Il était une deuxième fois dans l'Ouest

[micahbzh]

Ah, très mignon ces burros.
C'est ce qui me plait, se ballader dans les parcs et voir tant d'animaux.
Merci.

[zaius]

J-3 Lundi 5 Septembre : Mais où est le rondin suivant ? Oh secours !

Ce matin, c'est petit déjeuner dans la chambre : toasts, confiture, café, salade de melons et smoothie multi-fruits énergétique. Aujourd'hui je me dis que le smoothie énergétique c'était pas du luxe, même que j'aurais dû en prendre deux (notre rando se révèlera épique) !
Notre séjour dans le South Dakota n'est pas encore fini mais nous quittons Keystone. Le check-out est rapide et on remercie une nouvelle fois les employés de l'hôtel pour leurs aides diverses.
Premier arrêt du jour : Fort Hayes, un des lieux de tournage de Danse avec les loups, transformé en chuckwagon (breakfast & supper). Il vaut savoir que Danse avec les loups a été en majeure partie tourné dans la région : Badlands (notamment la Sage Creek Wilderness Area), Fort Pierre, les Black Hills, Spearfish Canyon, etc…

Fort Hayes est touristique, les bâtiments sont aujourd'hui des magasins mais la visite est plaisante. L'entrée est libre et gratuite et la rue animée. Des artisans sont au travail et nous montrent diverses petites choses et savoir-faire locaux. On discute, c'est sympa. On ramènera un petit souvenir qui nous aura coûté seulement 1 $ : une elongated coin à l'effigie du film (pièce de monnaie écrasée) qu'un charmant monsieur aura fait devant nous après nous avoir fait choisir un modèle (c'est tellement plus sympa que de la faire tout seul sur une machine). Un joli souvenir et une vraie valeur sentimentale pour nous.

Fort Hayes



Une belle américaine...



Une autre belle américaine, une Ford de 1932



Tatanka !



Fort Hayes



Fort Hayes

Pour ceux qui voudraient dîner au chuckwagon, il faut réserver avant. Pour le breakfast, inutile de réserver en revanche, vous pouvez y aller comme ça et dévorer des pancakes à volonté à un prix très modique sur fond de piano de bastringue, dans une ambiance familiale.

On prend notre temps et on s'attarde pas mal avant de reprendre la route en direction des Badlands où nous arriverons plus tard que prévu, à savoir vers 11 h 00, heure à laquelle la lumière devient un peu moins intéressante et la chaleur… certaine ! Ce n'est pas pour rien que ce lieu est appelé "mauvaises terres". Même si situés à seulement 1 h 15 de Rapid City, les Badlands bénéficient d'un climat un peu différent, et ne comptez pas y trouver de l'ombre. Pensez bien aussi à faire le plein d'eau. C'est également le pays des serpents à sonnettes mais nous n'en verrons pas, et c'est tant mieux car je n'aurais pas fait la fière.

Les Badlands du South Dakota sont un lieu très étonnant, en rupture complète avec le reste du décor, ça en serait presque martien. Ca ne ressemble pas non plus au reste des parcs de l'Ouest. Ils sont véritablement fascinants, dans les formes surtout, mais aussi les couleurs (blanc, rose, gris...) Pour ceux qui connaissent le film Starship Troopers de Paul Verhoeven, il a été en partie tourné dans ces lieux désolés.

Depuis Rapid City, la route en ligne droite jusqu'à Cactus Flat est longue et semble infinie, des vastes prairies de part et d'autres, comme un océan de verdure. Puis subitement, une bande rocheuse dénudée et abrupt se dresse, le contraste est saisissant, un mur aux formes ciselées au beau milieu des plaines… les Badlands !

Les Badlands...

Ils sont tout autant difficiles à décrire qu'à appréhender. Je pense immédiatement à la Vallée de la Mort et plus particulièrement à Zabriskie Point… mais en complètement différent. Si ces lieux hostiles et envoûtants ne se ressemblent pas vraiment, ils sont tous deux prétextes à bien des rêveries et des égarements (au sens propre comme au figuré), même si rassurez-vous, il fait moins chaud dans les Badlands qu'à Death Valley.

Au guichet de l'entrée du parc, nous achetons notre précieux sésame, le Pass America the Beautiful qui sera notre plus fidèle compagnon de voyage (et que nous allons largement amortir). Nous découvrons ce paysage unique de plus près, très intrigués par les formes.

