Nous n'avions pas prévu de partir aux USA cet hiver mais c'était compter sans une promotion British Airways inespérée ! Nous nous sommes envolés, à 2, pour une dizaine de jours (8 sur place) et c'était tellement bien que j'aimerais vous en faire profiter. Peut-être que cela donnera des idées à certains d'entre vous ...

Pour mieux se repérer, le programme :
J1 : Dimanche 14 février : Manhattan Beach, Palm Spring Aerial Tramway et Mount San Jacinto
J2 : Lundi 15 février : Indian Canyons, Pioneertown et Joshua Tree (partie ouest)
J3 : Mardi 16 février : Joshua Tree (partie est et sud), Mojave National Preserve (Kelso Dunes, Kelso)
J4 : Mercredi 17 février : Valley of Fire
J5 : Jeudi 18 février : Snow Canyon et Coral Pink Sand Dunes
J6 : Vendredi 19 février : Edmaier's Secret, West Clark Bench
J7 : Samedi 20 février : Many Pools, Kolob Canyon, Las Vegas
J8 : Dimanche 21 février : retour à LA, Griffith Observatory (ou presque)
J9 : Lundi 22 février : Venice Beach et les canaux
Janvier 2016 : genèse d'un voyage
Le temps, en Lorraine, est gris et triste. Noël et ses lumières vont bientôt s'éteindre et devant nous, des journées courtes, des journées froides, monotones et un peu ternes se profilent. Recroquevillés au fond du canapé, les mains crispées sur un mug de chocolat chaud, on rêve d'aventure, d'espace, de lumière. Un vague projet pour la fin de cette année qui commence tout juste fait des pirouettes dans ma tête. Mais c'est tellement loin. Les doigts pianotent distraitement sur le clavier, Internet nous porte, nous emporte. D'un clic à l'autre, une porte s'entrouvre, BA casse les prix. Le voyage virtuel prend forme, le premier pas d'un rêve qui pourrait devenir réalité même s'il n'a pas encore la saveur ni l'odeur d'un vrai voyage. Et soudain les choses s'accélèrent. Les doigts courent maintenant sur le clavier. L'ESTA est accordé puis le vol réservé. Les hôtels suivront et enfin la voiture. Dans moins de 2 mois, nous foulerons le sol des USA.
13 février 2016 : welcome to the United States
Il neige sur le tarmac de l'aéroport de Luxembourg. Le ciel et la terre ne font qu'un. Nos valises, dûment étiquetées, sont avalées par la bouche béante où se perd le tapis roulant. Demain, c'est la St Valentin, nous le fêterons à bord d'un A380, original non ? On se perd un peu dans les heures et les jours. D'abord Londres puis Los Angeles, aujourd'hui devient hier, on voyage avec le soleil.

A LA, il fait nuit. L'officier de l'émigration est fidèle au poste et nous gratifie d'un welcome to the United States sonore. Dans le shuttle qui nous mène vers les loueurs de voiture, le chauffeur nous fait son show avec un accent délicieux que j'avais oublié (deux ans et demi depuis la dernière fois).
De la brume avale le long ruban d'asphalte qui nous conduit vers notre premier hôtel. La fatigue nous fait tourner la tête. On mélange le nord et le sud, l'anglais et le français, cette autoroute ressemble à toutes les autoroutes du monde, ce lit à tous les lits dans lesquels je me suis déjà couchée. Entre les draps un peu frais, un léger vertige me berce. Je vole encore, 10 000 mètres au-dessus de l'Atlantique et mes oreilles continuent de bourdonner dans la vibration des réacteurs. Nous sommes aux USA.
Dimanche 14 février : Valentine's day
Pas besoin de réveil, je suis debout avant le soleil. Les robinets de la douche ont une allure un peu exotique. Au petit-déjeuner, œufs brouillés et bacon trônent en bonne place. Le café, dans un gobelet de polystyrène d'une contenance approchant le demi-litre nous envoie un signal. Aucun doute possible, good morning America !

L'hôtel est situé à Manhattan Beach, pas très loin de l'aéroport mais cette Beach là nous attire comme un aimant. Il fait environ 12°, la brume enveloppe encore LA mais le soleil n'est pas loin. On retrouve de vieux réflexes qu'on croyait oubliés : deux pédales au lieu de trois au plancher de notre Hyundai, position Drive, arrêt au feu rouge avant de s'engager dans le carrefour. Après un moment de stress, on se détend. Sur le trottoir, une femme promène son chien, une boisson à la main. Juste devant nous, sur le passage piéton, un jogger au maillot bariolé s'engage. La route, bordée de palmiers, descend en deux ou trois vagues successives, nous porte tout droit vers l'océan.

