23 septembre
Journée de liaison
Nous quittons Las Vegas pour Salt Lake City, l’avion décolle à 11 heures et nous nous posons à 13 h10, heure locale de l’Utah.
Nous avons réservé un SUV midsize chez Alamo par l’intermédiaire cette fois de locationdevoiture.fr et Drive FTI. Formule complète.
Les loueurs sont en face de la sortie, il n’y a pas grand monde et c’est vite notre tour.
La préposée, une ancienne gardienne de prison renvoyée pour excès de jovialité, nous accueille les lèvres pincées, l’œil terne.
Pour éviter une longue conversation qui pourrait nuire à l’immobilité de son visage, nous lui donnons le mail reçu en anglais qui résume la location et toutes les assurances incluses.
Elle fait l’effort de le lire et nous fait signer le papier de location d’un Dodge Journey.
Ici pas le choix du véhicule.
Le temps de s’habituer à ce nouveau véhicule, de régler le problème du voyant de vidange, nous voilà parti à 14h45.
Nous ne sommes pas en avance car nous avons 520 km à faire pour rallier West Yellowstone.
Il nous faudra environ 5h30 pour les parcourir ces fameux kilomètres, et la nuit est tombée depuis un moment quand nous arrivons à notre hôtel, le Three Bear Lodge où nous avons réservé 5 nuits.
Nous prenons possession de la chambre et filons vite manger au restaurant de l’hôtel.
La première impression à West Yellowstone, c’est que ça caille drôlement et le vent n’est pas chaud du tout.
Faut dire que nous sommes maintenant à 2000 m d’altitude.
Nous avons une faim de loup, le restau est très accueillant et très fréquenté.
Pour moi, sur les conseils de la serveuse, ce sera un steak de bison
De retour au chaud, dans la chambre, nous consultons la météo pour les jours à venir.
Horreur et damnation, le terme Winter Storm, pour les 4 jours suivants, nous interpelle.
Winter pour hiver et storm comme tempête.
Demain, froid et averses de pluies possibles, et les jours suivants sont pas mieux avec de la neige annoncée.
Je suis comme la préposée de chez Alamo, désespéré, abattu.
Nous avions rallongé le séjour pour pouvoir faire Le Yellowstone, Le Parc, avec un P majuscule, des Etats-Unis d’Amérique.
Le but d’une vie, quoi et on ne verra même pas le soleil. Les boules.
24 septembre
…quand le temps est au moche fixe…
Il fait froid, il y a du vent et le ciel est très nuageux.
Nous rajoutons bonnets et gants dans le sac à dos, les pantalons et les polaires ne nous quitterons plus. Nous reportons l’achat de la glacière.
Comme c’est sensé être la plus belle journée, nous décidons de faire le canyon de Yellowstone et ensuite la vue du Grand Prismatic en montant sur la colline.
L’entrée du parc est très proche de West Yellowstone, nous montrons le pass, récupérons la doc et pénétrons dans ce volcan grand comme la corse en serrant les fesses pour qu’il ne se réveille pas.
D’ailleurs nous parlerons à voix basse pendant tout le séjour, ça serait vraiment trop bête de le réveiller.
Un paysage composé de forêts, de prairies traversées par des rivières et de montagnes s’offre à nous.
Plus on s’approche du centre du parc et plus les fumerolles s’élèvent dans le ciel gris.
Il y a énormément de pêcheurs dans les rivières peu profondes et je pense qu’il y a de belles photos à faire au cas où un ours mal léché attaquerait un de ces appâts.
Nous longeons des geysers au bord de la route, ça fume, ça bouillonne de partout puis nous prenons la Norris canyon road qui coupe le parc pour rejoindre le canyon de Yellowstone.
C’est sur cette route que nous trouvons deux, trois voitures arrêtées au bord de la route et des gens qui s’agitent en désignant les arbres qui bordent la route.
En passant, j’aperçois la grosse masse noire à travers les arbres, Sophie jaillit de la voiture, allume le caméscope tout en faisant deux, trois roulés boulés puis elle suit la progression de l’ours en filmant à l’arrache.
Finalement, elle a bien filmé les arbres, mais l’ours ne sera qu’une ombre fugitive.
Déçus, nous arrivons enfin au cayon.
Il est onze heures quand nous empruntons Uncle’s Tom trail et son célèbre escalier pour descendre au plus près de la chute et nous attendrons quelques timides éclaircies pour apprécier le site.
Nous continuons la rando qui suit le canyon jusqu’à Artist Point, point de vue accessible aussi en voiture.
Nous apercevons Artist Point, on voit bien qu’un parking pour les bus facilite l’accès
Heureusement le temps que l’on y arrive, une grosse partie des touristes chinois sont repartis.
Nous revenons sur nos pas après avoir quand même profité de plusieurs éclaircies et décidons de nous rendre au Grand Prismatic, le joyau du parc.
Nous rencontrons notre premier bison, qui broute tranquillement au bord de la route.
Sophie, pas téméraire filme depuis la voiture et moi, qui suis quand même l’homme qui a vu l’ours, sort affronter le monstre.
Puis sur la route, après Norris geyser basin et avant Artist paint pot, un petit geyser chocolat dont j’avais noté les coordonnées sur le GPS.
Plus on approche de Midway Geyser Basin, et plus le ciel se couvre, le soleil n’est plus qu’un souvenir lointain.
N’écoutant que notre courage, nous nous garons sur le petit parking de Fairy Falls, enfilons polaires et bonnets à cause du vent, nous prenons quand même de l’eau au cas où une canicule soudaine ferait bondir la température et d’un pas altier, nous nous engageons sur le chemin.
Nous faisons une dizaine de mètres quand quelques gouttes pernicieuses s’écrasent sur nos joues rougies de froid.
Vous pensez sans doute que cela va suffire pour nous faire rebrousser chemin et bien non, nous persistons sur quelques mètres supplémentaires.
La situation s’aggrave, le temps pourri commence à obscurcir les alentours, nous battons en retraite, ne nous voyant pas grimper sur une colline pour ne rien voir ensuite.
Je vous passe les jurons.
Sophie à faim, moi aussi, l’auberge la plus proche étant à Old Faithful, le plus célèbre des geysers du parc, nous nous y rendons avec diligence.
La pluie nous rattrape, nous déborde, nous énerve, sans un regard pour le geyser, nous cherchons un abri, un snack fera l’affaire.
Incroyable le monde qu’il peut y avoir dans un snack pas terrible quand le temps est au moche fixe.
Nous rentrons, un peu dépités quand même, il faut le dire et après une bonne douche bien chaude, nous irons noyer notre chagrin dans le bar attenant au restaurant de l’hôtel.
