C'est passablement émerveillé que ma route reprend, toujours en quête de photos du 11 septembre. J'avais promis de retrouver mon Flatiron Building de substitution au cours du voyage, je repasse donc tranquillement vers lui non sans avoir oublié de documenter des skaters avec de magnifiques sweats de notre équipe préférée de base-ball. Voui, j'étais obligé d'acheter une casquette des Yankees, mais c'est uniquement parce que Dexter en porte une...
Ah, tu m'avais manqué, toi, jolie petite surprise au milieu des buildings.
Je m'arrête ici sur le panneau qui, outre être une faute de goût impardonnable sur MON building doit me permettre de vous avertir. Oui, si vous passez par New-York dans les prochains mois, il y a fort à parier que vous tombiez comme moi sur un GRAND GRAND nombre de boutiques avec les rideaux tirés. Même Broadway que j'ai beaucoup arpenté est affectée et l'on mesure très clairement l'impact du COVID dans un pays sans amortisseurs sociaux. La ville a été le premier épicentre de l'épidémie et les ravages sont évidents. Cela avait commencé à mon premier hôtel avec son rooftop fermé alors que je m'imaginais en train de boire des cocktails paisiblement. Mais j'ai vu trop de rideaux fermés pour ne pas vous avertir, la ville a sacrément morflée.
Je dois prendre deux photos sur le
Brooklyn Bridge. Ayant été averti par a peu près tout le monde qui est allé à
New York avant moi, je sais que sans citer JJ GOLDMAN, c'est l'unanimité parfaite pour hurler sur la surfréquentation du lieu.
Je décide donc de tirer parti de la situation en choisissant de traverser l'east river en métro puis de prendre le pont dans le bon sens, c'est à dire avec la vue constante sur
Manhattan. En sortant du métro, je constate que
Brooklyn a vraiment un tout autre visage que celui de
Manhattan. On réussit à être dépaysé de
Manhattan en seulement quelques minutes.
J'arrive sur le pont et on ne m'a effectivement pas menti. Un samedi après-midi en plus, l'autogoal parfait. Je dois malheureusement prendre mes photos de jour et commence à arpenter le pont tel un saumon à contre-courant. Et sincèrement, je pense que j'ai raison parce que c'est beaucoup plus joli dans ce sens. Tout comme tout sunsetteur averti qui souhaite faire
Los Angeles SAN FRANSISCO en voiture sait qu'il faut le faire dans l'autre sens pour être du bon côté de la route, vous saurez maintenant qu'il faut partir de
Brooklyn et non de
Manhattan, selon moi en tout cas.
Je fais contre mauvaise fortune bon coeur. Je n'ai malheureusement pas de trépied avec moi, je ne peux pas me servir d'un appui, je ne peux pas poser mon appareil au sol. Mais je sais bloquer ma respiration tel Jacques Mayol. Je règle mon appareil au maximum de mes possibilités. ISO 100/ Ouverture 22 pour bloquer la lumière au maximum et je tombe à 1/10 de seconde d'obturation à main levée. C'est chaud, mais je finis par contourner l'obstacle, faire de la faiblesse une force pour documenter le passage permanent des gens au lieu de le subir.
TARTES A LA CREME DE PHOTOGRAPHE
Mais au fur et à mesure que j'avance, je sens l'odeur du souffre et me demande ce qu'il se passe un peu plus haut. Je tombe dans un vortex Matrixien ayant l'impression que l'agent Smith vient de passer trois minutes avant moi.
Parce qu'il faut dire qu'ils roulent sacrément vite sur ce pont, ce qui devait arriver arriva avec un immense carton et c'est malheureusement à la hauteur du lieu.
Je sors un peu chamboulé par l'évènement en me replongeant dans ce Financial District en direction de l'Oculus que vous connaissez parfaitement maintenant.
Je me dis que ce bâtiment ferait un joli siège social pour WAYNE INDUSTRIES pour mon prochain Batman.
Je m'approche du City Hall avec une équipe de breakdancers qui monnayent leur talent. On dirait même qu'il jette un pigeon pour distraire la foule, mais c'est uniquement ma malice de spectateur, aucun lien entre ces deux êtres vivants.
