Tout le monde a autant besoin de beauté que de pain, de lieux de détente et de prière, où la nature met du baume au cœur, apporte de la joie et ragaillardit le corps et l’âme.
John Muir, écrivain et naturaliste américain (1838-1914)
Nul doute que la définition de ce qu’on appelle communément « les parcs américains » colle parfaitement à cette vision ! Pour autant, pour un pays comme les États-Unis riche de plusieurs centaines de parcs naturels, cette appellation générique recouvre différentes réalités et subtilités qui peuvent sembler difficiles à appréhender et maîtriser.
Un exemple ? le National Park Service, organisme fédéral qui gère les Parcs et Sites nationaux, utilise pas moins d’une vingtaine d’appellations différentes ! De quoi y perdre son latin…
Les parcs naturels américains, c’est quoi ? Comment et par qui sont-ils administrés et gérés ? Que proposent-ils en terme d’accès, de commodités et de services ? Quels sont ceux qui acceptent le pass America The Beautiful ? Décryptage…
Les sites naturels nationaux
Au total, ce sont près de 400 sites qui couvrent 340.000 km2 et représentent plus de 3 % du territoire des États-Unis. Cet ensemble constitue le National Park System.
Les National Parks
A tout seigneur, tout honneur !
Au nombre de 62, ces parcs emblématiques sont répartis sur 27 États.
Ce sont les seuls à être créés par un vote du Congrès des États-Unis. Le plus ancien l’a été en 1872 (Yellowstone). Le plus récent a été créé le 20 décembre 2019 : White Sands National Park au Nouveau-Mexique.
- Avec 9 parcs, la Californie est l’État le mieux doté, suivi de près par l’Alaska (8 parcs).
- L’Alaska possède également le plus grand parc : « Wrangell-St.Elias » dont la superficie dépasse 50.000 km2.
- C’est en Arkansas que se situe le plus petit : « Hot Springs » (le seul en zone urbaine) ne fait que 22 km2.
- 14 de ces parcs sont classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
- Le « Great Smoky Mountains » situé au Tennessee et en Caroline du Nord, classé au Patrimoine mondial et faisant partie de la réserve de biosphère des Appalaches du sud est le parc qui accueille le plus de visiteurs : en moyenne 9 millions chaque année.

Les autres sites nationaux
- 117 Monuments Nationaux (National Monuments) comme « Bandelier National Monument » au Nouveau-Mexique.
- 20 Zones de Préservation (National Preserves and Reserves) comme « Glacier Bay » en Alaska.
- 46 Parcs Nationaux Historiques (National Historical Parks – National Historic Sites) comme le « Fort Laramie » dans le Wyoming. Ce sont des sites classés en raison de leur intérêt historique.
- 24 Champs de batailles constitués en parcs (National Battelfield Parks) comme le « Little Bighorn Battlefield NM » dans le Montana.
- Des Mémoriaux (National Mmorial comme le Mount Rushmore), des National Conservation Areas (comme le Red Rock Canyon), des Parcs militaires, des Zones Littorales, des Cimetières Nationaux, des Lacs et cours d’eau…
Mis à part leur processus de création (vote du Congrès pour les Parcs Nationaux -signature d’un décret par le Président des États-Unis pour les Monuments Nationaux), il n’y a pas de différences fondamentales entre les Parcs Nationaux et autres Sites Nationaux. La signature d’un décret permet une extrême réactivité contrairement au processus de vote par le Congrès.
A noter qu’à l’intérieur des parcs, seules les zones identifiées comme « wilderness areas » sont assurées de ne pas subir d’interventions humaines.
Qui gère ces sites nationaux ?
Le National Park Service
Tous ces sites naturels nationaux ont la particularité d’être gérés par le National Park Service (NPS). Il s’agit d’une agence fédérale américaine. Elle dépend du Secrétariat d’État à l’Intérieur (US Department of the Interior).

