Taos Pueblo (ou Pueblo de Taos) est un village ancestral du peuple Pueblo, construit entre 1000 et 1450 de notre ère. Adossé aux montagnes de Sangre de Cristo, il est traversé par le Rio Pueblo ou Red Willow Creek, le ruisseau des Saules Rouges.
Ce vaste complexe d’habitations en adobe de près de 8 hectares est le plus grand et le seul village de ce type continuellement habité des États-Unis. Aujourd’hui, 150 personnes y vivent à l’année, sans eau ni électricité ; leur seule et unique source d’eau potable est celle du ruisseau, alimenté par les eaux du Ba Whyea ou Blue Lake, sacré pour les Indiens et où, selon leur croyance, leurs ancêtres vivent pour l’éternité.

Où se trouve Taos Pueblo ?
Taos Pueblo est situé à moins de 3 miles/4.5 km au nord de Taos au Nouveau-Mexique.
Traversez Taos (route US-64) et à la sortie nord de la ville, suivez “Taos Pueblo” à droite (Hwy to Town of Taos/Cam Del Paseo Pueblo Norte). Le village de Taos Pueblo est à 5 minutes.
- Adresse à entrer dans votre GPS : 120 Veterans Highway Taos, New Mexico 87571
Temps de visite
Selon la saison et les ouvertures de commerces, prévoyez entre 2 heures et une petite demi-journée de visite.
Afin de fuir la foule des grands jours, nous vous conseillons d’éviter de faire votre visite le week-end.
Vous présenter à l’entrée dès l’ouverture peut aussi être une bonne solution seulement attention, trop tôt le matin les boutiques n’auront pas encore ouvert leurs portes.
Que voir et faire à Taos Pueblo ?
Sur les terres Pueblo, à l’extérieur du village (un peu plus de 40 000 hectares) vivent 1900 indiens Taos, dans des maisons plus modernes. De nombreuses familles ne viennent à Taos Pueblo que lors des cérémonies ou encore entre le printemps et l’automne (leurs terres agricoles abritant également leur maison d’été). C’est donc à la belle saison que vous pourrez le mieux profiter du village, qui n‘en sera que plus vivant.
Au guichet à l’entrée, on vous fournira un plan du village et un imprimé avec des explications sur le fonctionnement, l’architecture et les traditions.
L’architecture du village
Les deux grosses structures du village, Hlauuma (maison nord) et Hlaukwima (maison sud) ont été construites sur 5 étages, en adobe. ll s’agit de terre mélangée à de l’eau et de la paille, puis coulée dans des moules ou transformée en briques séchées au soleil.
Les murs sont particulièrement épais (plusieurs pieds, donc au minimum 60 cm), les toits recouverts de terre tassée sont soutenus par des vigas si caractéristiques (d’énormes poutres en saillie). Les façades sont perpétuellement entretenues et replâtrées pas des couches de boue tandis que les murs intérieurs sont recouverts de terre blanche très lumineuse.
Les murs sont mitoyens mais les maisons sont individuelles et ne communiquent pas entre elles. Autrefois, il n’y avait ni portes, ni fenêtres et on entrait par le haut, via des échelles (extérieures et intérieures). Aujourd’hui les échelles servent à passer d’un étage à l’autre.
Chacune des maisons comporte le plus souvent deux pièces, une pièce de vie qui fait également office de chambre et une cuisine qui sert aux repas et au stockage de nourriture. Même si par le passé les indiens n’utilisaient pas de mobilier, aujourd’hui ils ont des tables, chaises, lits…
Selon les traditions et la loi Pueblo (c’est un conseil tribal qui gère le territoire Pueblo et non le gouvernement fédéral américain), la plomberie, l’eau courante et l’électricité sont interdites dans l’enceinte du village. L’unique source d’eau potable est celle du ruisseau, un affluent du Rio Grande.
L’église
La chapelle actuelle de San Geronimo (Saint-Jérôme, Saint patron de Taos Pueblo), achevée en 1850, remplace l’ancienne église bâtie en 1619 puis détruite en 1847 durant la guerre américano-mexicaine et dont on peut encore aujourd’hui en observer les vestiges. (elle avait été reconstruite une première fois en 1680 après la révolte des Pueblo contre les espagnols).