J'essaie de documenter l'un des plus beaux bâtiments Art Déco de la Ville, ce Woolworth mais il est objectivement très très difficile à mettre en valeur le pauvre. Je n'ai pas trouvé d'autre accessoires qu'une fontaine et l'éclairage pour lui rendre un modeste hommage.
Je suis sympathique, je vous épargne 326 photos entre Park Raw la station de métro World Trade Center. Je suis en effet en partance pour un nouvel état américain, en direction du New Jersey pour faire une photo du 11 septembre et profiter de deux monuments hommages qui sont au moins aussi émouvants voire plus que les fontaines de Ground Zero.
Le charme architectural de l'Oculus continue de produire son effet. Ce complexe est vraiment dingue...
Même sous terre, c'est hypnotisant. Je verrais tout à fait un combat entre Batman et un gros super vilain d'une couleur verte vive sur ce quai.
Je prends une nouvelle metrocard à 5 USD car une charmante policière m'a prévenue que la carte unlimited ne couvrait pas cette destination et attends comme un pendulaire newyorkais mon train pour le New Jersey. La ressemblance d'ambiance avec le RER parisien est flagrante et pendant 15 minutes je pourrais me croire à Châtelet Les Halles sur la B en direction de Bourg La Reine.
La sensation s'estompe assez vite car dès que vous sortez du métro, il est clair qu'on ne va pas perdre les bonnes habitudes architecturales locales.
Mais c'est par devoir de mémoire que je me trouve ici, plus particulièrement pour faire cette photo de la sculpture qui m'a beaucoup marqué par sa silhouette. Je fais 20 photos avant de réussir à placer parfaitement la sculpture entre les tours, à l'endroit où deux jumelles manquent à l'appel.

Si vous avez suivi mon carnet, notamment le message subliminal autour du titre de nos amis de FIVE FINGER DEATH PUNCH, vous comprendrez que j'ai une position assez tranchée sur la guerre (la guerre c'est nul, surtout quand ce sont les américains qui la font) et que naturellement cette sculpture me parle beaucoup. Le fait que cette silhouette soit placée ici est vraiment symbolique et cette photo était vraiment importante pour moi. D'autant qu'elle commémore un massacre des russes sur les polonais, vous pouvez donc ajouter une demie -cuillère à café de guerre froide des années 1980, vous laissez cuire une bonne trentaine d'années, vous saupoudrez cela du contexte actuel et vous vous retrouvez avec une magnifique pièce montée de ce que l'humanité peut faire avec trois époques qui se superposent.
Mais l'objet de ma visite n'est pas complet. Il convient de me recueillir à présent sur l'oeuvre Double Check II qui se repose paisiblement à quelques pas de là.
Voilà pourquoi cette sculpture est autant précieuse à mes yeux. Lorsque l'originale a été retrouvée quasiment intact, de nombreuses personnes sont venues la recouvrir de témoignage de soutien, d'affection, de calin en tout genre. L'auteur de la sculpture a été tellement touché par ces témoignages qu'il a décidé de récupérer une copie en coulant dans le bronze tous les objets qui avaient été posés sur celle de Ground Zero.
Plus précisément, voici l'histoire complète si le sujet vous intéresse.
http://www.bigapplesecrets.com/2018/09/ ... rt-to.html
Elle joue un rôle majeur dans l'espace consacré aux victimes du 11 septembre, pour les habitants du New Jersey, et pour moi le plus bouleversant de tous les monuments aux morts.
La pierre est polie ce qui lui permet d'agir comme miroir en fonction de l'angle de vue et il est vraiment très touchant de voir pareil hommage dans ce lieu symbolique, les premières loges de l'horreur.
Si vous souhaitez vous recueillir, c'est à portée de main.
Passé ce moment fort intense, je profite tout de même de ce lieu magique qui est sans doute l'une des plus belles vue de
Manhattan en tant que piéton, surtout au soleil couchant, agrémenté par des balades au bord de l'eau que les locaux semblent bien connaître.
Et là, quand je vous dis que les locaux connaissent l'endroit, ne voilà t-t-y-pas que je tombe sur les deux plus grandes commères du quartier en train de jacasser sur le procès de Johnny Depp et qui croient que je les ai pas vues.
Il est l'heure pour moi de repartir vers de nouvelles aventures, en l'occurence un concert qui commence bientôt au Music Hall Of Williamsburg, le voyage continue, I'm not a poor lonesome cow-boy but a happy traveller....