La petite péninsule de Coney Island abrite une plage, son boardwalk et une multitude de curiosités vintage dont un parc d’attractions historique…
Aujourd’hui, Coney Island porte fièrement la bannière du vaudeville et du burlesque. Il y règne une atmosphère comparable à aucune autre à New York, un « Brooklyn Spirit » décomplexé et artistiquement foisonnant. On vous embarque dans un formidable voyage dans le temps…
Situation, accès
Coney Island est située à l’extrême sud de Brooklyn.
Comment aller à Coney Island depuis Manhattan ?
Comptez environ 1 heure de métro pour vous rendre à Coney Island depuis Manhattan via les lignes D, F, N et Q. Descendez à la station Coney Island – Stillwell Av.
Temps de visite
Prévoyez entre une demi et une journée complète pour profiter de Coney Island, selon si vous y allez pour le Luna Park, la baignade et le farniente…
Que faire à Coney Island ?
Luna Park
De son ouverture en 1903 et jusqu’aux années 1940, le parc regroupait le plus grand nombre d’attractions de tout le pays et la plage voisine était le lieu de villégiature préféré des vacanciers new-yorkais issus de la classe moyenne.
Après plusieurs incendies, le parc ferma ses portes en 1946, alors que l’ambiance et la sécurité du secteur commençaient à se dégrader sérieusement. Les années 1960 virent toutefois apparaître le célèbre Astroland qui connut un vif succès. Mais toutes les attractions vintage finirent par être remplacées par des manèges plus modernes : Dreamland en 2008 puis enfin le Luna Park en 2010, tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Que les aficionados se rassurent, le légendaire roller-coaster Cyclone est toujours là, celui-là même dont Charles Lindbergh aurait dit qu’il était plus excitant que son premier vol en solitaire au-dessus de l’océan Atlantique !
La superbe grande roue Deno’s Wonder Wheel, construite en 1920, accueille encore et toujours les visiteurs avides de plaisirs indémodables avec ses amusantes cabines « swinging » très colorées. Une fois au passage au sommet de la roue, la vue sur Manhattan et la plage est magnifique !
Vous croiserez aussi inévitablement le chemin de Zoltar, la machine d’arcade qui saura vous prédire le meilleur !
Le Luna Park abrite une multitudes d’attractions de (très) haut vol ou plus tranquilles, des jeux pour les plus jeunes, des stands de gourmandises en veux-tu en voilà (ah, le délicieux parfum de barbe à papa…).
En un mot, c’est le lieu idéal pour s’amuser en famille en été ou le week-end, d’autant qu’il est très facile de combiner une demi-journée manèges et une demi-journée baignade et château de sable, étant donné que le Luna Park longe la plage et son boardwalk.
Tarifs
L’entrée du Luna Park est gratuite, vous payez les manèges. Cela peut rapidement représenter un gros trou dans le porte-monnaie, mais rassurez-vous, plusieurs formules sont proposées.
Credits
Les manèges se payent uniquement en “credits”, 1 $ = 1 credit
Plus vous achetez de credits, moins c’est cher (jusqu’à 140 credits pour 100 $). Une attraction coûte entre 3 et 22 credits selon le degré de frissons (plus c’est intense, plus c’est cher).
Bracelets
Des bracelets sont également en vente. Ils fonctionnent selon les attractions que vous souhaitez faire et le temps passé dans le parc (exemple 4 heures pour 35 $, auxquels vous pouvez ajouter diverses attractions en allant jusqu’à 70 $). Il existe aussi des bracelets pour les plus jeunes enfants à 20 $.
Enfin, les attractions phares fonctionnent à part et sont donc à payer séparément comme le Thunderbolt Roller, le Cyclone ou encore la Wonder Wheel.
- Site officiel
- Adresse : 1000 Surf Avenue, Brooklyn, NY 11224
Coney Island Museum
Le musée retrace l’histoire des lieux à travers diverses collections d’objets des années 1950 et 1960, cartes postales et photos, maquettes…
- Adresse : 1208 Surf Avenue, Brooklyn NY 11224
- Tarif : 5 $ (réductions pour les enfants et les seniors)
Coney Island Circus Sideshow
Si vous êtes sensibles à l’esprit vintage et décalé de Coney Island, nous vous recommandons chaudement ce spectacle complètement débridé, façon freaks, réalisé avec beaucoup d’humour et de poésie.