La réglementation, assez stricte, est sous la responsabilité de la police du NPS. Les infractions peuvent être lourdement sanctionnées (jusqu’à plusieurs milliers de $).
Les Rangers, fonctionnaires qui accueillent le public et entretiennent les parcs, sont facilement reconnaissables grâce à leur uniforme, mais surtout leur célèbre chapeau !

Commodités
Même si les parcs sont « bruts de nature », on est aux États-Unis et on trouve à l’intérieur toutes les commodités possibles !
- Les accès sont ouverts au plus grand nombre, y compris pour les personnes à mobilité réduite.
- Chaque site dispose d’au moins un « Visitor Center » dans lequel des rangers accueillent le public, l’informent, lui remettent plans et documentation. C’est aussi une boutique qui propose des articles à l’effigie du parc, des boissons, cartes postales, livres… Le plus souvent, les Visitor Centers disposent d’une zone « musée /exposition » très bien faite sur l’histoire, la faune, la flore et la géologie du parc.
- Logements (cabins), campings et parkings pour camping-cars sont le plus souvent disponibles mais nécessitent lors des périodes de forte affluence de réserver très longtemps à l’avance (parfois un an et plus !).
- Les points de vue sont tous parfaitement équipés et accessibles sans difficultés. Les américains n’aiment pas trop marcher !
- Afin de limiter le trafic automobile, certains parcs ont mis en place un système de navettes qui peut être obligatoire (Zion notamment sur certains secteurs).
D’autres Administrations Fédérales ont en gestion certaines zones naturelles spécifiques :
L’USDA Forest Service (Service National des forêts)
L’USDA Forest Service est une agence du Département de l’Agriculture. Elle gère les 155 forêts nationales du pays. Leur superficie représente environ 8 % du territoire national. Ce sont des rangers qui veillent à l’entretien des sentiers, patrouillent, gèrent la vie sauvage et la nature en général. Le camping y est souvent autorisé.
- Exemple de forêt gérée par l’USDA Forest Service : la « Tonto National Forest » sur l’Apache Trail en Arizona.
L’US Fish and Wildlife Service (Service National de la pêche et de la faune)
Le United States Fish and Wildlife Service est un organisme fédéral dépendant du Département de l’Intérieur des États-Unis. Sa mission principale est de gérer et préserver la faune ainsi que les zones humides. Il gère par ailleurs plus de 500 « National Wildlife Refuges ».
- Exemple de parc géré par l’US Fish and Wildlife Service : « Rose Atoll Marine National Monument » situé dans les îles Samoa américaines. Il a été créé en janvier 2009 par le Président Obama et protège 35 000 km2 de l’Océan Pacifique autour des îles Samoa.
Le Bureau of Land Management
Le Bureau of Land Management ou BLM est une agence fédérale qui dépend du Département de l’Intérieur des États-Unis. Elle gère les terrains publics (plus de 1 million de km2) en visant à les préserver pour les générations futures. Le camping y est souvent autorisé (se renseigner directement sur le site web du BLM, chaque état a son propre site).
Certaines de ces terres portent des parcs, y compris des parcs nationaux. A ce titre, le BLM propose des activités touristiques et de loisirs aux visiteurs qui fréquentent les parcs en question.
L’accès à l’ensemble des sites gérés par ces administrations est généralement gratuit. Pour ceux dont l’entrée est payante, le pass « America the Beautiful » est accepté.
- Exemple de site naturel géré par le BLM : les « Alabama Hills » en Californie.
Prix d’accès aux parcs
Sur les 400 sites nationaux, environ 120 d’entre eux ont un accès payant (de 3 à 30 $ – source 2017). Tous les autres sont gratuits toute l’année.
Lorsque le séjour comprend la visite de plusieurs Parcs ou Sites Nationaux, il est préférable de se procurer l’Interagency Annual Pass (également appelé America the Beautiful). Ce pass donne accès à plus de 2 000 sites pour un véhicule et 4 occupants au maximum. Le prix (80 $) est très vite amorti. Le pass est valide 12 mois. On peut se le procurer à l’entrée des parcs.
