@JacK35
Une tortue en plein désert !
Y avait-il un point d'eau quelque part ?
Oui, une tortue du désert et pas le moindre point d'eau à l'horizon. J'ai lu que cette "petite" bête pouvait tenir un an sans boire, juste avec ce que contiennent les herbes qu'elle mange. Quand il fait trop chaud, elle se cache dans des trous de terre. Là, en février, elle devait juste sortir d'hibernation.
@ Legibus
J'ai très envie de retourner à Joshua Tree, et Monsieur aussi maintenant, seulement on n'a "que" 35 jours nous, pas 52 comme 22sky33 :P , ça va pas le faire...
On en est tous là ...

et après, ça fait comme luke06 je crois, des rêveries à rallonge jusqu'en 2018 et plus encore
Mardi 16 février : la traversée du désert : suite
Nous quittons Joshua Tree np qui restera un de nos coup de cœur du voyage, repassons par Twentynine palms où je déconseille à mon homme de s'arrêter pour faire le plein. J'ai en effet repéré sur ma carte une petite ville juste avant d'entrée dans le Mojave National Preserve : Amboy. J'entends déjà ceux qui connaissent ricaner. Amboy, une ville ! On n'est pas des fans de la route 66, on ne pouvait donc pas savoir, bon, je ne pouvais pas savoir ...
On roule déjà depuis un bon moment, impressionnés par le vide structural de l'environnement. un terrain plat à perte de vue, d'un beige poussiéreux, la route droite à l'infinie, le mercure qui grimpe sans arrêt. De temps en temps une masure abandonnée, pas une âme qui vive, pas un chien, la plupart des voitures semblent avoir choisi un autre parcours. Il faut dire que le Mojave National Preserve est pris en enclave entre deux autoroutes : l'I15 et l'I40 qui le grignote comme une gigantesque gueule d'asphalte. Le seul lien qui nous relie à la civilisation hormis cette route semble être le long câble électrique qui court de poteau en poteau telle une corde jetée à la mer pour ramener un nageur en détresse. A chaque fois c'est la même réflexion teintée d'une légère angoisse qui me vient à l'esprit : il ne faudrait pas tomber en panne ici ! Un coup d'œil à mon portable, bien sûr il n'y a pas de réseau.
Nous roulons donc depuis un moment lorsque Amboy se présente à nos yeux. On voit loin, très loin dans ce type d'environnement. Un trait qui démarre et ne semble jamais finir, une tache plus sombre. Le temps et les miles défilent, le trait se révèle discontinu, la tache grandit un peu. Encore des minutes, de la poussière qui s'élève derrière nous et le trait devient train, trois locomotives et un nombre incalculable de wagons, la tache se révèle être un bâtiment, LE bâtiment.
C'est ça ta ville ?! Exclamation mi-incrédule, mi-ironique de mon cher et tendre qui suit avec confiance, depuis le début, mes indications comme ceux d'un guide touristique infaillible.
Amboy, c'était une ville en 1858, avec une école, une église, un cimetière, un café, bref, tout ce qu'il faut. Maintenant sur le net elle est qualifiée de zone, de ghost town en devenir. Une ville moribonde qui agonise, quatre habitants fin 2014 mais tout cela, je ne l'ai lu qu'après, à notre retour !
ce ne sont même pas nos photos, pas la présence d'esprit d'en prendre une seule
J'ai pompé les images sur ce très bon site :
http://www.placesthatwere.com/2015/06/a ... -town.html
Nous pénétrons dans "la ville" comme on traverse un cercle de pierre magique pour se retrouver en d'autres temps et d'autres lieux, médusés. Un seul bâtiment parait animé de vie avec une pompe à essence antique à l'avant. Ici, le mètre-cube d'air brûlant semble peser des tonnes sur nos épaules. Le silence est assourdissant.
Un coup d'œil au panneau, le gallon d'essence vaut plus de trois fois celui de Twentynine Palms. "On ne va pas faire le plein ici" rugit l'homme révolté. Bien sûr qu'on va prendre de l'essence ! Je pense au désert de Mojave à traverser, à la longue route déserte, à la journée qui avance dangereusement vers la nuit. Une femme sans âge, sans époque, sans expression, sort du bâtiment et décroche le piston avant de demander How much ? Je me souviens qu'elle avait des cheveux rouge tirant sur le violet et qu'elle portait une paire de baskets blanches toute neuves. J'essaye une remarque sur le temps et la chaleur. Elle me répond sans finir sa phrase, les yeux perdus dans le vague. Les lieux déteignent-ils sur les gens, ou les gens finissent-ils par se fondre dans leur environnement ? Nous partons, longeant quelques maisons en ruines, sidérés par cet ... endroit où le temps semble s'être arrêté, une faille temporelle peut-être ... Dans l'énorme réservoir de la Hyundai, 20$ de regular, l'aiguille sur le tableau de bord a à peine bougé
Affaire à suivre ...