Pour commencer tranquillement la visite, nous nous dirigeons vers le Door Trail qui offre de superbes vues très dégagées (1.2 km aller-retour, environ 20 minutes). L'avantage de se sentier pavé, c'est que vous pouvez tout à fait ne pas vous limiter aux points panoramiques et continuer de l'avant en errant au milieu des terres (où ce n'est donc plus pavé, c'est à vos risques et périls, attention où vos posez vos pieds !). Il suffit pour cela de repérer les piquets jaunes et de les suivre. C'est très ludique et la promenade offre de belles sensations, d'autant plus que le parc n'est finalement que peu fréquenté. On marche ainsi au milieu de nulle part avec l'impression étrange de découvrir une planète inconnue et magnifique.

Door Trail






Travel beyond this point is at your own risk

Gizmo et moi nous laissons prendre au jeu et au bout d'un moment on se dit tout de même qu'on devrait mieux faire demi-tour avant de nous paumer complètement. Courageux mais pas téméraires ! Nous devons garder également quelques forces pour la balade suivante : Notch Trail (2.4 km, environ 2 heures). Quand je dis "balade", c'est un doux euphémisme… disons plutôt une petite rando avec malgré tout un point de difficulté que j'avais quelque peu sous-estimé avant le départ. Gizmo me demande si cette rando est facile et moi de lui répondre, "oui, pas de problèmes, y'a juste à un moment une espèce d'échelle en rondins, mais j'ai lu un carnet de voyage d'un gars qui l'a faite avec sa fille de 5 ans, vraiment aucun soucis !" Nous voilà donc partis sur le Notch Trail dans la joie et l'allégresse. C'est plat, dépaysant, facile, bref, super… jusqu'à la fameuse échelle en rondins ! On voit pas mal de gens rebrousser chemin. Je me demande pourquoi car vu d'en bas, ça a l'air assez simple et je me dis que ces personnes doivent plutôt craindre le vertige. Je sens pourtant que Gizmo est hésitant. Il me demande si je me sens assez d'attaque pour ce petit exploit. Pensant qu'il veut prendre soin de moi et qu'il s'inquiète de ma petite santé physique et mentale, je le rassure immédiatement : "oui, ça a l'air super, je ne pensais pas faire ça un jour, surtout dans un endroit pareil, on va bien s'amuser." A ce moment là, je suis enthousiaste et montée sur ressort, Gizmo semble rassuré "Et bien allons-y alors!". (J'apprendrai plus tard dans la journée que si Gizmo m'avait posé la question de savoir si je me sentais capable de l'exploit, c'était que lui pas du tout… mais il m'a suivie ! )

Instants mémorables...

