré aujourd’hui et il part déjà en couilles de bon matin…
Pour la suite, la serveuse doit avoir une dent contre moi car j’ai le droit à un jus de pomme au lieu d’un jus d’orange, et une omelette au lieu des œufs au plat ! Je lui fais comprendre que ce n’est pas du tout ce que j’ai commandé, mais non, rien n’y fait, elle me laisse en plan et s'en cogne. Soit elle ne capte rien, soit elle est vraiment conne. Un peu des deux je pense, mais tant pis, pas le temps d’attendre davantage et je me contente donc de mon petit déjeuner de substitution. Mis à part les pancakes réellement géants je l’avoue, vu son prix ce brekafast n’a rien d’extra soit dit en passant. J’aurais mieux fait de m’abstenir d’ailleurs, car je l’ignore à ce moment-là mais je vais être malade comme il faut plus tard grâce à tout cela... Bref, le Westside Lilo’s est black listé pour nous. Nous sortons de là sans dire au revoir et sans laisser de pourboire (ça sera la seule fois en 3 semaines).
Après cette petite déconvenue, nous roulons une toute dernière fois sur la Route 66 avant de rejoindre l’autoroute jusqu’à Williams. Là, nous bifurquons sur la Route 64, direction le Grand Canyon National Park pour une journée qui va donc continuer d’être assez particulière…
Seligman - Grand Canyon (South Rim) = 165km
Les chemins de la liberté
Plus on se rapproche du parc, plus l’excitation est grande. Qui n’a pas rêvé un jour de pouvoir admirer le Grand Canyon ? Plus que le Canyon lui-même, c’est une véritable symbolique en soi, qui évoque surtout l’époque du Far West, et dans une moindre mesure le cinéma forcément.
Pour ma part, ce lieu m’a fasciné la première fois étant gamin, non pas grâce à un western mais en matant
Thelma et Louise de Ridley Scott. Et pourtant, si le final inoubliable de ce film culte est censé se dérouler dans le célèbre Canyon d’Arizona, j’ai appris plusieurs années après que cette séquence a en fait été tournée à Dead Horse Point, un autre canyon fabuleux situé près de Moab dans l’Utah, à 600 bornes de là (et que nous allons bien évidemment admirer 3 jours plus tard !). Cela dit, après cette vision de l’Ouest, le rêve était né.
Dans le contexte de notre voyage, ce film est d’autant plus important qu’il est je trouve l’un des meilleurs « road movie » qui soit. Difficile de ne pas ressentir un grand sentiment de liberté en regardant ces deux femmes rouler cheveux au vent dans leur Thunderbird 1966. Une envie folle de dévorer des miles dans le désert américain, où Ridley Scott a d’ailleurs voulu rendre ici un vibrant hommage à la traversée de la mythique Route 66…
Un film qui à chaque vision me donnait envie de faire pareil un jour (le road trip, pas le final…). C’est donc chose faite ! Nous avons de nouveau revu le film dès notre retour, et le trouvons encore plus puissant et émouvant désormais…
Nous sommes donc en direction de la South Rim du Grand Canyon, tandis que les paysages changent de ton. Beaucoup de végétation dans le coin, ça fait du bien après n’avoir vu que de la roche la journée précédente. Et soudain, qu’apercevons-nous devant nous : énorme, improbable, inattendu… un gigantesque panneau publicitaire annonçant…un McDonald’s au Grand Canyon (à Tusayan précisément) ! Ce panneau casse un peu le charme d’un coup, nous rappelant que même dans une vaste étendue au bout du monde, le business a sa place.

Et l’on se rendra compte que le Grand Canyon, c’est un biz monstrueux justement ! Quoi penser d’ailleurs de ce Skywalk implanté en 2007 à l’ouest du canyon…une opération commerciale que nous avons toujours trouvée ridicule (même si certains s’accordent à dire que ce projet est vital pour la tribu des Hualapai). Ce n’est pas dans cet esprit que nous imaginions depuis toujours découvrir cet endroit majestueux. Dans l’absolu, nous aurions même préféré visiter la North Rim, mais cela compliquait trop le road book. Peu importe, la South Rim sera une expérience unique !

