@Legibus
Merci, ton commentaire a ensoleillé mon weekend qui était pourtant très grisouille
vous avez eu quelles températures ?
Entre Los Angeles et Las Vegas, on avait entre 20° et 30° pas besoin de veste ni le matin ni le soir

mais il semble que cette année a été particulièrement chaude d'après les gens de là-bas.
Au Nord de Las Vegas, entre 12° et 25°sauf en montagne (Zion) où il faisait environ 7° le matin à 8h mais ensuite, ça grimpait vite. Par contre, dès qu'on prend de l'altitude, il faut se couvrir !
Les retours à cette période ne sont pas si nombreux. Je ne m'attendais donc pas à une telle météo. On a commencé par prendre des coups de soleil évidemment et puis ... on est revenus tout bronzé :P
@ Vnoa
Merci, c'est vrai qu'à cette période, on est gâté par la lumière et en plus, ça dure toute la journée quasiment !
La suite du carnet :
Mercredi 17 février : une vallée de feu et de glace
Cette journée sera exclusivement consacrée à Valley of Fire. En juillet 2013, lors de notre premier voyage dans l'Ouest des USA, j'avais, à contrecœur, éliminé cette étape lors de notre trajet entre Bryce np et Vegas. Pas assez de temps, trop chaud aussi. Aujourd'hui, je compte bien prendre ma revanche. J'ai minutieusement préparé la journée, incluant la fameuse boucle aux sept merveilles avec tous ses points GPS.
La journée s'annonce un peu moins belle que les précédentes, brumeuse avec un ciel voilé ce qui, pour les photos est loin d'être idéal. Tant pis, il faudra faire avec, c'est qu'on est devenu difficile ! Nous partons via la Nevada State Road 169 également nommée Lake Mead Northshore Road puisqu'elle longe la rive nord du lac Mead. Les retours que j'ai pu lire sur les forums concernant cette route étaient plutôt mitigés mais c'est une alternative à l'autoroute et ça nous plait bien. Elle traverse le lake Mead National Recreational Area et nécessite donc un droit d'entrée à moins d'avoir le pass America the Beautiful. On pourrait s'attendre, au vu de sa situation et de son nom, à ce qu'elle offre de belles perspectives sur le lac mais, en dehors de quelques trouées qui n'ont rien d'exceptionnel, ce n'est pas le cas. Ses attraits sont tout autres car elle en a, des attraits ! Serpentant entre les Muddy Mountains et la Pinto Valley avec en arrière-fond la Jimbilnan Wilderness Area, elle a ce caractère grandiose et sauvage qui séduit sans qu'on ait besoin de donner de raison. On mettra un peu plus de temps que par l'I15 pour rejoindre VOF ne serait-ce qu'à cause des arrêts photos mais ça en vaut largement la peine.
Nous arrivons donc à VOF par l'entrée Est et notre première visite sera pour Elephant Rock, classique, sans surprise, comme sur les photos. Quelques asiatiques sur le parking qui jouent du selfie sans même couper le moteur de leur voiture.
Nous remontons dans la nôtre et filons au bout de la route panoramique pour attaquer White Dome. Les asiatiques, enfin la plupart d'entre eux, ne marchent pas. Ils restent sur le parking et prennent des photos à l'aide d'une perche télescopique et d'un téléphone en tournant sur eux-mêmes. C'est sans doute un peu cliché comme remarque mais ça illustre bien l'impression générale. Deux couples d'américain d'un âge avancé nous laissent passer avec des exclamations de sympathie. Nous sommes seuls. Un couloir de sable et de rocaille nous entraîne vers une petite vallée encadrée par des parois de roche où le rouge et le blanc se mêlent. Un petit slot canyon suit et on débouche sur une autre vallée, plus vaste où trône, en bonne place, une arche. La boucle demande à peine une heure mais elle possède beaucoup d'atouts et de jolies vues. Nous l'avons bien appréciée.