On prend quelques photos, on filme question d'immortaliser l'instant. Au départ, c'est très facile, on a un peu l'impression de monter un simple escalier. Puis à mi-chemin je me rends compte que sur sa partie supérieure, l'échelle n'est pas scellée, mais flottante. Gloups… Qu'aurait fait Indy dans ces cas là ? Bin… il aurait continué, c'est sûr ! D'autant plus que j'ai envie de voir ce qu'il y a en haut moi ! Bon…y'a plus qu'à s'aider des mains et à regarder en l'air plutôt qu'en bas. Je m'en sors plutôt bien et suis fière de moi ! Youhou !!! Je suis arrivée en haut, tout comme Gizmo, nous sommes en forme aujourd'hui ! Wouai… sauf que Gizmo regarde en bas et me dit, un peu navré par mon manque de prise de conscience :"Tu sais… là on a fait le plus simple, on va moins rigoler tout à l'heure pour redescendre et je me demande même si je vais y arriver". "Ah ? Tu crois ? C'est vrai que vu d'en haut, l'échelle a l'air plus difficile, mais on prendra notre temps, on n'est pas pressé, on y arrivera bien." Une petite pause pour nous désaltérer et nous voilà repartis. Le sentier devient de moins en moins simple, on hésite à plusieurs reprises sur le parcours à suivre, puis il devient nettement plus compliqué voir dangereux par moment. On devine alors qu'on entre petit à petit dans la partie "strenuous"de la rando. On passe quelques points délicats sans encombre mais au bout d'un moment ça devient de plus en plus ardu et certains passages équivalent pour nous à des exercices d'escalade. On laisse donc tomber. Il ne doit pas nous rester grand chose à parcourir en distance, mais on n'a pas envie de mettre notre vie en jeu pour une rando, d'autant plus que nous n'avons quasiment plus d'eau et qu'on voudrait quand même en garder quelques gorgées pour le chemin retour. Nous rebroussons donc chemin, tout de même soulagés par cette sage décision. Passage obligé à l'échelle en rondins. Gizmo descend le premier. Je voulais le prendre en photos, mais quand je vois combien il a dû mal, je laisse tomber et je ne le quitte pas des yeux une seconde. Cette sacrée descente semble en effet assez difficile et là je ne rigole plus du tout. Gizmo se brûlera les mains sur le câble métallique soutenant l'échelle et descendra tant bien que mal pour arriver en bas sain et sauf. Quant à moi, ayant suivi la descente de Gizmo attentivement, je me dis qu'il n'y a qu'une seule chose à faire : prendre mon temps, tant pis si je dois ralentir d'autres randonneurs, ils attendront que j'ai fini. Alors je descends, à un rythme défiant toute concurrence niveau lenteur. Je garde bien les mains sur le bois afin de ne pas chopper d'ampoules et je mesure chaque appui. J'arriverai en bas en parfait état, juste un peu secouée par l'exercice et les jambes légèrement tremblantes. J'aurais gagné des douleurs musculaires pendant les 2 ou 3 jours suivants et Gizmo des massages des paumes des mains à la Biafine afin de calmer les brûlures. J'imagine qu'on aurait pu s'en sortir nettement moins bien, donc je suis très contente, d'autant plus que je me dis qu'au final, on l'a eu cette fichue échelle en rondins ! Yeah ! C'est nous les meilleurs !

Notch Trail



Notch Trail

Sur le chemin du retour, nous croisons un couple d'américains curieux de savoir à quoi ressemble le sentier. On leur explique que passé l'échelle le sentier est moins bien balisé et parfois difficile. Et là, madame s'exclame : "Wow ! Vous avez réussi à passer l'échelle ! Great, bravo à vous ! etc… Moi je pense que je vais m'arrêter avant, l'échelle me fait trop peur". On discute ensuite quelques instants avant de partir chacun de notre côté. De retour au parking, on décompresse et on est lessivé, on a besoin d'un vrai repas pour nous ressourcer. Direction donc le restaurant du Cedar Pass Lodge où nous engloutirons 3 énormes verres de citronnade et des hamburgers au bison avec un gros plat de frites. On les a bien mérités !
Sur la portion de route nous menant au restaurant, quelques vues admirables:

Badlands Loop Road



Badlands Loop Road



Vue sur le Cliff Shelf Nature Trail



Badlands Loop Road



Badlands Loop Road, tout près du Ben Reifel Visitor Center

Après notre pause repas, vers 15 h 00, nous passons quelques instants à traîner au frais dans la boutique souvenirs puis continuons la route panoramique en nous arrêtant sur à peu près tous les points de vue, très tranquillement, les randos, c'est fini pour aujourd'hui !

Badlands Loop Road



Badlands Loop Road - Yellow Mounds Overlook



Badlands Loop Road



Badlands Loop Road

Une fois la Badlands Loop Road bouclée, il nous reste environ 1 h 45 de route jusqu'à Deadwood. Comme il est déjà 17 h 00, nous renonçons à prendre un bout de la Sage Creek Road (piste gravillonnée) pour filer directement vers Wall puis Deadwood. Pour ceux qui passeront dans le coin, il y a à Wall un drugstore renommé qui semble intéressant et très typique (mais où nous on ne s'est pas arrêtés car il ferme à 17 h 30). Impossible de le louper, il y a des panneaux géants tout le long de l'Interstate.

Arrivés à Deadwood en tout début de soirée.

Deadwood

Nous faisons le check in à notre hôtel, celui de Seth Bullock himself ! où nous découvrons une grande chambre très confortable et décorée superbement. Nous nous reposons un moment (nous allumons la télé et tombons sur… Little House in the Prairie, pas prévisible du tout ! Les Ingalls sont des gloires locales, ils habitaient dans le South Dakota, à De Smet) avant de partir découvrir la ville. Nous faisons quelques magasins et tombons sur un Studio façon Old West où il est possible de se faire prendre en photo en costumes d'époques. Voilà qui nous fait bien envie, nous parcourons donc les lieux pour voir ce qu'il est possible en terme de "mise en scène". Nous continuons la visite de Main Street jusqu'au fameux Saloon N°10 où le célébrissime Wild Bill Hickok a été assassiné en 1876 alors qu'il jouait aux cartes. Info importante à noter, le saloon n'est pas aujourd'hui sur son véritable emplacement, le Saloon N°10 de 1876 était un peu plus loin sur Main Street (il est signalé par un simple panneau).

