Le jackalope (lepus cornutus) est un mammifère, beau mais un peu effrayant, plutôt méconnu, sorte de croisement entre un lièvre (jackrabbit) et une antilope (antelope), d’où son nom et surtout son aspect peu commun. Bien peu d’entre nous peuvent se venter d’avoir pu en observer dans les parcs nationaux de l’Ouest américain… il faut dire que l’animal reste assez farouche et insaisissable.
Il porte des bois, il est de couleur brune plus ou moins claire, pèse entre 1.4 et 2.3 kg, et se déplace rapidement, il peut courir jusqu’à 140 km/h et mesure jusqu’à 60 cm de hauteur.
Les origines du jackalope
On pense qu’il serait européen, probablement d’Europe centrale, plus précisément d’Autriche ou d’Allemagne où on le connaissait sous le nom de « wolperdinger », et ce sont les migrants qui l’auraient importé sur le continent américain au 18ème siècle. Une espèce apparentée au jackalope, « skvader » vivait à la même époque en Suède.
La gravure ci-dessous, remontant au 16ème siècle, est la première représentation connue du jackalope.
Cette planche zoologique du National Gallery of Art Washington (circa 1575-1580), montre également le lièvre cornu.
Le jackalope aux États-Unis
Au début du 20ème siècle, on trouvait le jackalope principalement dans le Colorado, le Nebraska et le Nouveau-Mexique. Mais la région où il était le plus présent était le Wyoming et le secteur de la ville de Douglas, proclamée capitale internationale du jackalope en 1940. L’animal y était tant épandu, et surtout tellement belliqueux que la municipalité dut rapidement installer un peu partout en ville des panneaux d’avertissement « attention aux jackalopes ».
Paradoxalement, l’animal devînt très populaire et un vaste programme de merchandising a été organisé autour de lui, notamment des cartes postales et des petits souvenirs. Aujourd’hui encore, vous pourrez trouver sur les étales touristiques des figurines, des peluches et autres petits objets décoratifs représentant des jackalopes. En outre, chaque année en juin, Douglas organise la journée du jackalope (tournoi de volley dans la boue, rally, monster-truck, courses d’obstacles…).
Au milieu du 20ème siècle, la chambre de commerce de Douglas autorisa la chasse de l’animal dans le Wyoming (sans doute était-il devenu trop envahissant). Afin de préserver l’espèce, certaines règles furent toutefois mises en place. La chasse n’était autorisée qu’une fois par mois, entre minuit et 3 heures du matin, durant les 3 jours précédent la pleine lune. Dans d’autres régions, les chasseurs devaient préalablement passer un test de Q.I. et obtenir un score inférieur à 72.
Le jackalope disparut progressivement, pourchassé et décimé par les hommes. Ronald Reagan avait, dans son ranch, un trophée empaillé de jackalope, qu’il avait lui-même chassé… tout du moins se plaisait-il à le dire à qui voulait l’entendre.
La réintroduction du jackalope dans le Wyoming
L’année dernière, en 2016, l’état du Wyoming décida de réintroduite le jackalope dans le parc national de Yellowstone. Des touristes en auraient d’ailleurs aperçus dans le secteur ouest du parc. Si vous souhaitez les observer, sachez qu’ils se montrent surtout durant les nuits de pleine lune. Attention toutefois, l’animal est un prédateur et reste particulièrement dangereux, les ours et les loups eux-mêmes s’en méfient. Évitez les shorts et autres pantacourts (l’idéal est de vous équiper de jambières de chasse) car le jackalope pourrait vous griffer violemment. Si vous en repérez un, alertez immédiatement un ranger et rappelez-vous que le National Park Service préconise de ne pas vous approcher de l’animal et de maintenir une distance de sécurité de 900 mètres.
Une dernière chose, méfiez-vous si vous transportez du whisky dans votre sac à dos, l’odeur attire inévitablement les jackalopes !