Certains jours de l’année, les parcs nationaux offrent des jours ou des fins de semaines avec entrée gratuite qui peuvent être combinés avec certaines journées fériées comme par exemple la fête du travail ou la fête de l’indépendance.
Voici le Calendrier 2018 des dates où l’accès aux parcs payants est gratuit :
- 15 janvier : Martin Luther King Jr. Day
- 21 avril : First day of National Park Week
- 22 septembre : National Public Lands Day
- 11 novembre : Veterans Day
Les State Parks
Les USA étant une mosaïque d’États, chacun d’eux à la possibilité de reconnaître et de créer des parcs sur décision de son Gouverneur.
On parle alors de « State Park », comme celui de “Dead Horse Point” en Utah. Il en existe plusieurs centaines aux États-Unis (23 rien que dans l’État de l’Alabama). Ceux de Californie sont gérés par le “California Department of Parks and Recreation”.

Ils ont un fonctionnement proche d’un parc national, mais sont gérés en direct par l’État en question. A ce titre, le pass annuel « America The Beautiful » n’est pas accepté pour acquitter leur droit d’entrée. Celui-ci est fixé librement par l’État concerné.
S’agissant des prestations proposées, elles sont très hétérogènes d’un parc à l’autre. Elles dépendent notamment de la notoriété du Parc, de l’affluence… et des moyens alloués par l’État !
Quelques exemples :
- Valley of Fire SP (Nevada) : entrée payante (10 $/véhicule), Visitor Center, aires de pique-nique, campings avec BB et douches.
- Goosenecks SP (Utah) : entrée payante (5 $/véhicule), table de pique-nique, camping primitif et toilettes sèches.
- Lake Havazu SP (Arizona) : entrée payante (20 $/véhicule), Visitor Center, plages, terrain de camping offrant tout le confort (connexions électriques, douches, toilettes, tables de pique-nique…), jetées pour appontage des bateaux…
Les Tribal Parks
Certains secteurs du territoire américain sont constitués de réserves indiennes. On y trouve de nombreux parcs que les Indiens ont en charge de protéger et d’administrer.
Monument Valley par exemple, se trouve sur la plus vaste réserve indienne des États-Unis, celle des Navajos qui ont en charge la gestion du parc depuis 1958.

Celui-ci à toute l’apparence d’un Parc National, tant au niveau de son accueil (Visitor Center) que des prestations proposées (un hôtel, “The View”, jouxte le Visitor Center) mais le prix d’entrée est acquitté auprès des Indiens. A ce titre, le pass annuel « America The Beautiful » n’est pas accepté. D’ailleurs, sachez qu’il n’existe aucun pass donnant accès à l’ensemble des parcs tribaux.
Comme pour les State Parks, les commodités et prestations proposées sont très hétérogènes d’un parc à l’autre : du grand luxe à Monument Valley au plus rustique à Havasupai !
Dans un prochain article, nous nous pencherons sur la merveilleuse aventure des parcs américains, des menaces qui pèsent sur ces espaces fragiles et sur notre responsabilité pour les génération futures…
- Auteur : Walker73
- Photos : Bruno, Casper84, Legibus, Walker73
8 Commentaires. En écrire un nouveau
Je suis profondément choquée d’apprendre que l’accès à des parcs naturels peut être payant ! Je n’aurais jamais imaginé que cela puisse exister !? C’est une marchandisation mafieuse de la nature. Ce ne sont pas les hommes qui ont bâtit ces merveilles naturelles ! La Terre n’est pas à vendre, cela m’attriste profondément…
Bonjour,
Merci tout d’abord d’avoir pris le temps de parcourir cet article qui avait pour but de préciser, pour les amoureux de ces merveilles naturelles, leur fonctionnement qui peut sembler complexe.
