Jour 9 : un jour pour rien
Cette journée n'aura qu'une seule illustration, mais un long récit.
On se réveille donc à Rio Mayo. On s'installe dans le restaurant de l'hôtel (heureusement il y a du wifi) et on commence à tout réorganiser!
On devait passer une journée à Los Antiguos avant de continuer la route pour rejoindre El Chalten, le paradis des randonneurs au pied du Fitz Roy. On se dit qu'on est donc encore dans les clous... Mais quel délai pour obtenir une pièce dans ce grand pays avec peu d'infrastructures? On est quand même super loin de grandes villes!!
Notre seul impératif, de tout le voyage, c'est une réservation pour marcher sur le
Glacier Perito Moreno 5 jours plus tard. Dans le doute, je prends quand même la liberté de le décaler de 24h, pour se redonner un peu de marge. C'est ok, ouf.
On contacte donc Pablo, qui nous communique un petit détail : il est impossible de réparer le van en Argentine!! Il faut le rapatrier au Chili, avec ou sans nous. La frontière est à seulement 122km, et la (grande) ville de Coyhaique 50km plus loin. C'est donc en soi une chance.
Maintenant nous devons nous décider : soit on lâche le van ici et on continue notre voyage différemment, soit on suit le van à Coyhaique et on attend la remise en état. Pablo nous assure que le van sera rapatrié ce jour-même, et que la réparation devrait prendre qq jours : 2 ou 3, il faut s'assurer de la raison de la panne (mon mari n'est pas mécano mais il a donné qq indices) et faire venir la pièce.
Après étude de nos options, nous décidons de suivre le van. Cela signifie une chose : dire adieu au Fitz Roy... ça me fend le coeur mais je ne vois pas comment faire autrement, nous voyageons avec de grosses valises et pas des sacs à dos, nous ne sommes pas très au fait des lignes de bus, et je n'ai pas envie d'improviser plus que nécessaire. Nous visiterons donc Coyhaique. Nous réservons dès à présent une nuit d'hôtel et une voiture : on s'offre un petit 4x4, on l'a bien mérité!! lol
Vers 13h, un local avec son 4x4 et une remorque vient donc nous chercher pour nous emmener au poste frontière, où une dépanneuse chilienne viendra nous chercher.
Le voyage sera IN-TER-MI-NABLE!!!
122km seulement, mais 122km de piste....
Croyez-moi ça prend du temps avec une remorque... 3 heures environ...
Nous voici donc au poste frontière de Coyhaique alto, une petite baraque avec un bureau de douane et un bureau de l'immigration. Bien sûr on ne capte pas, bien sûr il y fait froid, et bien sûr personne ne parle autre chose qu'espagnol (contrairement à nous! lol)
Une petite illustration google maps pour situer..
L'homme qui nous a amené va expliquer la situation à l'immigration, et repart. Mon mari lui donne un billet pour le remercier et lui permettre de s'offrir une bière en rentrant, et il refuse et dit en gros que s'il avait su il n'aurait jamais accepté cette mission!! lol (faut dire qu'on a grave galéré pour mettre le van sur la remorque, il l'a fait tomber de la rampe et a du tout redresser à coup de cric ça a pris plus d'une heure).
On en est donc là, il est 16h et on attend notre dépanneuse. On a prévenu Pablo par what's App avant de partir, pour que tout se goupille bien.
30 minutes passent, 1h, tjs pas de dépanneuse. On traine un peu du côté du bureau de l'immigration argentine, qui ne veulent pas nous enregistrer sortant tant qu'on ne sort pas pour de vrai.
On finit par engager la discussion ac le chef du bureau, un cinquantenaire très sympathique, on lui demande s'il a des nouvelles du Chili (cad à 5km) et il dit que non, ils n'ont pas de ligne téléphonique internationale, il ne peut pas les contacter....

J'adore l'Argentine!! lol
Mais comme il est sympa et a pitié de nous, il prend une pause et nous emmène à 5km en arrière, dans un petit bar du patelin où crèchent les fonctionnaires, pour qu'on puisse appeler Pablo par What's App. On lui passe, et ils se comprennent enfin : la dépanneuse nous attendait côté chilien, les agents là-bas ne voulant pas la laisser passer. Ils ont donc fait demi-tour ne nous voyant pas à 16h passés....
Pablo refait donc partir la dépanneuse, et cette fois contacte bien toutes les autorités nécessaires pour que celle-ci nous rejoigne côté argentin.
Bon, on devrait être sauvés....
On retourne au poste frontière. On discute un peu avec les fonctionnaires, qui nous offrent l'asile dans leur bureau vu que dehors les températures baissent sérieusement, ils nous offrent même une chaise et un mini-sachet de biscuits! Alors que 3h plus tôt ils ne voulaient même pas qu'on utilise les toilettes!
Au passage on leur explique le principe de Schengen et ils ne me croient même pas!!!!!
Un autre problème se profile à l'horizon, c'est que la frontière ferme la nuit!! à 22h.... et il est 21h45 et toujours pas de dépanneuse...
Enfin, à 21h50, les gyrophares apparaissent à l'horizon, on est sauvés!!!!!!!!!!!
Les argentins acceptent alors ENFIN de nous tamponner nos passeports et nous enregistrer comme sortant!
Les deux jeunes qui conduisent la dépanneuse (genre gros format hyper performant, pas comme notre remorque toute bringuebalante argentine) chargent le van et on repart aussi sec!
La route côté chilien est bien meilleure, et on arrive au poste frontière chilien qui n'attendait plus que nous pour fermer.
Il faut quand même refaire toutes les démarches administratives évidemment, et on se fait même engueuler parce qu'on ne parle pas espagnol!
L'agent du ministère de l'agriculture prend quand même le temps de vérifier qu'on importe rien de prohibé.
Et enfin on roule vers Coyhaique. On arrive dans notre hôtel assez classe ac notre dépanneuse, c'est assez drôle.
Les jeunes nous déposent et repartent ac le van pour le garage. Ils nous donnent l'adresse, et on y passera le lendemain pour ré-évaluer la situation.
Il est près de minuit, on a vraiment passé une journée fatigante et inutile, et on se couche avec dans le ventre le petit sachet de biscuit des argentins et une barre de céréales....