Aujourd’hui, bien qu’étant catholiques à 90% (religion héritée de l’histoire coloniale espagnole), les habitants de Taos Pueblo pratiquent encore leurs rituels religieux ancestraux et la kiva, pièce traditionnelle où se déroulent les cérémonies spirituelles, tient dans le village une place tout aussi importante que l’église.
Les pueblos sont enterrés sans cercueil afin de nourrir la terre.
Les boutiques
Taos Pueblo vit principalement grâce au tourisme et les indiens proposent de très nombreux articles traditionnels dans leurs petites échoppes, uniquement fabriqués par des artisans locaux : poteries d’argile et de mica, bijoux en argent ou en turquoise, objets décoratifs, vêtements de cuir ou de peaux, mocassins indiens, jouets, tambours, peintures plus contemporaines… Certains d’entre eux vendent même leurs créations en dehors du village, vous en trouverez à Santa Fe, Albuquerque… Ces objets sont tous signés manuellement par l’artiste, clairement identifiable.
Pour les petits creux, vous trouverez d’excellentes pâtisseries traditionnelles, des beignets, et des sortes de petits pains cuits dans des hornos, des fours ronds (ils servent également à cuire le gibier).
Pratique
Horaires
- Ouvert du jeudi au lundi, de 9h00 à 16h00
- Dernière entrée à 16h00 et fermeture du village à 17h00
- Fermeture les mardi et mercredi
- Attention, entre la fin de l’hiver et le début du printemps, Taos Pueblo est généralement fermé durant environ 10 semaines (dates variables). Il ferme également lors de certains évènements communautaires ou célébrations religieuses. Se référer au site officiel.
Tarifs
- 25 $ par personne (réduction pour les seniors)
- Gratuit jusqu’à 10 ans
- Des visites guidées sont proposées au départ de l’église, toutes les 20 minutes à partir de 9h00. Les visites durent environ 30 minutes, elles sont gratuites et soumises au tip (à votre discrétion).
Règlement
- Vous vous trouvez dans un village habité, respectez la vie privée des habitants et les zones strictement réglementées.
- Entrez uniquement dans les commerces clairement identifiés.
- Il est interdit de pénétrer dans le cimetière et dans les vestiges de l’ancienne église.
- L’eau de la rivière est la seule et unique source d’eau potable du village, donc ne vous baignez pas dedans (et évidemment n’y jetez rien).
- Si un habitant vous invite chez lui, respectez sa demeure et suivez ses règles de vie.
Photographie
Elle est autorisée, à usage personnel, sous certaines conditions :
- Ne photographiez pas les habitants sans leur accord.
- Il est strictement interdit de prendre des photos à l’intérieur de la chapelle San Geronimo.
- Les jours de célébrations religieuses, les enregistrements sont interdits partout dans le village (photo, vidéo…)
Quelle langue parle-t-on à Taos Pueblo ?
Le Tiwa est la langue maternelle de la tribu. Mais les membres parlent aussi l’anglais et l’espagnol.
Festivités annuelles
- Pow wow en juillet
- Foire de San Geronimo chaque année fin septembre
Documentation
Hébergements
Hôtels
Au plus près, vous pourrez loger à Taos, à 5 minutes au sud du village. La petite ville, superbe, est très touristique et l’offre hôtelière y est importante, même si globalement assez chère. Voir sur Booking.
Pour rayonner dans la région, Santa Fe (à 73 miles/115 km de Taos Pueblo) est un excellent point de chute et une ville où il fait vraiment bon vivre.
Climat
Taos Pueblo est situé à 2200 mètres d’altitude et bénéficie d’un climat semi-aride. Les étés y sont secs et tempérés, et peuvent y être très chauds, même si les nuits restent fraîches. Les hivers sont particulièrement froids et peu pluvieux, mais souvent neigeux.
Températures et précipitations à Taos Pueblo
Mois | °C max | °C min | Pluie (mm) |
---|---|---|---|
Janvier | 4.2 | -11.8 | 15 |
Février | 6.8 | -7.8 | 14 |
Mars | 11.2 | -3.9 | 21 |
Avril | 15.8 | -1.1 | 21 |
Mai | 21.1 | 3.4 | 30 |
Juin | 27.1 | 8 | 25 |
Juillet | 29.2 | 11.1 | 36 |
Août | 27.7 | 10.8 | 48 |
Septembre | 24.3 | 6.8 | 34 |
Octobre | 18.3 | 0.7 | 30 |
Novembre | 10.4 | -5.7 | 23 |
Décembre | 5.3 | -10.7 | 16 |
Histoire de Taos Pueblo
Durant plus de 1200 ans, entre 100 et 1270, le peuple Pueblo vit dans le secteur de Four Corners, une région culturelle et géographique formée par le nord-est de l’Arizona, le sud-ouest du Colorado, le nord-ouest du Nouveau-Mexique et le sud-est de l’Utah (aujourd’hui le monument de Four Corners marque le centre de cette région, au croisement des frontières des quatre états).