Bien entendu, ce ne sont pas les hommes qui sont à l’origine de ces merveilles … Pour autant, et comme pour toutes les autres ressources naturelles, les hommes ont une énorme responsabilité, c’est de transmettre celles-ci aux générations futures en veillant à ce qu’elles restent dans le meilleur état de préservation possible.
Le choix a été fait de concilier cet objectif (en sanctuarisant ces monuments) tout en donnant la possibilité au plus grand nombre de les visiter dans les meilleures conditions possibles : accueil des personnes à mobilité réduite, accueil de très grande qualité dans les Visitors Centers, dévouement extrême des Rangers, entretien minutieux des sentiers, fonctionnement des navettes dans les parcs n’autorisant pas la circulation automobile, surveillance et protection de la vie sauvage … Voilà quelques exemples des missions dévolues « aux hommes » !
Ce choix a un coût supporté en partie par les visiteurs. Je peux vous assurer qu’il n’y a rien de mercantile là dedans ! Les recettes des entrées ne couvre qu’une partie seulement des frais engendrés ; ce sont les Etats (state parks) ou le gouvernement fédéral (National parks) qui abondent les budgets nécessaires à l’équilibre global. Pour les « Tribal Parks », c’est une des seules ressources pour les Indiens qui en ont la responsabilité.
Ce point est d’autant plus sensible actuellement que le gouvernement fédéral remet profondément en cause le statut de ces parcs (il veut redonner ces terres vierges aux exploiteurs de ressources en tous genres !) et tente par ailleurs de couper drastiquement dans les budgets alloués, au risque de déséquilibrer gravement ce fragile équilibre …
J’espère que ces quelques précisions vous permettront de voir d’un œil positif ce que les hommes de bonne volonté ont patiemment mis en œuvre pour transmettre ces merveilles aux générations à venir !
Bonjour,
Un grand merci pour votre réponse, mais je demeure choquée par cette vision et ne veux l’accepter. Lorsqu’on demande au humains de donner de l’argent pour un service, cela transforme subtilement leur jugement. Ce parc, cet espace terrestre naturel, devient dans leur tête, de manière subtile, un bien de consommation comme un autre. J’ai très peur qu’une telle pratique se généralise. Je pratique très souvent la randonnée, et ce qui m’attire vraiment dans la nature c’est justement l’éloignement de la société. C’est oublier l’argent, le consumérisme, être loin de tout, redevenir un être vivant sur une planète vivante. Quand je vois les entrées ce ces parcs, pour moi cela reste un espace géré par l’homme qui perd toute sa liberté. Ce n’est selon moi pas du tout la bonne façon de procéder. On peut très bien imaginer prélever directement à partir des impôts la somme nécessaire sans devoir « acheter un ticket » pour entrer dans un parc. Si tout le monde participe l’effort sera ridicule pour chacun car tous les américains ne vont pas tous les jours dans des parcs. N’ayant pas les moyens et vivant selon le principe du minimalisme, ce prix à payer pour accéder aux parc nous apparaît comme une confiscation de la nature.
Je prie pour qu’un tel système aussi généralisé qu’aux USA ne soit JAMAIS mis en place en Europe car alors je refuserai d’y participer, et mes amis également. Je veux bien aider à la préservation, mais SURTOUT PAS de cette façon qui relègue un espace naturel superbe et libre au rang de vulgaire monument humain géré et payant. Je ne suis pas la seule à penser cela. Et nous pensons qu’il faut s’attaquer à la racine du problème, éduquer les jeunes à aimer la nature, la respecter, en leur faisant prendre conscience de la planète sur laquelle ils vivent (et surtout pas à travers des yeux de consommateurs). Je ne remet pas en cause le dévouement individuel des rangers, mais le système entier.
Ces infrastructures ont un coût écologique ? Franchement la Terre se porterait mieux sans parcs gérés, avec tout ce que cela implique (consommation de matières premières, de carburant,… ). Il suffit de faire des lois pour interdire d’y construire, et d’éduquer les gens, voilà à quoi cet argent devrait être investi ! Et arrêter de nous vendre sans arrêt dans les médias, dans les pubs, une image consumériste, car le mal vient de là, mais les politiques ne s’attaquent jamais aux publicitaires et industriels qui financent leurs campagnes…. ils font payer les citoyens pour les culpabiliser de consommer !