Saloon N°10, sciure de bois sur le sol...



Saloon N°10



Saloon N°10



La chaise sur laquelle était assis Wild Bill Hickok lorsque Jack McCall lui a tiré dans le dos !

Nous partons ensuite en quête d'un restaurant, sans grand succès car il est déjà tard (pour un dîner aux USA !) et de nombreux établissements ferment leurs portes, d'autres proposent des plats trop épicés pour nous. Nous retournons donc à l'hôtel en espérant pouvoir y dîner… le restaurant a fermé il y a tout juste quelques minutes. La charmante employée qui s'est occupée de nous à notre arrivée nous voit passer dans le couloir et nous salue d'un "How are you guys ?!" (seulement la troisième fois depuis 19 h 00 ! ). On lui explique notre problème et elle nous conseille alors un restaurant italien soit disant délicieux au premier étage du Saloon N°10, le Deadwood Social Club. Nous voilà donc reparti au saloon. Nous allons bien jusqu'au fond et nous apercevons qu'en effet, il y a bien un premier étage accessible via un ascenseur… et bien… il fallait le trouver ce passage et savoir qu'il y avait un resto au dessus !

La dame de l'hôtel ne nous a pas menti, le restaurant est délicieux et superbe, ambiance italo-américaine (Dean Martin et Sinatra en arrière fond), lumière tamisée, murs en pierres apparentes et chaises de bar (vision très hollywoodienne de l'Italie) et mets délicieux. Nous prenons une petite entrée sur les bons conseils du serveur, une soupe aux fruits de mer divine et crémeuse, épicée juste ce qu'il faut, puis des fettucini au poulet, un gros plat pour deux. Le serveur, tout content de croiser des français, nous parle de son séjour en Europe… à Londres ! Quand on lui dit que ce n'est pas exactement là qu'on habite, il nous dit alors être allé plusieurs fois à Paris en TGV et visiblement le TGV l'a profondément marqué, nous n'en serons pas beaucoup plus (probablement qu'un tel train est très exotique pour un américain habitué aux vols internes).

La fatigue de la journée commence à se faire ressentir, nous rentrons donc à notre hôtel pour une bonne nuit de sommeil réparatrice.

[Joelle01500]

Magnifique ! merci beaucoup pour le récit vivant et intéressant, on dévore les lignes! Merci pour ces belles photos. La voiture rouge est splendide.

[tomguiss]

Magnifique, quelle belle journée !
J'adore l'ambiance des vieux saloon western comme celui-ci !

[luke06]

Waouuuu que c'est bon de lire ce carnet. Par contre c'est un privilege de pouvoir mettre plus de 6 photos par postes :P

[Legibus]

Magnifiques photos des Badlands
Et cette ambiance western à Deadwood...

Hé hé, pas facile le parcours aventure, y a pas de harnais et de poulies en cas de faux pas

[Warrik]

J'ai de la chimie à répéter, mais j'ai pas pu m'empêcher de dévorer cette nouvelle étape... faut dire que l'écriture est quelque centaine de fois plus fluide et intéressante que celle de mon livre de chimie :P !

Je vois pourquoi tu me conseillais les Badlands, ça a l'air bien sympa... et j'ai bien envie d'aller défier l'échelle :P !

Merci pour cette nouvelle étape en tout cas .

[zaius]

Moi y'a longtemps que le sport m'a laissé tombée, mais toi tu n'auras aucun mal avec l'échelle Warrik !

@Luke : Un privilège ? Euh... bin non, je les réduis juste afin de pouvoir en mettre plus.

Hé hé, pas facile le parcours aventure, y a pas de harnais et de poulies en cas de faux pas

Ca nous aura laissé un souvenir impérissable, désormais à chaque fois qu'on voit une échelle, on est mort de rire.

J'adore l'ambiance des vieux saloon western comme celui-ci !

Je crois que plus globalement, tu devrais aimer la région.