C'est à ce moment que nous décidons de nous lancer dans la boucle aux sept merveilles, dans le sens antihoraire afin de finir en apothéose avec Fire Wave. Ce n'était sans doute pas la meilleure heure, ou alors j'en attendais trop. Muni d'un GPS nous avons sans trop de mal trouvé la plupart des "merveilles" mais pour moi, la magie n'était pas au rendez-vous. La proximité de la route a sans doute joué, les nombreuses traces de passage également. Je me suis sentie un peu à l'étroit dans cette balade certes très belle mais qui manquait de relief à mon goût. J'avais imaginé tout autre chose et pour une fois, la réalité n'a pas su dépasser mes rêves.
Cette arrière-gout un peu amer s'est encore accentué sur la fin. Ce qui devait être notre point d'orgue s'est transformé en cauchemar. Certes, Fire Wave était bien là, resplendissante dans ses courbes d'ocre et de blanc mais elle n'était pas seule. De l'Est, de l'Ouest, du Nord et du Sud, des petits points accouraient. Bon, ce n'était pas non plus la foule estivale mais un échantillon très représentatif, en sandales, tongs, même une en bikini. Pas un mot, pas un regard, pas un échange, l'anonyme côtoiement de la mondialisation touristique. Et le ballet a commencé, Je monte sur la vague et tu me prends en photo, par devant, par derrière, de profil, assis, debout, encore une ! L'appareil change de main et ça recommence. Au suivant ! Un défilé interminable, écœurant, Fire Wave a perdu son âme, elle est devenue la catin des bus touristiques. Je me suis enfuie, lâchement, bâclant mes photos.
On a regagné le parking en suivant les flèches, en croisant d'autres personnes élégantes et apprêtées qui ont lorgné bizarrement sur mes grosses chaussures de rando et mon sac à dos. On est parti sans se retourner, déçus, les rêves en miettes. Trop facile, trop proche de Vegas sans doute. C'est le seul endroit du voyage où nous avons senti le poids du tourisme international, un endroit où je ne l'attendais pas.
J'aurais pu partir de VOF dégoutée ? Tout ça pour ça ! VOF ne m'a pas laissée faire. La route en épousant les courbes de la roche m'a bercée comme on tente de réconforter un enfant boudeur. A Silica Dome, le ciel est devenu sombre comme s'il était en colère lui-aussi. Le vent s'est levé, dispersant mes rancœurs dans une immensité désertée.
Et puis, en arrivant au niveau de Rainbow Vista, un rayon de soleil est sorti d'entre deux gros nuages, long et chaud comme une gorgée de chocolat. Il a déposé un voile de miel sur la roche qui s'est animé.
Un petit panneau indiquait Fire Canyon. Nous nous sommes engagée, un peu au hasard, rien n'était préparé, rien n'était attendu. Personne sur le site. En cette fin d'après-midi, sans doute couraient-ils tous vers LA star du parc.
Nous avons avancé dans la vallée, en suivant un sentier mal tracé puis nous l'avons quitté pour grimper, sur la gauche, sur le gros rocher blanc qui forme un plan incliné naturel. La descente, de l'autre côté est plus ardue mais tout a fait faisable, des traces de passage en sont la preuve et là, juste en levant les yeux, une arche, puis une autre et une autre encore signalée par un cairn.
La roche claire se vrille en corde soyeuse, s'incline en une gracieuse révérence, se dresse, fière et immense. Quelle spectacle ! Nous dévalons la pente, passant du blanc au rouge. Fire Canyon nous emmène au bout du chemin, aux portes du chaos. Non, VOF n'est pas près d'être à la botte de l'industrie du tourisme, l'immensité de ses étendues la protège plus sûrement qu'un réseau de fil barbelé
Dernier arrêt à Natural Arch qui s'embrase dans les derniers rayons du couchant. C'est aussi un au-revoir, il nous faut maintenant filer jusqu'à St George. Un instant j'ai hésité, j'aurais voulu retourner à Fire Wave, ce soir, ou demain matin peut-être, quand les hordes colorées auraient regagné les casinos et leurs lumières artificielles, alors, peut-être la Grande Dame de pierre se serait-elle livrée ...