Les industriels et les plus riches polluent à tout va, produisent des gadgets pour la plupart inutiles ou vérolés par l’obsolescence programmée, déversent bien souvent leurs déchets directement dans la nature, et nous les humains nous aurions à peine le droit de parcourir la nature, et encore en payant !?
Si les gens ne respectent pas la nature c’est qu’ils ont le sentiment de vivre dans une société bâtie par les humains, et que finalement la Terre existe mais ne participe pas vraiment à leur survie.. et qu’il faut juste la préserver comme un musée..
Je n’irai jamais dans aucun de ces parcs payants aux états unis.
C’est une honte que cela existe… payer pour avoir le droit d’aller dans un milieu naturel… ça ressemble à une dictature.
Merci de m’avoir répondu et j’espère que vous comprendrez aussi notre point de vue.
Même s’il dépeint une triste réalité, votre blog est très bien réalisé et donne des infos utiles et précises.
Bien sincèrement,
Rachel
Bonjour,
Tout d’abord, je vous remercie pour vos compliments sur le blog ; c’est un vrai encouragement !
S’agissant de vos remarques sur le fond, j’ai bien compris votre point de vue, même si je ne le partage pas. Pourquoi ?
Je ne suis pas certain que l’argent « pervertisse » tout et il est facile de démontrer l’inverse ; je pense notamment à une ressource naturelle en danger : l’eau qui est abondamment gaspillée si elle est délivrée gratuitement … Où est le pervertissement dans ce cas ?
L’éducation et la prévention sont nécessaires comme vous le soulignez ; mais il est illusoire de penser que tout le monde est sur une trajectoire vertueuse. Il est indispensable, en plus d’éduquer et de prévenir, de responsabiliser tous les acteurs et le fait de participer financièrement, même modestement, en est une représentation.
Vous dites qu’il faut prélever les coûts d’investissement et de fonctionnement sur l’impôt ? C’est déjà partiellement le cas (cf ma précédente réponse), mais personnellement je trouve que faire peser tous les coûts sur l’impôt a au moins deux inconvénients majeurs :
– déresponsabiliser tout le monde en donnant l’impression que tout est gratuit
– Utiliser des ressources qui pourraient être affectées à d’autres domaines plus prioritaires (santé, éducation, …)
Vous parlez de lois pour interdire de faire certaines choses dans les parcs … N’oubliez pas qu’on est aux USA, le pays de la libre entreprise ! Si ces parcs n’étaient pas en secteurs sauvegardés, il y a belle lurette que ces espaces vierges auraient été détruits par des rapaces en tout genre qui ne sont intéressés que par les ressources naturelles qu’ils renferment. Le but de l’administration actuelle est bel et bien de tenter d’y parvenir malheureusement. Espérons que ce n’est qu’un mauvais rêve !
Enfin, vous dites que vous aimez randonner dans des espaces vierges, libre de toute contrainte. C’est très bien et beaucoup vous envient ! Ceci étant, si vous avez la chance de le faire ce n’est pas forcément le cas de tout le monde ; je pense notamment aux personnes à mobilité réduite, aux personnes âgées, etc… C’est grâce aux infrastructures mises en place que ces espaces merveilleux sont ouverts au plus grand nombre et ce dans le strict respect de la nature.
Quelques chiffres pour terminer :
– Sur plus de 400 sites nationaux, seulement 120 ont une entrée payante ; tous les autres sont entièrement gratuits.
– La carte d’entrée (Pass america) coûte 80 $ par an (pour un véhicule avec au maximum 4 personnes à l’intérieur). Ce pass permet ainsi d’accéder à plus de 2000 aires fédérales. Avouez que le coût par personne reste très modeste sur une année.
