Jour 14 : jeudi 25 avril 2013
Ce matin, petit déjeuner dans la chambre, composé de céréales, fruits et pain au miel. Petit aperçu de la patronne avant de partir pour le parc, fort occupée à nettoyer un monceau de bijoux de facture indienne. Visiblement, elle adore…
Taléklé criant famine, nous décidons de nous rendre à Tropic. Mauvaise pioche : non seulement on tombe derrière un camion-citerne qui n’en finit pas de faire le plein, mais en plus on se rend compte après coup que Bryce Canyon Village grouille de stations-services, qui plus est proposant l’essence à un prix plus attractif !
Petit saut au Visitor Center pour tâter le terrain. Pour la première fois du voyage on me gratifie d’un très formel « good morning Madam » qui me fait réaliser à quel point je m’étais habituée aux « hi there ! » joyeusement braillés, en accompagnement d’un ample et cordial mouvement de bras en guise de salut. Point « route » : Wall Street est fermé, nous remonterons donc par Navajo Loop.
Direction Sunrise Point pour découvrir les lieux. Sans surprise, il y a foule…et on comprend pourquoi : la vue est à couper le souffle ! La palette de couleurs est stupéfiante : rouges, roses, ocres, oranges, blancs…le temps qui alterne entre nuages et soleil illumine par alternance les hoodoos.
Nous nous engageons dans la descente à la suite des autres visiteurs. Bonne surprise, la plupart des gens font demi-tour au bout de quelques centaines de mètres : nous nous retrouvons quasiment seuls quand arrive la boucle de Peekaboo, secteur beaucoup plus tranquille du parc.
Comme nous avons pris le sentier dans le sens des aiguilles d’une montre, ça monte sec. Autour de nous, essentiellement des résineux. La vue mangée par les arbres (et notre situation en fond de cuvette) est logiquement moins belle que depuis Sunrise Point. Cette balade vaut-elle le coup ? Suspense, suspense…
Une nouvelle monté plus tard…une splendide vue s’offre à nous !

Tout autour, des arches, des hoodoos isolés se distinguant fièrement de leurs congénères frileusement massés en falaises, on traverse parfois les pans de roches au travers d'ouvertures aménagées en portes…
Un régal pour les yeux ! Les quelques randonneurs que nous croisons ne s’y sont pas trompés, en effet nous ne rencontrons quasiment que des retraités (l’âge, s’est bien connu, apporte la sagesse) et des photographes suréquipés.
Nous croisons un couple qui réalise le trajet en sens inverse…tiens, nous les avions vus au début de Peekaboo, comme on se retrouve ! Nous échangeons nos impressions sur la balade et de fil en aiguille la dame désigne mon appareil et me demande si j’ai bien pensé à immortaliser les médailles disposées le long du chemin. En effet une récompense attend toute personne apportant les photos de 3 d’entre elles, datées du même jour, au Visitor Center. Je tombe des nues !

J’étais persuadée que ce défi n’était qu’à destination des Junior Rangers…quand je le lui explique, c’est à son tour de douter ! Nous voilà toutes deux dépitées, moi de ne pas avoir eu la présence d’esprit de dégainer l’appareil, elle d’avoir sorti le sien peut être pour des prunes, sous le regard navré des deux hommes du groupe.
Nous parlons un peu de la France, qu’ils connaissent pour avoir visité plusieurs fois Paris où leurs enfants ont effectué une partie de leurs études. C’est la première fois au cours de ce voyage que nous rencontrons quelqu’un ayant un peu découvert la France, je suis donc curieuse de voir si la passion américaine pour notre pays a survécu au choc de la réalité parisienne, pas toujours rose il faut bien le reconnaitre. Le résultat de mon « enquête »me laisse perplexe…
Nous nous quittons en leur souhaitant bonne chance pour les médailles, et nous arrêtons bientôt pour une pause pique-nique dans un cadre féerique, en haut d’un amphithéâtre de hoodoos. Je suis vexée : pas un seul rongeur ne s’approche de nous. Mais où sont-ils donc ???
Bientôt nous voici de retour au début de la boucle de Peekaboo. Soudain ! Au détour d’un chemin nous découvrons, planté au milieu du sentier…lui :
Nous nous figeons…lui aussi…précautionneusement, nous nous approchons…toujours pas de réaction en face. Émerveillés par notre bonne étoile, nous nous retrouvons à deux pas de la bestiole. Les secondes passent. La félicité béate laisse peu à peu place à un sentiment de doute : ce ne serait pas un machin taxidermisé pour appâter les touristes ce truc ?