Tout y est : magie, avaleur de sabre et de feu, dompteur de serpent, femme découpée en morceaux… le tout fait à l’ancienne. Les enfants sont les bienvenus mais nous vous conseillons de leur expliquer un peu le concept avec la représentation. Le show se déroule en petit comité dans une salle minuscule, ce qui ne fait que renforcer l’atmosphère chaleureuse des lieux (attention, photos interdites pendant le show).
Vous pourrez même être amenés à monter sur scène ou à participer au spectacle… mais chut, nous ne vous en dirons pas plus !
- Adresse : 1208 Sur Avenue, Brooklyn NY 11224
- Tarif : 10 $ (moitié prix pour les enfants), un tarif parfaitement ridicule par rapport à la qualité du spectacle proposé.
- Durée : 45 minutes de “waouh” et de cris (dès le début du show, on vous mettra dans l’ambiance) !
Mermaid Parade
En été, chaque année a lieu la désormais incontournable Mermaid Parade. Fondée en 1983, cette célébration mythologique met en vedette Neptune, les sirènes et surtout l’esprit créatif de 3000 participants et artistes (tous les costumes sont faits à la main !) dans un défilé frivole et très hétéroclite, dans le respect de toutes les différences. Ici on fête de manière extrêmement joyeuse le solstice d’été et on élit bien évidemment le « Roi Neptune » et la « Queen Mermaid » !
Riegelmann Boardwalk & baignade
En été, prenez un peu de répit le temps d’une journée, quittez Manhattan et son activité foisonnante, avec votre maillot de bain, votre serviette, vos tongs et votre frisbee, arpentez le Riegelmann boardwalk qui longe la plage de Coney Island sur 2.7 miles/4.3 km.
Profitez également des terrains de jeux (volley, handball, basket…), faites un tour sur le magnifique Carrousel historique. Pénétrez dans les boutiques souvenirs vintage et ramenez dans vos valises un immense chapeau de paille et un tee-shirt The Warriors (Les Guerriers de la nuit, 1979), vous en trouverez partout tant le film est renommé à Coney Island !
Lors de votre balade, peut-être aurez-vous la chance de croiser un groupe de visiteurs en costume début 20ème. Ils vous feront oublier, l’espace d’une journée, que vous-même appartenez au siècle suivant. On vous le dit et on vous le répète, allez à Coney Island, c’est franchir la porte du temps !
Nathan’s Famous
Lors de votre passage à Coney Island, ne manquez pas de rendre visite à Nathan et de dévorer son fameux hot dog. Installé sur la péninsule depuis 1916, cette chaîne a été créée par Nathan Handwerker, immigré polonais qui s’est lancé avec 300 $ en poche (prêtés par deux amis) et la recette de hot-dog de son épouse !
Le restaurant organise en outre chaque été, pour le 4 juillet, le championnat du monde de mangeurs de hot dogs !
Nathan a vu défiler chez lui les plus grands de ce monde, de Joe DiMaggio à Jerry Seinfeld en passant par Al Capone, Cary Grant, Jacky Kennedy ou encore Nelson Rockefeller. En 1939, le Président Roosevelt a même servi des hot dogs de chez Nathan à la reine d’Angleterre !
Quant à l’acteur Walter Matthau, il aurait demandé que des hot dogs de chez Nathan soient servis lors de son enterrement… everyone loves Nathan !
3 adresses à Coney Island :
- l’adresse historique au 310 Surf Ave, Brooklyn, NY 11224, ouvert tous les jours de 10h00 à 23h00 (minuit le vendredi et le samedi).
- 2 stands sur le boardwalk, ouverts uniquement en été.
- Site officiel
Pratique
Documentation
Histoire
Giovanni da Verrazzano (Jean de Verrazane), explorateur européen pour le compte de François 1er, découvre l’île de Narrioch (« Terre sans ombre ») en 1527. Après l’établissement de la Nouvelle Amsterdam par les hollandais au 17ème siècle la population amérindienne de l’île ne fera que décroître. Les indiens échangeront finalement leur terre aux colons contre… un pistolet, une couverture et une bouilloire !
Alors que l’île est principalement utilisée pour l’élevage et le bétail, en 1750, on construit un canal permettant de relier l’île au port de New York. Mais le développement socio-économique de l’île reste à la traîne notamment à cause de la Guerre d’Indépendance (1775-1783) et de la Guerre anglo-américaine (1812-1815) mais aussi à cause de divers conflits financiers.