Nous voilà donc avec deux visions du monde ! Je trouve personnellement que c’est très intéressant d’échanger de façon constructive. Dans tous les cas, je vous remercie à nouveau pour votre intérêt sur ces sujets.
Bonjour,
Désolée mais vous ne m’avez pas convaincu (et aucun argument ne pourra me faire changer d’avis). L’eau est un mauvais exemple, elle n’est certes pas gratuite, mais celle que nous avons au robinet provient d’usines de traitement, elle a été purifiée, vérifiée, passe par une tuyauterie qu’il faut entretenir, etc. Par contre je m’attendrai à ce que l’eau que je boirais directement à une source soit gratuite car dans ce cas autant faire payer aussi les animaux 😉
Que l’on paye des infrastructures lorsqu’on en profite (exemple payer pour avoir un emplacement de camping, pour une attraction, pour un hôtel), je comprends parfaitement, il s’agit d’une construction humaine, mais payer pour avoir accès à un site naturel, quand bien même quelques sentiers auraient été tracés, je ne vois pas… C’est une porte ouverte à tous les excès car la tendance sur Terre est d’avoir toujours plus de sites payants de ce genre, toujours plus de restriction, pendant que les plus riches et influents bousillent toujours plus la nature et qu’on a pas notre mot à dire.
Ces contraintes font finalement fuir les gens qui ont réellement à cœur de préserver en dehors de toute notion d’argent, et qui comme moi, ne donneront jamais un centime pour ce genre d’attraction à touristes. Car c’est ce en quoi cela transforme ces espaces naturels lorsqu’il faut un ticket d’entrée pour avoir simplement le droit de s’y rendre.
Alors oui, nous n’avons pas d’immenses espaces naturels en France, comme c’est le cas aux USA, oui il y a toujours des villages, des constructions humaines guère très loin, mais au moins ce n’est pas payant. Et les Alpes offrent quand même un formidable espace pour la randonnée, sans devoir prendre un ticket !
Faire payer pour un espace naturel, c’est bien faire comprendre aux humains qu’ils ne sont pas chez eux sur cette planète, qui, par contre, appartient aux autorités compétentes. Attention, je dis « chez eux » dans le même sens que les animaux, c’est à dire pas dans le sens ou l’humain peut tout polluer parce que la Terre lui appartient, mais dans le sens ou c’est l’humain qui appartient à cet environnement.
C’est du racket et désolée je n’ai pas d’autre mots. C’est au contraire éloigner l’humain d’un environnement qui pourtant ne devrait faire qu’un avec lui (sans la barrière d’un ticket d’entrée !). Il ne me semble pas que la Terre appartienne aux humains, pourtant certains nous la volent, avec des motivations parfois faussement « pavées de bonnes intentions », pour nous la vendre en nous ventant l’écologie. L’écologie a bon dos, surtout quand se pointent les intérêts financier et les possibilités de contraindre le peuple à payer en le culpabilisant de polluer !
« – déresponsabiliser tout le monde en donnant l’impression que tout est gratuit »
Tout n’est pas gratuit ! on paye déjà chèrement notre vie dans la société, par le travail qu’on fournit, et par l’argent qu’on lui rend ne serait-ce que pour vivre : manger boire et se loger (ce qui est vital pour l’humain et représente la plus grosse dépense sur une paye).
Mais dans ce cas, sur le même principe, faisons donc payer l’air que l’on respire, le soleil dont on profite, la mer quand on s’y baigne ?! Histoire de responsabiliser et qu’il n’y ait plus que les riches qui en profitent (les pauvres n’auront même plus la nature gratuite pour se vider l’esprit et fuir la société de consommation)…
De plus, 80$ (environ 65 €) ce n’est pas négligeable, quand on vit à deux sur un SMIC et que cela rajouterai 130 euros à l’année (car véhicule chaque personne doit payer individuellement) pour rien (pas pour payer un transport ou un camping, qu’il faut payer en plus) ! Les gens qui se contentent de peu (très peu), qui ont choisi ce mode de vie car ils répugnent à utiliser leur argent et à consommer, et justement gaspillent peu les ressources, sont exclus de ce système, ce qui ne va clairement pas dans le bon sens.
