Lundi 28 octobre
Nous tentons pour la seconde et dernière fois la loterie de The Wave mais si nous ne sommes qu’une cinquantaine, il y a tout de même 22 boules et dès la seconde tirée, il ne reste déjà plus que 3 places. Comme nous sommes 4… Nous quittons et partons faire une rando que j’attends depuis longtemps, plusieurs fois frustrée par la Cottonwood fermée : Yellow Rock. Dans ma tête et après avoir regardé de près Google Earth, je m’attends à la petite promenade de santé mais je me trompe.
Avec l’aide de Philippe, j’ai envisagé un parcours plus long en passant par Box Canyon pour monter sur le plateau plus faire la portion Red Top à Yellow Rock et redescendre sur la Cottonwood et terminer les 2 miles et quelques jusqu’à la voiture.
La loterie nous ayant pris du temps, ce n’est pas de bonne heure que nous nous garons à Box Canyon. Nous devons suivre la Paria River et obligatoirement la traverser à plusieurs reprises avant d’atteindre une « rampe » d’accès dont j’ai noté le point gps sur un circuit théorique. Le débit d’eau est relativement important et pour éviter de se déchausser, je réutilise ma petite méthode des sacs poubelle à chaque pied avec élastique au genou. J’en ai quelques uns d’avance s’ils se déchirent un peu trop. Cela fonctionne bien et nous voilà obligés de réitérer l’expérience 7 ou 8 fois. En fait un peu trop car j’ai oublié dans l’action de bien regarder où est la fameuse rampe d’accès.
Nous ignorons à quoi cela ressemble et quand j’envois mon mari un peu en arrière zieuter un passage, il ne pense pas que cela peut être cet éboulis que nous avons passé de peu. Nous poursuivons donc encore 2 lacets de rivière car entre, il n’y a qu’une falaise infranchissable. La vallée s’écarte et nous sommes à côté d’un autre éboulis qui semble compliqué mais un peu plus praticable. Mon point gps est largement dépassé. Je suis l’avis de mon mari de passer par là et sans doute d’autres l’ont fait car nous retrouvons quelques traces de pas.
En faisant attention et avec de la patience on y arrive. A mi hauteur, mon mari me tend la main pour passer un obstacle important. Je prends mon élan en me tenant à un énorme bloc rocheux et… Vlan ! Je n’ai pas remarqué la corniche rocheuse que je viens de tenter de fendre avec ma tête. Les larmes jaillissent immédiatement pendant que mon mari rassure les garçons plus hauts : « elle n’a rien, tout va bien » Grrrr….. Il aurait fallu une mare de sang pour qu’il me prenne en considération ? S’il y avait eu une pointe, cela aurait été la trépanation assurée !!! Mais là, il me faut simplement un moment pour reprendre mon souffle.
Bref, nous poursuivons et enfin arrivés en haut, c’est l’heure largement dépassée du casse-croute que nous avions emporté. Nous sommes arrivés au sud-ouest du plateau et nous dirigeons vers Top Rock au sud est. Il faut se frayer un chemin, suivre les petits wash, descendre et remonter en cherchant le meilleur trajet possible et cela prend du temps. Nous nous rapprochons mais en regardant l’heure, c’est déjà presque 3h. Sachant ce qu’il nous reste à faire et remarquant une grosse masse de nuages qui semble se rapprocher, je commence à stresser. Mon mari me tacle direct ! Pas question d’affoler les garçons. Sauf que je fatigue et que j’ai beaucoup de mal à avancer alors qu'eux cavalent devant moi. Chaque pas pèse plus lourd, et l’angoisse irrépressible me serre l’estomac et sans doute les jambes aussi. J’ai beau essayer de me raisonner : rien à faire. Il me faudra une bonne demi-heure pour reprendre mon calme quand j’aperçois enfin au loin le Yellow Rock tant attendu.
Je dois dire que le paysage traversé pour y arriver est fabuleux mais gâché par mon stress. Quand nous arrivons sur place, la beauté du site m’enlève toutes mes sombres pensées. Mais maintenant, c’est le ciel qui s’est assombri et nous attendons un bon moment avant d’avoir un peu de lumière pour les photos, qui vient et repart aussi vite.
Nous renonçons à grimper au sommet car désormais le ciel est couvert pour longtemps et nous décidons d’entamer la descente.
Je rentre le point GPS de la « porte de sortie ». Tout se passe bien jusqu’à ce que nous arrivions après avoir passé 2 crêtes pleines d’éboulis à une paroi rocheuse impossible à descendre. Je signale à mon mari que mon point gps porte plutôt vers la gauche. Nous grimpons et descendons avec difficultés divers éboulis pour approcher une autre sortie tout aussi infranchissable, puis une troisième. Cette fois, c’est mon mari qui stresse ; moi je reste calme. Le ciel est particulièrement menaçant, l’effort est important car ces fichus ravines sont très raides à la descente comme à la montée. Moi, je reste sur mon point gps qui me signale toujours plus à gauche. Mais mon époux très stressé ne veut plus entendre parler du gps. A toute allure, il cherche une possibilité de descente que nous finissons par trouver. Nous descendons précautionneusement mais rapidement dans les éboulis, tout droit. Les garçons sont formidables : jamais un mot pour se plaindre ou s’inquiéter. Tout se passe bien quand nous arrivons enfin à la Paria River, exténués par le stress et l’effort.
Il nous reste quelques kilomètres à pied sur la Cottonwood quand la chance nous sourit. Un pick up arrive. Je l’arrête et il nous ramène jusqu’au véhicule nous économisant la fatigue de cette piste à pied. Les 2 américains nous expliquent qu’ils ont fait Yellow Rock le matin (Nous, nous n’avons croisé personne sur place). et que plus haut, il commence à pleuvoir. Nous rejoignons la voiture, et refaisons la piste qui nous ramène sur la 89. Dans le rétro, l’orage se déchaîne et nous n’osons imaginer être encore là-haut sous la pluie diluvienne. (météo du matin : 20% de risque d’orage…) Bref, dure journée mais un site qui en vaut la peine. Encore une fois, nous aurions dû partir plus tôt sans faire la loterie, ne pas nous tromper pour la rampe d’accès et mieux trouver la porte de sortie (sauf que si on ne l’a pas fait à l’aller, on ne sait pas à quoi cela ressemble !). Yellow rock : nous reviendrons !
La soirée se termine au Houston’s Trails End et ce soir là, c’est bon (la Rassleberrie pie est trop bonne).. On l’a bien mérité ! Passage au Laundry de l’hôtel, squatté si longtemps que je récupère mon linge sec bien après 23h alors que mes yeux se ferment tout seuls en attendant dans la salle réservée. Un autre gars qui attend aussi son linge s’occupe en réparant la tuyauterie d’un des séchoirs remplie de calcaire.