En 1824, un pont est érigé, le Gravesend & Coney Island Road (Coney Island Creek), reliant l’île au continent et 5 ans plus tard le tout premier hôtel sort de terre, le Coney Island House. Les premiers vacanciers new yorkais fortunés viennent se détendre sur l’île dès 1830. Il faudra attendre une quinzaine d’années pour que la classe moyenne s’y aventure, en ferry. Après la Guerre de Sécession (1861-1865), arrivent le chemin de fer et le tramway et en 1868 ouvre la station balnéaire de Brighton Beach.
Charles I. D. Looff, un sculpteur sur bois danois, construit le premier carrousel en 1876 et le premier roller-coaster en 1884, le Switchback Railway. Le Seaside Aquarium (expositions aquatiques, volières, zoo…) accueillera le public en 1877 à 1887 et en 1883 on propose des feux d’artifices et des concerts. En 1885, on construit également l’Elephantine Colossus, un immeuble de sept étages en forme d’éléphant… il s’agissait du tout premier monument que voyaient les immigrants, avant même la Statue de la Liberté ! (le monument brûlera en 1896). C’est à cette époque que se développeront les courses hippiques… et la corruption, sous l’influence John Y. McKane, un célèbre bookmaker qui organisait les paris derrière l’éléphant (il fut arrêté en 1894).
A la fin du 19ème siècle, le secteur devient hyper populaire. Les familles aisées font bâtir des maisons de type colonial sur le front de mer, de nombreux hôtels ouvrent leurs portes ainsi que des établissements de bains privés et des théâtres de vaudeville ; en outre, l’île dispose désormais de trois plages (Brighton Beach, Manhattan Beach et West Brighton), toutes trois très courues. Les plus riches viennent en yacht.
En 1895, ouvre le Sea Lion Park, le premier d’attractions de Coney Island (il fermera ses portes en 1902), suivra en 1897 le Steeplechase Park. C’est pour ce dernier qu’on créera le célèbre logo « Funny Face« , repris par Luna Park ouvert en 1903.
Au début du 20ème siècle, la Brooklyn Rapid Transit Company électrifie les lignes de chemins de fer à vapeur et en 1909, le célèbre Pont de Brooklyn relie désormais l’arrondissement au sud de Manhattan. Dès lors, Coney Island devient la destination favorite de tous les new yorkais, y compris des familles issues de la classe moyenne.
Après la seconde guerre mondiale s’amorce le déclin touristique de Coney Island, renforcé par l’apparition des gangs dès la fin des années 1950. Les terrains jadis réservés aux attractions sont désormais dédiés à la construction d’immeubles de logements à loyers modérés pour les familles à faible revenu. Dans les années 1960, le parc d’Astroland rencontre toutefois un beau succès et dès la fin des années 1970, Coney Island et ses attractions historiques connaîtront un fort regain de popularité jusqu’à nos jours, encouragés par de vastes programmes de restauration.
Films tournés à Coney Island
Little Fugitive (Le Petit fugitif) de Ray Ashley est un film américain de 1953, sorte de chaînon manquant entre le néo-réalisme italien et la Nouvelle Vague française. Chef d’œuvre trop longtemps oublié, le film a connu une seconde naissance en 2009 lors de sa ressortie en salles en version restaurée, puis en DVD.
Joey est un jeune new yorkais de 7 ans qui, se croyant coupable du meurtre de son frère, fuira le domicile familial et se retrouvera à Coney Island. Sans artifice (acteurs non professionnels), très peu bavard et tourné comme un documentaire caméra à l’épaule, le film en immersion suivra l’errance de Joey et sa découverte du monde des adultes. Très spontané, d’une sensibilité folle et d’une simplicité parfois déconcertante, il s’agit là d’un portrait tendre et réaliste de l’enfance où l’on découvre également le Coney Island des années 50 à travers le regard naïf de Joey. Un jour de vacances pas comme les autres et un très grand film…
The Warriors (Les Guerriers de la nuit, 1979) de Walter Hill, aujourd’hui culte, raconte le New York des années 1970 et ses guerres de gangs, une lutte pour survivre mais aussi un magnifique parcours initiatique nocturne dans le métro, depuis le Bronx… jusqu’à Coney Island, quartier des Warriors…
Autre genre, autre époque, Requiem for a Dream (2000) est un film de Darren Aronofsky inspiré du roman éponyme du controversé Hubert Selby Jr (Retour à Brooklyn, 1978). On y suit quatre personnages dans une longue et douloureuse descente aux enfers. Un film majeur traitant de toutes les dépendances, sans aucune concession ni retenue… pour public averti. Le film est aussi l’occasion de voir Brooklyn, cher au cœur de Selby, et notamment la plage de Coney Island.
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- Photos : Isa