On marche vers le Pier, sur le Pier. Les vagues éclaboussent la jetée, se battent contre les piliers de béton. Quelques surfeurs en combinaison les défient, armés d'une simple planche. Sur la plage, une cabane de bois bleu pâle émerge de la brume qui lentement se dissipe. Et le vent qui agite les longues feuilles des palmiers amènent à nos oreilles l'accent un peu métallique d'une langue qui ne nous est pas familière. Manhattan Beach n'a rien d'extraordinaire, pas de page dans les guides touristiques pour ce quartier de LA, mais elle porte en elle l'esprit de l'Amérique, un parfum de quotidien qui, pourtant, n'est pas le nôtre. Sans fanion ni fanfare, elle nous accueille et cette longue bande de sable blond a des relents de déjà-vu même si, sans doute, cette impression n'est pas totalement étrangère au petit-écran qui a bercé notre jeunesse de séries américaines.



Quelques courses au Vons du quartier, là aussi l'exotisme nous accompagne, et hop, on rattrape l'I10 direction Palm Springs. Au programme de l'après-midi, découverte du Mount San Jacinto par l'aerius tramway. J'espère y trouver de la neige mais je commence à douter devant l'ascension vertigineuse du thermomètre. On atteint rapidement les 30°C !
A peine plus de 2h de route avant PS, une route un peu encombrée par les sorties dominicales qui trace un trait sombre et net sur un paysage décliné dans des tons ocres un peu délavés. Le dépaysement est immédiat, la rupture brutale. Notre sweet home est à des milliers de km dans l'espace mais aussi dans nos têtes. Une forêt d'éoliennes pousse comme de la mauvaise herbe, indisciplinée et se moquant visiblement de l'esthétisme. D'habitude, j'aime bien ces silhouettes claires et élancées mais là, elles font un peu désordre. J'aime moins.

Parking du Palm Springs Aerial Tramway. Il est midi et c'est la bousculade. Tout le monde semble s'être donné rendez-vous ici. Nous sommes orientés vers un parking annexe (5$). Il faudra prendre la navette gratuite mais fort convoitée, jusqu'au départ du tramway où on nous délivrera un précieux ticket qui nous permettra de monter ... 2h plus tard ! L'attente est longue mais impossible de faire machine arrière. Une foule très familiale avec une dominante de sari et d'enfants encombrés de luge s'ébattent sur les aires de pique-nique et les rochers. De jeunes couples en quête d'une improbable intimité, célèbrent le Valentine's Day.

Enfin, notre heure arrive. Habituée de la montagne, des télésièges et télécabines divers, je ne l'ai pas trouvé vraiment très impressionnant, ce téléphérique. Oui, il grimpe allègrement, côtoyant la falaise de roche sombre toute proche, oui, il tourne sur lui-même mais le spectacle est plutôt dans la salle, les cris mi-affolés, mi-amusés des voyageurs au passage des pylônes, l'excitation des petits engoncés dans leur combinaison de ski. En bas, il faisait plus de 30° à l'arrivée, le thermomètre n'en indique plus que 7. Changement de saison, dans la vallée déjà grillée de soleil où rien ne semble devoir jamais pousser, c'est l'été torride. Dans la montagne nous trouvons de la neige qui habille de grands conifères. Ils me rappellent un peu ceux de Yosemite.

Pas le temps d'entreprendre de grandes explorations, le soleil est déjà bas, nous nous contenterons de Desert View Trail qui s'enchaîne avec Nature Trail. Difficile d'avancer sur le sentier recouvert de neige glacée, difficile de le suivre, ce chemin qui joue à cache cache avec son manteau blanc. L'expédition devient jeu de piste, on échange les infos avec les rares promeneurs qui, comme nous, cherchent les points de vue. On les trouvera tous, tantôt cachés dans un amas de rochers, tantôt masqués par des grands arbres vert sombre, coup d'œil vertigineux sur la vallée en contrebas, sur le contraste saisissant de 2 mondes qui se côtoient.


Lorsque nous retrouvons notre voiture, dans la fournaise du désert, il est déjà tard. Nous ne verrons, de Palm Springs, rien d'autre que ce que nous voyons par la vitre de notre SUV qui file vers l'hôtel, de belles maisons entourées de pelouses trop vertes et des buissons de bougainvilliers en fleurs. Un monde propre et net créé de toute pièce par la main d'hommes avides d'un éternel été.
Notre hôtel est à Cathedral City, dans la banlieue de PS. Lorsque j'ai réservé, en janvier, il n'y avait déjà plus grand choix et les prix était prohibitifs. L'hiver, à Palm Springs, c'est la haute saison. On comprend un peu mieux lorsqu'on longe une jolie piscine extérieure avec son Jacuzzi où l'on peut se baigner jusque tard dans la soirée, en février ! C'était il y a un peu moins de deux mois, par une journée grise et froide, je rêvais de lumière et de chaleur ...