Ces lieux seraient restés bien plus grands s’ils étaient restés « anonymes » sans qu’un quelconque parc en vante la beauté et les mérites (et ne construise tous ces musées, hôtels et structures touristiques), avec juste une loi pour ne rien construire, ils auraient bien davantage gardés leur charme et leur liberté, et n’auraient de toute façon pas attiré les foules de touristes mais juste les vrais randonneurs aguerris (vue le milieu naturel et ses difficultés). De plus, lors de la création de certains parcs, des habitants ont été déplacés de force (exemple : au Yellowstone avec le déplacement forcé des amérindiens Tukadika en 1882).
Entre parenthèse, ces parcs sont en train d’être vendus aux « marchands du temple » en ce moment, avec un tarif d’entrée qui risque de grimper en flèche à cause du désengagement des finances publiques, et une mainmise des multinationales. Franchement, faire payer les gens sois disant pour protéger (et surtout gérer !) si c’est pour en arriver là, je ne vois pas la contrepartie positive…
Promis, je ne vous embête plus après ce long message 😉
Je vous souhaite une très bonne continuation car, malgré nos avis divergents, je vois bien que cela part d’un bon sentiment, mais que vous ne voyez pas les chose avec les yeux d’une personne qui a fait un long chemin pour sortir de l’esprit consumériste.
Bien sincèrement,
Rachel
Bonjour Rachel,
Tout d’abord, je tiens à vous rassurer : vous ne m’embêtez pas ! Il est toujours intéressant d’échanger et encore plus si nous avons des avis qui divergent !
Bon, il faut bien avouer que nous divergeons beaucoup ! Même si je ne suis pas dupe de ce qui se passe dans le monde avec l’hyper libéralisation et financiarisation avec toutes les catastrophes économiques, sociales et environnementales qu’elles induisent, j’ai un avis nettement plus nuancé que le vôtre. Tout ne me semble pas aussi noir que vous le dépeignez et mon indécrottable optimiste me fait voir le verre plutôt à moitié plein ! J’ai confiance en la nature humaine et je sais qu’au bout du compte ce sont les gens de bonne volonté qui font avancer les choses dans le bon sens.
Quelques précisions pour terminer :
– Vous parlez des Alpes comme un formidable espace naturel gratuit : je connais d’autant mieux que j’y vis et que je profite assidûment de ses sentiers ! Sachez qu’aux Etats Unis les montagnes des Rocheuses et de la Sierra Nevada (entre autres) offrent les mêmes espaces et les mêmes possibilités … gratuitement également !
– Enfin, s’agissant du pass america, le prix à payer est de 80 $ pour une voiture et ses 4 occupants (maximum) et ce pour une année. Chaque occupant ne doit pas payer en plus individuellement.
Voilà, j’ai été ravi de ces échanges qui nous auront permis de confronter deux visions. Je vous souhaite une très belle journée
Bien cordialement,
Walker
Bonjour,
Walker a déjà répondu concernant le prix du pass, il s’agit bien de 80 $ pour une année complète et pour 4 personnes adultes voyageant ensemble (les enfants en dessous de 16 ans ne payent pas). Vous parliez plus haut du financement par les impôts, c’est déjà la cas car les entrées des parcs nationaux ne participent qu’à hauteur de 10 % du financement du National Park Service. Le pass finance les cartes, les journaux des parcs, les brochures, les Visitor Centers (éducation, pédagogie, prévention via des films, des conférences, des randonnées guidées dans des secteurs reculés des parcs, programme des junior rangers, accueil des groupes d’écoliers, etc… ).
Rebonjour,
Merci également pour cet échange enrichissant 😉
Je vous souhaite une belle journée également et de très bonnes randonnées à venir !
Bien à vous,
Rachel