Nous avions d’ailleurs mis toutes les chances de notre côté pour ça en réservant un vol en hélicoptère pour aujourd’hui sur Papillon.com (le site le plus réputé en la matière). Nous avons hésité longuement à faire cette réservation ; premièrement en raison du prix assez élevé, puis ensuite en se demandant si le survol en avion ne serait pas mieux. Après moult recherches, il en sortait que l’hélicoptère restait le plus spectaculaire. Qu’à cela ne tienne, quitte à se lancer, nous avons même décidé au final de prendre le circuit de 45 minutes le plus complet (Grand Kingdom). Résultat des courses, 478$ pour deux avec les taxes, soit 358€ le vol tout de même ! Est-ce que cela valait le coup ?...
Apocalypse Now
« Apocalypse Now », pour notre vol en hélico sur fond de Wagner ? Et bien non, pas encore, mais pour l’entrée en matière un peu chaotique dans le parc.
Nous commençons par acheter notre fameux pass « America the beautiful », qui nous donnera l’accès à la plupart des parcs visités durant le séjour. Un investissement de 80$ (60€) vite rentabilisé si vous avez prévu l’arrêt dans de nombreux parcs nationaux, et encore plus si vous comptez y revenir très vite puisque le pass est valable 1 an !
Nous sommes ravis de notre acquisition, mais une chose nous tracasse à l’horizon : de gros nuages gris menaçants qui se profilent. On pense tout de suite à notre baptême de l’air… Bon, pas de quoi s’affoler pour le moment, il est 11h30 et notre vol est prévu pour 16h…
Toutefois, le timing nous perturbe un peu lui aussi car une fois sur place, nous réalisons que les distances sont hallucinantes… Le fait est que nous devons nous présenter à l’héliport ¾ d’heure avant, et que ce dernier est situé à l’extérieur du parc (comptez une bonne demi-heure depuis le Visitor Center). Bref, il s’agit de ne pas trop s’éloigner jusque-là pour y être à l’heure !
Plan du Grand Canyon (South Rim)
Pour jouer la sûreté, nous décidons pour le moment de laisser de côté la West Rim Drive (trop loin et trop long) et surtout d’abandonner la Jeep pour rester dans les parages. Après avoir difficilement trouvé une place de parking au Visitor Center, nous cherchons une carte précise avec les trajets des navettes. Nous sommes un peu déboussolés, car beaucoup de monde et de stress d’un coup !
Nous embarquons quelques minutes plus tard dans une navette vers les points de vue les plus proches, et là l’inquiétude laisse place à l’émerveillement devant la beauté des lieux. Même si la lumière et les couleurs ne sont pas au rendez-vous, se retrouver devant une telle immensité nous laisse pantois.
Pendant plus d’une heure, en longeant à pieds les sentiers au bord, nous admirons ainsi cet endroit qui s’assombrit pourtant de plus en plus… jusqu’à l’inévitable. Les grondements du tonnerre, les éclairs et le déluge ! En regagnant la navette, on verra même la foudre tomber dans la forêt d’en face !! Très impressionnant et flippant, nous n’osons pas imaginer l’effet et le boucan si cela se produisait juste à côté de nous. Les coups de foudre, c’est sympa au cinéma seulement ! Pas top tout ça, et en plus je commence à avoir bien mal au bide…
De retour au Visitor Center, nous regagnons notre voiture sous une pluie toujours battante. Dans cette course folle, j’aperçois en plein milieu du parking un gros bidon d’eau en plastique abandonné, pile-poil ce que je cherchais la veille pour faire office de jerricane d’essence ! Je m’approprie mon dû, le vide dans la pelouse et revient avec à la voiture que j’avais oublié d’ouvrir à Tiffany, oups !
Frustrés et trempés, nous abrégeons à contrecœur notre programme ici et décidons de nous rendre directement à l’héliport pour se renseigner sur la situation. Mais plus nous roulons, plus le temps est désastreux, j’arrive à peine à voir la route. La voici la véritable apocalypse pour nous à cet instant, car nous ne nous faisons plus d’illusions, c’est foutu pour l’hélicoptère… Et là c’est officiel, mon ventre me tort de douleur en conduisant comme je peux sous des trombes d’eaux, la totale !!
LE FILM DU JOUR :
Grand Canyon de Lawrence Kasdan (1991)