M Pizza, que son nez démange, n’y tient plus et sort un mouchoir de sa poche. Un éclair de vie passe dans l’œil du rongeur, qui se jette presque sur le pantalon de l’enrhumé. Bon ben en fait il n’était pas taxidermisé, juste endormi par la digestion…il a l’air habitué aux friandises issues des poches de touristes !

Nous reprenons notre marche, l’animal nous tournant autour comme un requin autour d’un surfeur un peu gras. Comme nous refusons de lui donner satisfaction, il finira donc par s’en aller au bout de quelques mètres.
Nous achevons notre randonnée par la remontée via Navajo Loop, à contre-courant de la foule que nous venons de retrouver .C’est impressionnant le nombre de cars de chinois qui peuvent se déverser la dedans…l’ombre des pins qui jalonnent la pente nous rafraichit agréablement.
Retour à la voiture de Sunset Point vers Sunrise Point en admirant le spectacle grandiose des cheminées de fées, puis nous gagnons le fond du parc et entamons la tournées non pas des bars mais des points de vue.
Dommage, le ciel se couvre par intermittence, mais on se régale quand même : coup de cœur pour Natural Bridge et bien sûr pour la célèbre tête de caniche !
Là encore les américains ont su joindre l’utile à l’agréable, entre aménagement des accès et toilettes jalonnant le parc. Même si tout le monde n’aime pas forcément le concept de toilettes sèches…
Petit jeu : qui a trouvé le caniche ???
Nous passons à nouveau au Visitor Center pour quelques achats souvenirs puis nous rendons au Lodge pour le repas du soir. On attend qu’une table se libère dans l’accueil, un bipper à la main, marrant. Les lieux ont du charme : bois omniprésent, tapis, cheminées…les serveurs, très classe, sont en décalage complet avec les tenues débraillées des clients randonneurs. On se régale de saumon cuit à la perfection pour M Pizza et d’un demi-poulet au chou rouge et au miel pour moi. L’addition par contre est beaucoup moins digeste, gloups…
Dehors le ciel s’est dégagé, si on allait admirer le coucher du soleil ? En voiture Simone! Manque de chance, des daims ont surgi d’un peu partout le long de la route, et dans notre crainte de rouler sur l’un d’entre eux nous loupons le tournant…et arrivons après la bataille, comme à Sedona, grrrrr !!!
Ma maigre récolte…
Un peu déçus, nous retournons au Lodge où se déroule une conférence astronomique donnée par un V.I.P. (Volunteer In the Park). Celui-ci se fait aider de deux enfants présents dans la salle pour illustrer ses propos sur les mouvements planétaires, la taille du système solaire et les satellites. C’est amusant de voir le contraste entre la petite fille, sérieuse et appliquée, qui accomplit sa mission à la perfection (tenir à bout de bras un parapluie ouvert sous lequel elle tourne, afin d’imiter le ciel nocturne vu de la Terre) et son jeune frère qui en fait le minimum (il brandit mollement une pièce d’un quater censée représenter une planète, visiblement fatigué par le simple fait de devoir lever le bras).
Notre VIP de conférencier est très attaché aux beaux ciels nocturnes vierges de toute pollution lumineuse, que l’on trouve encore au-dessus de certains parcs. A titre de comparaison, il projette quelques photos des USA vus du ciel. La différence entre les mêmes zones géographiques, photographiées en 2000 puis en 2010, est hélas flagrante. Pas de bol pour les espèces animales telles que les oiseaux, qui se repèrent en partie grâce aux étoiles…
Ceux qui le souhaitent peuvent ensuite profiter des télescopes du parc pour admirer le ciel. Nous sommes fortement tentés mais la fatigue prend le dessus, aussi nous rentrons au Bryce Canyon Pines.
Arrivés dans la chambre, une mauvaise surprise nous attend : j’ai oublié de fermer ma valise à clef ce matin…150$ ont disparu de mon portefeuille ! Nous cherchons dans nos affaires et refaisons nos comptes mais aucune trace de l’argent. Fin de journée maussade, décidément ce motel n’était pas une bonne pioche : pas de petit déjeuner, aucun équipement de type frigo ou micro-ondes, clim bruyante et maintenant les 150$...heureusement cet argent ne nous fera pas défaut, et nous économiseront 5$ car comme je le fais remarquer à M Pizza, le room service ils peuvent s’asseoir dessus !
Demain nous attend- déjà- notre dernier parc national…
Allez, on garde le sourire !