A la fin du 13ème siècle, ces indiens s’exilent plus à l’est, dans la vallée du fleuve Rio Grande. On ignore encore aujourd’hui exactement pourquoi. Les recherches archéologiques effectuées tenteraient à prouver que cette migration soit due soit à une guerre entre tribus, soit à une très longue période de sécheresse suffisamment désastreuse pour avoir paralysé la région durant plusieurs décennies.
Les premiers conquistadors espagnols, partis en quête des Sept Cités d’Or de Cibola, arrivent à Taos Pueblo en 1540, avec l’expédition Francisco Vásquez de Coronado. Les colons espagnols s’installent dans la vallée du Rio Grande pour y développer l’agriculture et le commerce. Toutefois, en 1680, les indiens Pueblo se révoltent contre l’esclavage, la christianisation forcée et l’obligation de payer des impôts aux espagnoles. Les colons sont alors repoussés jusque dans le sud du Texas et en 1698, ils ont complètement déserté la région.
Après la guerre américano-mexicaine (1846-1848), le Nouveau Mexique devient territoire des États-Unis en 1848 et après la guerre de Sécession (1861-1865), le chemin de fer arrive en 1870, attirant de nouveaux colons, des fermiers et des chercheurs d’or qui transformeront en profondeur le Nouveau Mexique qui deviendra le 47ème État américain le 6 janvier 1912.
En 1906, le président Theodore Roosevelt prend au pueblos 19 000 hectares de terre dans les montagnes afin de les intégrer à la Carson National Forest. Sur ces terres se trouve le Blue Lake, sacré pour le peuple Pueblo. Cet évènement reste à leurs yeux le plus dramatique de toute leur histoire. Il faudra attendre 1970 pour que ces terres et le lac soient rétrocédées aux indiens après le vote d’une nouvelle loi sous la présidence de Richard Nixon. En 1996, le gouvernement transfère 300 ha supplémentaires aux pueblos.
Taos Pueblo a été inscrit au registre des monuments historiques nationaux en 1966 et au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco en 1992.
Aujourd’hui, divers programmes communautaires ont été mis en œuvre avec divers partenaires privés et gouvernementaux pour la conservation du village et la préservation des traditions culturelles ainsi que la restauration des maisons. On prévoit également la construction d’un centre de formation pour la population locale et la création d’un centre culturel et d’archives tribales.
Films tournés ici
Les amateurs pourront apprécier Taos Pueblo dans le sublime western désenchanté d’Anthony Mann avec James Stewart, L’Homme de la Plaine (The Man from Laramie) sorti en 1955 et tourné majoritairement au Nouveau-Mexique à Tesuque Pueblo, Bonanza Creek Ranch et donc Taos Pueblo qu’on peut voir à de nombreuses reprises.
Plus délirant, Un vrai cinglé de cinéma (Hollywood or Bust, 1956), avec Jerry Lewis et Dean Martin, raconte les aventures rocambolesques d’un chanteur sans le sous qui, fuyant son bookmaker, va traverser le pays dans une décapotable avec à son bord un fan de cinéma ringard ébloui par les stars hollywoodiennes. Le film nous amène un peu partout aux USA, et on peut y voir Taos Pueblo mis en scène de manière plutôt décalée et désinvolte comme le montre la photo ci-dessous.
Citons enfin l’incontournable emblème de la contre-culture Easy Rider (1969), filmé sur de nombreux sites de l’ouest sauvage et beaucoup au Nouveau Mexique. Dennis Hopper avait tellement aimé la région, qu’après le tournage, il avait acheté une maison classée monument historique à Taos où il vécut jusqu’à la fin de ses jours, et où il est enterré face aux montagnes. Taos, véritable repère artistique, célèbre depuis lors chaque année le Dennis Hopper Day le 17 mai (jour de sa naissance en 1936) via le cinéma, la musique, la peinture, la littérature…
À visiter dans les environs
- Photos : Isa, Joël, Mary